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La cheffe des conservateurs britanniques tente de ressusciter son parti en crise

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*Face à l’effondrement électoral et à la concurrence de Reform UK, Kemi Badenoch mise sur un retour aux fondamentaux idéologiques pour redresser les Tories.*

Devant les militants réunis à Manchester, la dirigeante du Parti conservateur a tracé mercredi la voie d’un retour aux sources doctrinales. L’objectif est clair. Il s’agit de reconstruire une formation politique laminée aux dernières élections législatives, où elle a perdu près des deux tiers de ses sièges parlementaires. Quatorze années de pouvoir, ponctuées de politiques d’austérité, de scandales et de divisions internes, ont précipité ce recul historique.

Le parti se trouve désormais distancé sur son flanc droit par Reform UK, la formation de Nigel Farage qui capitalise sur un discours anti-immigration. Bien que demeurant officiellement le premier groupe d’opposition face au gouvernement travailliste de Keir Starmer, les conservateurs peinent à se faire entendre dans le débat public. La tâche de Kemi Badenoch, qui a pris la tête du mouvement en novembre 2024, s’annonce particulièrement ardue.

Dans son discours, elle a invoqué les piliers traditionnels du conservatisme britannique. La responsabilité individuelle, la liberté d’entreprise, l’institution familiale et la liberté d’expression ont été présentées comme les fondements d’un possible redressement. Son programme s’articule autour d’un slogan simple. « Une économie plus forte, des frontières plus solides », a-t-elle affirmé, tout en dénonçant la politique fiscale et migratoire de l’exécutif actuel.

La stratégie adoptée comprend plusieurs mesures phares. Des réductions d’impôts, une réforme drastique du système social et le retrait de la Convention européenne des droits de l’homme figurent parmi les propositions avancées. La dirigeante a également évoqué l’expulsion de 150 000 migrants en situation irrégulière chaque année, tout en abandonnant l’objectif de neutralité carbone pourtant défendu sous l’ère Johnson.

Mais cette orientation rencontre des résistances au sein même de la famille conservatrice. Un récent sondage YouGov indique que la moitié des sympathisants estiment que Kemi Badenoch ne devrait pas conduire la campagne pour les prochaines élections générales. De nombreux observateurs politiques évoquent la possibilité d’un départ de la dirigeante en cas de nouveau revers lors des scrutins locaux de mai.

La situation apparaît d’autant plus critique que plusieurs élus conservateurs ont récemment rejoint les rangs de Reform UK. Les enquêtes d’opinion placent désormais les Tories en quatrième position des intentions de vote, derrière les travaillistes, les libéraux-démocrates et la formation de Nigel Farage. Un résultat qui, s’il se confirmait, constituerait le plus faible score du parti depuis près de deux siècles.

Face à cette perspective, la cheffe des conservateurs a fermement exclu toute alliance avec Reform UK. « Je n’ai pas été élue pour conclure un pacte avec Reform », a-t-elle déclaré, rejetant catégoriquement l’éventualité d’une coalition. Reste à savoir si ce retour affiché aux fondamentaux parviendra à enrayer la dérive d’une formation politique qui a gouverné le Royaume-Uni pendant cinquante ans depuis la Seconde Guerre mondiale.

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