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Le retour massif des migrants afghans, un terreau fertile pour l’extrémisme

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Des centaines de milliers d’Afghans expulsés des pays voisins se retrouvent confrontés à une précarité extrême, créant des conditions propices au recrutement par des factions armées. Les observateurs internationaux s’alarment d’une possible résurgence de la menace sécuritaire.

Le flux continu de rapatriés afghans en provenance d’Iran et du Pakistan représente un défi humanitaire et sécuritaire majeur pour les autorités de Kaboul. Selon les estimations du Haut-Commissariat aux réfugiés, près de 2,6 millions de personnes ont regagné le territoire depuis le début de l’année, un chiffre qui pourrait atteindre quatre millions d’ici la fin du mois de décembre. La majorité de ces populations, souvent jeunes, se retrouvent sans ressources, sans logement et sans perspective d’emploi.

Les organisations internationales redoutent que cette précarité généralisée ne profite aux groupes armés présents dans le pays. Bien que les talibans affirment avoir éradiqué les cellules terroristes, un rapport de l’ONU publié en juillet souligne la persistance d’un environnement favorable à plusieurs mouvances extrémistes, notamment la branche locale de l’organisation État islamique, considérée comme la menace la plus sérieuse. Celle-ci compterait environ deux mille combattants et aurait déjà perpétré des attentats à l’étranger.

Pour les experts, cette masse de migrants désœuvrés constitue un vivier de recrutement idéal. Un ancien coordinateur des Nations unies note que l’EI-K continue d’attirer des talibans marginalisés ainsi que des Afghans exclus du système. Une source sécuritaire occidentale abonde dans ce sens, évoquant un cycle de régénération possible de l’organisation à moyen terme. Le phénomène s’expliquerait en grande partie par la détresse économique, près de la moitié de la population vivant sous le seuil de pauvreté.

Les expulsions massives menées par le Pakistan et l’Iran ont exacerbé les tensions sociales. De nombreux rapatriés, nés à l’étranger, se sentent étrangers dans leur propre pays, ce qui accroît leur vulnérabilité face aux discours radicaux. Une spécialiste basée à Islamabad relève que ces populations développent un ressentiment susceptible d’être exploité par les groupes insurgés.

La communauté internationale s’inquiète des répercussions au-delà des frontières afghanes. Plusieurs attentats déjoués en Europe ces dernières années auraient été liés à l’EI-K, alimentant les craintes d’une exportation de la violence. Face à cette situation, les acteurs humanitaires plaident pour une aide accrue afin d’offrir des alternatives viables aux rapatriés. Mais les financements se font rares depuis la réduction drastique des contributions internationales, laissant peu d’espoir d’une amélioration à court terme.

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