Au cœur des Andes boliviennes, un village se transforme en bastion imprenable pour l’ancien président, dont les partisans armés veillent jour et nuit sur son retour en politique.
Dans les montagnes du Chapare, Lauca Eñe est bien plus qu’un simple village. C’est le quartier général d’Evo Morales, où des centaines de paysans, armés de lances et de boucliers artisanaux, montent une garde permanente. Leur objectif ? Protéger l’ancien chef de l’État et préparer son éventuel retour au pouvoir, malgré les obstacles juridiques.
Cette localité, au cœur d’une région historiquement dédiée à la culture de la coca, est devenue le symbole de la résistance politique du leader indigène. Depuis des mois, ses partisans contrôlent strictement les accès, empêchant toute intrusion non autorisée. Leur détermination est inébranlable : « Nous ne partirons pas tant que notre frère Evo ne sera pas de nouveau président », affirme un cultivateur.
Morales, qui a gouverné la Bolivie de 2006 à 2019, compte bien défier l’interdiction constitutionnelle limitant les mandats présidentiels. Il prévoit de déposer officiellement sa candidature pour les élections d’août, convaincu de son éligibilité. « Personne n’osera me refuser », assure-t-il, depuis son bureau installé dans le siège du syndicat des cocaleros, véritable centre névralgique de son influence.
La mobilisation est impressionnante. Rotations de gardes, barrages routiers instantanés, réseaux de surveillance étendus : l’organisation des partisans de Morales paralyse virtuellement la région. Même les forces de l’ordre évitent toute confrontation directe, préférant une coexistence prudente.
Pour ces paysans, souvent issus des communautés quechua, la lutte dépasse la simple défense d’un homme. Elle incarne un combat contre ce qu’ils perçoivent comme une injustice politique et économique. « Nous étions en haut, maintenant on nous pousse vers le bas », déplore une militante, résumant le sentiment général.
Aujourd’hui, aucun autre leader bolivien ne peut rivaliser avec la capacité de mobilisation d’Evo Morales. À Lauca Eñe, son pouvoir reste intact, et ses partisans, prêts à tout pour le ramener au sommet.