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L’ombre du poison sur le tribunal de Besançon

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Après quatre semaines d’audience, la défense de l’ancien anesthésiste Frédéric Péchier, jugé pour une trentaine d’empoisonnements présumés, semble ébranlée par les contradictions et les revirements de l’accusé.

L’homme de 53 ans comparaît libre devant la cour d’assises du Doubs, bien qu’il encoure la réclusion criminelle à perpétuité. Il est soupçonné d’avoir altéré des poches de produits anesthésiques entre 2008 et 2017 dans deux établissements de santé de Besançon, provoquant des arrêts cardiaques chez des patients âgés de 4 à 89 ans. Douze de ces cas auraient entraîné la mort. Selon l’accusation, ces gestes auraient été motivés par des tensions professionnelles liées à des questions d’argent ou de rivalité.

Le procès, ouvert le 8 septembre, a vu se succéder victimes, proches, collègues et experts. Frédéric Péchier a subi plusieurs interrogatoires, au cours desquels il a maintenu son innocence tout en reconnaissant, dans trois des premiers cas examinés, la réalité des empoisonnements. Un revirement notable après avoir longtemps attribué ces incidents à des erreurs médicales ou à l’état de santé des patients.

L’un des éléments centraux de l’accusation repose sur le fait que le médecin était le seul praticien présent dans les deux cliniques au moment des faits. Face à cette circonstance, il a tenté de désigner un collègue comme responsable potentiel, se présentant comme un bouc émissaire. Mais ses déclarations ont été entachées d’imprécisions, notamment lorsqu’il a affirmé, à propos de l’empoisonnement de Sandra Simard en 2017, que « personne ne l’avait vu faire » — une formule interprétée par certains comme un aveu déguisé.

Son attitude à l’audience, souvent perçue comme arrogante, n’a pas joué en sa faveur. Il a plusieurs fois invité la présidente à « relire le dossier » ou suggéré que les témoins devaient être « correctement » interrogés, ce qui a pu nuire à sa crédibilité auprès des jurés. Son avocat, Randall Schwerdorffer, a cependant rappelé que l’enjeu n’était pas la sympathie que pouvait inspirer son client, mais l’existence de preuves suffisantes.

À la barre, les témoignages des proches des victimes ont rappelé l’impact humain de cette affaire. La fille de Damien Iehlen, premier décès inscrit au dossier, a évoqué une dépression et l’effondrement de sa vie conjugale. D’autres, comme Bénédicte Boussard, survivante d’un arrêt cardiaque en 2009, ont exprimé leur quête de vérité tout en doutant que l’accusé ne reconnaisse un jour les faits.

Les débats ont également mis en lumière l’absence de nouveaux incidents suspects depuis l’interpellation de Frédéric Péchier en mars 2017. Un élément que l’accusation soulève comme un indice supplémentaire. Le verdict est attendu pour le 19 décembre.

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