France
Patrimoine – « Touche pas à mon château »: le combat d’un village, victime d’une imposture
« Touche pas à mon château »: un village de carte postale de la Bourgogne viticole se mobilise pour sauver sa forteresse néo-gothique du XIIe siècle, redoutant la fermeture définitive au public suite à une rocambolesque affaire de blanchiment d’argent en Ukraine.
« Non au démantèlement du château »; « La Rochepot mobilisé contre la vente »; « Touche pas à mon château »… Sur de vieux draps ou des cartons défraîchis, les slogans accueillent les visiteurs qui franchissent le pont-levis de la magnifique structure aux tuiles vernissées de La Rochepot (Côte-d’Or).
Fermé depuis trois ans à la suite de l’arrestation pour blanchiment de son propriétaire présumé, le château perché sur un piton rocheux a rouvert brièvement afin de présenter son mobilier qui sera mis dimanche aux enchères à Beaune: des armures jusqu’aux chaudrons en cuivre, en passant par le service Baccarat.
Pour le village, cette dispersion condamne un site qui a accueilli jusqu’à plus de 20.000 visiteurs par an, une manne pour les quelque 300 habitants.
« Tous mes clients sont là pour visiter le château », résume Véronique Fouquerand, viticultrice et propriétaire de chambres d’hôtes dans le village. « C’est une catastrophe ».
« La Rochepot vidé de ses entrailles ne sera plus La Rochepot », déplore Romuald Pouleau, ancien gardien du château et initiateur d’une pétition qui a recueilli près de 3.000 signatures. Selon lui, le village est le « dommage collatéral » d’une affaire qui le dépasse.
En 2015, les habitants poussent un ouf de soulagement quand « leur » château trouve enfin preneur après être resté en vente trois ans. Sa propriétaire, l’héritière de l’ex-président Sadi Carnot, avait posé comme condition à la vente le « respect total » des lieux.
Or, c’est justement ce que disent vouloir les investisseurs qui rachètent le château 3 millions d’euros. « Tout le monde y a cru », se souvient Romuald Pouleau. « Ils avaient un projet magnifique. Et ils disaient que l’argent n’était pas un problème », raconte-t-il.
Défunt ressuscité
Mais les propriétaires restent nimbés de mystère: le château est géré par une Ukrainienne domiciliée en Lituanie et un Moldave qui agit pour une société au Luxembourg. Au village, apparaît parfois un Ukrainien qui parle de « son » château mais préfère qu’on l’appelle « Monsieur » plutôt que de donner son nom.
En décembre 2017, le quotidien local Le Bien Public révèle qu’en fait, les artisans engagés pour le « magnifique projet » n’ont jamais été payés.
Alertée, Europol découvre que ce « Monsieur » est un « fugitif de haut vol » qui s’était fait passer pour mort en 2014 pour « échapper à la justice » de son pays. Le défunt ressuscité, Dmitri Malinovsky, a fraudé « plus de 12 millions d’euros », selon le parquet de Kiev.
Le 5 octobre 2018, les gendarmes l’arrêtent en « son » château. Depuis, il est en prison à Nancy, où on saura « dans les prochains mois » si un procès a lieu, vraisemblablement « au premier semestre 2022 », a indiqué Vincent Legaut, vice-procureur à Nancy. L’Ukrainien ne souhaite pas faire de commentaire, selon son avocat, Benoît Diry.
En attendant, le château reste fermé et ses meubles vendus. « C’est une grande perte », estime la maire Véronique Richer.
« Cette mutilation irrémédiable scelle peut-être la réorientation vers un futur usage résidentiel », avertit Siegfried Boulard-Gervaise, spécialisé dans la réhabilitation de châteaux et qui avait déjà fait part de son intérêt pour La Rochepot.
La maire a demandé, en vain, le report de la vente, une démarche soutenue par Alain Suguenot, président LR de la Communauté d’agglomération, et le député local LREM Didier Paris: « la vente me paraît, sinon porter un coup fatal, du moins retirer une partie de l’attrait du château », juge-t-il.
