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L’Afrique du Sud invente une cohabitation entre éoliennes et rapaces menacés

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Alors que le pays accélère sa transition énergétique, des parcs éoliens expérimentent des dispositifs innovants pour protéger les oiseaux tout en maintenant la production d’électricité renouvelable.

Dans les vastes paysages de l’Overberg, à deux cents kilomètres du Cap, des observateurs postés dans des cabanes de surveillance scrutent inlassablement le ciel. Leur mission consiste à détecter le passage d’oiseaux protégés à proximité des éoliennes du parc d’Excelsior. Dès qu’un rapace prioritaire s’approche à moins d’un kilomètre des installations, les contrôleurs alertent immédiatement le centre de commande. Les pales des machines concernées s’immobilisent alors en moins de cinquante secondes, laissant le couloir aérien libre et sécurisé pour le volatile.

Ce protocole d’arrêt sur demande, développé initialement au Kenya à la fin des années 2010, représente aujourd’hui une solution éprouvée dans de nombreux parcs éoliens sud-africains. Selon les estimations des spécialistes, environ six mille oiseaux trouvent encore la mort chaque année dans l’ensemble des installations du pays, dont une proportion significative appartient à des espèces menacées. Le busard maure, rapace dont la population ne dépasse pas treize cents individus, compte parmi les plus vulnérables. Sa petite taille le rend difficilement repérable par les observateurs, malgré les procédures de surveillance renforcées.

Face à cette situation, la communauté scientifique explore des approches complémentaires. Des recherches menées dans le parc de Hopefield ont démontré l’efficacité du marquage coloré des pales. L’application de bandes rouges sur quatre éoliennes a permis de réduire la mortalité aviaire de quatre-vingt-sept pour cent sur deux ans. Cette technique simple améliore la visibilité des structures tournantes pour les oiseaux, dont la perception des contrastes diffère de celle des humains.

Les énergéticiens opérant en Afrique du Sud se trouvent confrontés à un dilemme complexe, qualifié de « vert-vert » par les experts. D’un côté, l’impératif de décarbonation exige un déploiement accéléré des énergies renouvelables. De l’autre, la préservation de la biodiversité impose des contraintes techniques supplémentaires. Certains scientifiques rappellent que le changement climatique constitue lui-même une menace existentielle pour de nombreuses espèces aviaires. La recherche d’équilibre entre ces deux objectifs environnementaux guide désormais l’innovation technologique dans le secteur éolien, où chaque solution permettant de concilier production d’énergie et protection de la faune représente une avancée significative.

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