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L’hypothèse des pleins pouvoirs présidentiels refait surface dans le débat constitutionnel

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Alors que la crise politique s’intensifie, certains observateurs évoquent le recours à l’article 16 de la Constitution, une disposition exceptionnelle qui conférerait au chef de l’État des prérogatives étendues.

La perspective d’une activation de l’article 16 de la Constitution française émerge dans le débat public au moment où les tensions institutionnelles atteignent un niveau critique. Bien qu’aucune déclaration officielle n’aille dans ce sens, cette hypothèse juridique circule dans les milieux politiques et médiatiques. Le départ du ministre des Armées a placé le président de la République dans une situation où il doit personnellement œuvrer à la résolution d’une impasse institutionnelle.

L’entourage présidentiel rapporte une formule énigmatique selon laquelle le chef de l’État « prendra ses responsabilités » si aucun accord politique n’intervient avant la date butoir du 8 octobre. Cette déclaration alimente les spéculations sur les options constitutionnelles envisageables, y compris le recours à l’article 16. Ce dispositif, rarement invoqué sous la Ve République, permet au président de prendre « les mesures exigées par les circonstances » lorsque les institutions républicaines, l’indépendance nationale, l’intégrité du territoire ou l’exécution des engagements internationaux font face à une menace grave et immédiate, et que le fonctionnement normal des pouvoirs publics constitutionnels se trouve interrompu.

Les constitutionnalistes soulignent cependant que les conditions d’application de cet article sont cumulatives et particulièrement restrictives. Le contexte actuel, marqué par un gouvernement démissionnaire qui continue d’expédier les affaires courantes, ne correspond pas aux critères requis. Un spécialiste du droit constitutionnel estime que recourir à cette disposition dans les circonstances présentes équivaudrait à un détournement des institutions. Dans l’histoire de la Ve République, seul le général de Gaulle a utilisé ce mécanisme en 1961 pendant le putsch d’Alger, une décision déjà contestée à l’époque par de nombreux juristes.

Le cadre juridique prévoit que le président doit consulter les présidents des deux assemblées parlementaires et du Conseil constitutionnel, mais leurs avis demeurent consultatifs. Depuis la réforme constitutionnelle de 2008, le Conseil constitutionnel peut être saisi après trente jours d’exercice des pouvoirs exceptionnels, bien que son rôle reste déclaratif. Seul le chef de l’État peut mettre fin à ce régime d’exception, ce qui a conduit certains experts à qualifier ce dispositif de « dictature romaine », où l’État se remet temporairement entre les mains d’un homme providentiel en espérant qu’il rendra le pouvoir. En 1961, Charles de Gaulle avait mis fin aux pleins pouvoirs après six mois, alors que le putsch lui-même n’avait duré que six jours. Rien n’indique que l’actuel président souhaite écrire un nouveau chapitre de cette histoire constitutionnelle.

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