Mais « l’affaire est entre les mains de la justice », rappelle François Sauvadet, président UDI du département.
Les habitants du village ont reçu le soutien surprise d’Olga Kiselova, ex-compagne de Dmitri Malinovsky également mise en examen. La vente des meubles est « une grande erreur (qui va) détruire le potentiel de ce lieu », estime-t-elle.
Mme Kiselova est la vraie propriétaire des lieux, selon ses avocats, Sinem Paksut et Stéphane Bonifassi. Dmitri Malinovsky n’était que « chargé de la gestion du bien ». « Et cette mauvaise gestion a donné lieu à la liquidation judiciaire qui vaut aujourd’hui la cession du mobilier », soutient Me Paksut.
Économie
Ryanair menace d’arrêter de desservir dix aéroports régionaux français
En réponse à une hausse de la taxation aérienne, Ryanair envisage de réduire sa présence dans les régions françaises dès janvier 2025.
Face à la perspective d’une augmentation significative de la taxation du secteur aérien inscrite dans le budget 2025, la compagnie aérienne low-cost Ryanair a publiquement menacé de cesser ses opérations dans dix aéroports régionaux français. Cette décision, si elle est mise à exécution, pourrait avoir des répercussions importantes sur la connectivité aérienne des régions françaises, déjà fragilisées par des défis économiques et concurrentiels.
Le gouvernement, dans une tentative de combler un déficit budgétaire plus élevé que prévu, propose un triplement de la taxe de solidarité sur les billets d’avion (TSBA) et une augmentation de la taxation des passagers de jets privés, visant à collecter un milliard d’euros supplémentaires. Cette mesure, bien que destinée à renforcer les finances publiques, pourrait entraîner une réduction drastique des services aériens dans les régions, selon Jason McGuinness, directeur commercial de Ryanair. Il a souligné que cette augmentation des taxes rendrait de nombreuses routes non viables économiquement, affectant particulièrement les zones rurales et moins desservies.
Ryanair, qui dessert actuellement 22 aéroports en France, dont deux près de Paris, envisage de réduire sa capacité de 50% dans les aéroports régionaux si le projet de taxation se concrétise. Cette menace n’est pas isolée; le PDG de Ryanair, Michael O’Leary, avait déjà indiqué des réductions de capacités en France et en Allemagne en réponse à des politiques fiscales similaires.
La compagnie aérienne, déjà confrontée à des défis opérationnels tels que des retards de livraison d’appareils et une demande en baisse, considère que l’augmentation de la TSBA représente un « problème fondamental pour la connectivité des régions françaises ». McGuinness a souligné l’intense concurrence entre les aéroports européens pour attirer des lignes aériennes, indiquant que Ryanair orienterait ses ressources vers les régions et pays offrant des conditions fiscales plus favorables.
Les impacts potentiels de cette réduction de service ne sont pas seulement économiques pour les régions concernées, mais également culturels et sociaux, en isolant davantage des territoires déjà en marge. La Fédération nationale de l’aviation et de ses métiers (Fnam) a également mis en garde contre une baisse du trafic aérien pouvant atteindre 2% sur l’ensemble du territoire, avec des conséquences encore plus marquées pour les aéroports accueillant des compagnies à bas coûts.
France
Procès de Pierre Palmade : l’humoriste condamné à cinq de prison, dont deux ferme
L’humoriste Pierre Palmade a été condamné à cinq ans de prison, dont deux ans ferme, pour avoir provoqué un grave accident de la route sous l’emprise de stupéfiants.
Le 20 novembre, le tribunal de justice de Melun a rendu son verdict dans l’affaire impliquant Pierre Palmade, condamnant l’humoriste à cinq ans de prison, dont deux ans ferme, pour « blessures involontaires aggravées ». L’accident, survenu le 10 février 2023, a eu des conséquences dramatiques pour trois membres d’une même famille, dont une femme enceinte qui a dû subir une césarienne en urgence, et dont l’enfant est décédé après une tentative de réanimation.
