Dans certaines villes dévastées et ensevelies sous la neige, aucune aide, aucun secours n’était parvenu deux jours après le séisme meurtrier.
Le bilan du séisme qui a frappé la Turquie et la Syrie ne cesse de s’alourdir et dépassait ce jeudi 9 février les 17 100 morts, les chances de survie s’amenuisant deux jours après la catastrophe, et la montée des critiques en Turquie a contraint le président turc Recep Tayyip Erdogan à reconnaître des lacunes dans la réaction du gouvernement.
Twitter est devenu inaccessible sur les principaux fournisseurs de téléphonie mobile turcs, sur fond de multiplication des critiques en ligne de la gestion de cette tragédie par les autorités.
Sur le terrain, les sauveteurs travaillent par un froid glacial depuis deux jours, après le tremblement de terre de magnitude 7,8 qui a secoué lundi 6 février à l’aube le sud-est de la Turquie et le nord de la Syrie voisine, suivi de puissantes répliques.
En visite à Gaziantep, une des villes turques sinistrées, le président Recep Tayyip Erdogan a donné le nombre de 14 014 morts et de plus de 60 000 blessés pour la seule Turquie, tandis que 3 162 personnes ont trouvé la mort en Syrie selon les derniers bilans officiels.
« Antakya est finie »
Le mauvais temps complique la tâche des secours alors que les 72 premières heures sont cruciales pour retrouver des survivants, selon le responsable du Croissant rouge turc, Kerem Kinik.
Dans une province turque d’Hatay (sud), durement frappée par le séisme, des enfants et des adolescents ont été retirés des décombres d’un immeuble. « Tout à coup nous avons entendu des voix et grâce à l’excavatrice (…) nous avons tout de suite pu entendre trois personnes à la fois », raconte l’un des secouristes, Alperen Cetinkayanous.
Dans cette province, la ville d’Antakya (l’Antioche antique) est en ruines, noyée dans un épais nuage de poussière due aux engins de déblaiement qui fouillent les décombres.
« Antakya est finie », répètent des habitants. À perte de vue, ce ne sont qu’immeubles totalement ou partiellement effondrés. Même ceux qui tiennent encore sont profondément lézardés et personne n’ose y rester. Le comptage global officiel des victimes atteint plus de 16 000 morts.
Des villes toujours sans aide des secours
La Turquie déplore officiellement au moins 14 014 morts. Il s’agit du pire bilan depuis le séisme de 1999, d’une magnitude de 7,4 et qui avait fait 17 000 morts dont un millier à Istanbul.
À l’épicentre du tremblement de terre, à Kahramanmaras, une ville de plus d’un million d’habitants dévastée et ensevelie sous la neige, aucune aide, aucun secours n’était parvenu mardi.
« Où est l’État ? Où est-il ? (…) Ça fait deux jours et on n’a vu personne. (…) Les enfants sont morts de froid », s’insurgeait Ali, qui espérait encore revoir son frère et son neveu, piégés dans les ruines de leur immeuble.
À Adiyaman, une autre ville du sud de la Turquie, il n’y a toujours pas de secouriste ni d’engins dans certaines zones sinistrées. Les volontaires font de leur mieux mais la colère monte dans la population.
« Impossible d’être préparé à un désastre pareil », selon Erdogan
« Bien sûr, qu’il y a des lacunes, il est impossible d’être préparé à un désastre pareil », a plaidé mercredi le président Recep Tayyip Erdogan, qui s’est rendu dans la province d’Hatay, à la frontière syrienne.
« Quelques personnes malhonnêtes et déshonorantes ont publié de fausses déclarations telles que “nous n’avons pas vu de soldats ni de policiers” », a-t-il dénoncé.