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Le Louvre, un géant vulnérable

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L’enquête administrative sur le cambriolage d’octobre dernier révèle une succession de défaillances et une occasion manquée de stopper les auteurs du méfait à quelques instants près.

Les fuites des individus ayant dérobé des joyaux de la Couronne dans la galerie d’Apollon auraient pu être contrecarrées. Selon les conclusions présentées au Sénat, un écart de seulement une trentaine de secondes a séparé les forces de l’ordre et les agents de sécurité privée des malfaiteurs en train de prendre la fuite. Une caméra extérieure avait pourtant capté l’intégralité de leur manœuvre, depuis leur arrivée jusqu’à leur retraite précipitée. Les images n’ont toutefois pas été surveillées en temps réel et leur consultation, effectuée trop tardivement, n’a pas permis une intervention immédiate. Les policiers dépêchés sur place ont en outre été initialement orientés vers une zone incorrecte du complexe muséal.

Ces éléments mettent en lumière des lacunes systémiques en matière de sûreté. Les rapporteurs de l’enquête ont exprimé leur étonnement face à la fragilité constatée au sein d’une institution de cette envergure. Ils pointent une chaîne de dysfonctionnements et, surtout, un défaut criant dans la transmission des informations relatives à la sécurité. Un audit réalisé en 2019, qui identifiait précisément les vulnérabilités de la galerie d’Apollon, n’a ainsi jamais été porté à la connaissance de la direction arrivée en 2021. Les recommandations qu’il contenait, notamment concernant les points d’accès utilisés par les voleurs, sont restées sans suite.

Le contexte institutionnel du musée demeure tendu, entre fermeture partielle pour travaux et mouvements sociaux annoncés. La ministre de la Culture avait, dès la fin octobre, annoncé une série de mesures correctives urgentes, dont l’installation de dispositifs anti-intrusion. Ces dispositions, validées en conseil d’administration, n’ont cependant pas pleinement satisfait les organisations syndicales, qui déplorent l’absence de nouveaux recrutements. D’autres annonces concernant la réorganisation de la sécurité sont attendues d’ici la fin de l’année.

Parallèlement, la Cour des comptes s’est intéressée au fonctionnement de la Société des amis du Louvre, principal mécène privé de l’établissement. Son rapport souligne des fragilités dans le cadre statutaire et organisationnel de cette association et émet plusieurs recommandations pour en assainir la gestion d’ici 2026. Les auditions se poursuivent au Sénat, où l’ancien président du musée et l’actuelle présidente doivent successivement s’expliquer sur leur gestion de ces enjeux de sécurité.

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