Lors du jugement, le parquet avait requis une peine de cinq ans de prison, dont deux ans ferme, peine qui a été suivie par le tribunal. Palmade, bien que condamné, a été laissé en liberté, un mandat de dépôt différé ayant été prononcé. Le président du tribunal a précisé que l’humoriste serait convoqué par le procureur de Bordeaux pour déterminer la date et l’établissement où il purgera sa peine.
Pierre Palmade, face à la gravité de ses actes, a exprimé son profond regret.
L’avocat des parties civiles, Me Mourad Battikh, a souligné que si la justice avait été rendue, la peine ne pouvait pas compenser la douleur des victimes. Palmade, de son côté, a directement adressé ses excuses aux victimes, exprimant une douleur personnelle en voyant « en vrai » les conséquences de son acte. Il a déclaré être « terrassé » par la réalité de la situation et a demandé pardon de tout son être.
Cet accident, provoqué sous l’emprise de cocaïne et de 3MMC, a non seulement marqué la vie des victimes, mais aussi mis en lumière les dangers de la consommation de stupéfiants au volant. Palmade, âgé de 56 ans, a reconnu sa responsabilité dans ce drame, marquant ainsi un tournant dans sa carrière et sa vie personnelle.
Économie
Après Michelin, ArcelorMittal envisage la fermeture de deux sites en France
Après Michelin, le géant ArcelorMittal annonce la possible cessation d’activité de ses centres de Reims et Denain, menaçant 130 emplois.
La sidérurgie française fait face à un nouveau coup dur avec l’annonce d’ArcelorMittal, deuxième sidérurgiste mondial, qui envisage la fermeture de deux de ses sites en France. Cette décision, motivée par une baisse significative de la demande dans les secteurs de l’industrie et de l’automobile, pourrait entraîner la suppression de 130 emplois, principalement à Reims et à Denain.
Le 19 novembre 2024, lors d’une réunion avec le Comité Social et Économique (CSE), ArcelorMittal Centres de Services a présenté un projet de réorganisation et d’adaptation de ses capacités de production. Cette réorganisation inclut potentiellement la cessation d’activité des sites de Reims et de Denain. La direction a expliqué que cette mesure était rendue nécessaire par une « forte baisse d’activité chez ses clients de l’industrie et de l’automobile », soulignant que cette situation s’était aggravée ces derniers mois.
Les répercussions sociales de cette annonce sont immédiates et profondes. Environ 100 emplois seraient menacés à Reims et 30 à Denain. David Blaise, délégué syndical central CGT, et Xavier Le Coq, coordinateur CFE-CGC, ont exprimé leur inquiétude face à cette situation, pointant du doigt une gestion de crise qui, selon eux, ne prévoit pas suffisamment de solutions alternatives. Blaise critique notamment l’absence d’anticipation de la part de la direction, déplorant que « rien n’a été anticipé » pour faire face à la crise de l’automobile.
ArcelorMittal prévoit des négociations avec les syndicats pour discuter des mesures sociales visant à atténuer l’impact sur l’emploi. Cependant, les réactions sont vives : le site de Denain s’est mis en grève immédiatement, et des actions sont prévues sur l’ensemble des sites d’ArcelorMittal en France pour les prochains jours. Ces mouvements de protestation reflètent une frustration croissante parmi les salariés, encore marqués par la fermeture des hauts fourneaux de Florange en 2012.
Le contexte économique actuel, marqué par une réduction des ventes dans l’automobile, a déjà conduit Michelin à annoncer la fermeture de ses usines de Vannes et Cholet, affectant 1.254 emplois. Le ministre de l’Industrie, Marc Ferracci, a reconnu que d’autres annonces de fermetures pourraient suivre, soulignant néanmoins la nécessité de soutenir les secteurs industriels en croissance.
Cette situation illustre une crise plus large au sein de l’industrie manufacturière européenne, particulièrement dans l’automobile où 32.000 suppressions de postes ont été annoncées au premier semestre chez les équipementiers. La question de la diversification et de l’adaptation des entreprises à un marché en mutation est désormais plus que jamais d’actualité.
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