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Nourrir les chiens et « volonté de Dieu »: une journée à la lisière du front ukrainien

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Dans l’est de l’Ukraine, à quelques kilomètres des combats, une femme nourrit des chiens errants tandis que des habitants résistent, guidés par leur foi et leur attachement à leur terre.

À Bilytske, une localité située à une quinzaine de kilomètres de Pokrovsk, dans la région de Donetsk, la vie continue malgré les bombardements incessants. Raïssa, une habitante de 65 ans, consacre ses journées à nourrir des chiens abandonnés, ramenés du front par des soldats. Armée d’un sac rempli de morceaux de poulet, elle parcourt les rues dévastées, suivie par une meute affamée. « Je ne dors plus la nuit à cause des explosions, mais je ne partirai pas tant que ces animaux auront besoin de moi », confie-t-elle.

Raïssa travaille comme employée administrative dans cette ville autrefois peuplée de 8 000 habitants, aujourd’hui réduite à quelques centaines de résistants, principalement des retraités et des soldats. Son voisin, Sergueï, est revenu du Portugal pour s’occuper de sa mère, qui refuse de quitter les lieux. Ensemble, ils puisent de l’eau devant les ruines de la mairie et se remémorent leur passé, notamment leur ancienne école, détruite par un missile russe. « C’était un rêve d’enfant, mais pas comme ça », murmure Sergueï, contemplant les décombres.

À midi, les fidèles se rassemblent à l’église locale pour un repas frugal, composé de pommes de terre, après avoir prié. Le père Ivan, l’un des prêtres, compare l’édifice à « l’arche de Noé », un refuge pour ceux qui restent malgré les dangers. « Les gens s’accrochent à ce qu’ils ont construit toute leur vie », explique-t-il. Khrystyna, une ancienne trieuse de charbon, partage cette détermination. Malgré la peur et l’exil de sa fille à Kiev, elle refuse de partir. « Si je dois mourir ici, alors je mourrai ici », déclare-t-elle, convaincue que tout est entre les mains de Dieu.

En fin de journée, Raïssa retourne nourrir ses chiens, tandis que les détonations résonnent au loin. Dans cette ville en première ligne, la résistance prend des formes multiples : entre compassion pour les animaux, attachement à la terre et foi inébranlable, les habitants de Bilytske incarnent une humanité tenace face à l’horreur de la guerre.

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