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Frontières allemandes sous tension : le retour des contrôles qui divisent l’Europe

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La libre circulation entre l’Allemagne et la Pologne se heurte à un durcissement migratoire, ravivant les mémoires d’une époque révolue.

Sur le pont qui relie les villes jumelles de Guben en Allemagne et Gubin en Pologne, les contrôles policiers se multiplient. Les automobilistes doivent désormais présenter leurs papiers, une pratique qui semblait appartenir au passé depuis l’adhésion de la Pologne à l’espace Schengen en 2007. Cette mesure, annoncée par le gouvernement allemand, vise à limiter l’afflux de demandeurs d’asile, mais elle suscite des réactions contrastées parmi les habitants et les autorités locales.

Pour Bartlomiej Bartczak, ancien maire de Gubin, cette situation rappelle des souvenirs douloureux. « Nous avons connu cette époque où les contrôles étaient quotidiens, puis nous avons profité de la liberté de mouvement. Aujourd’hui, c’est comme un retour en arrière », confie-t-il. Les deux villes, autrefois unies, ont été séparées après la Seconde Guerre mondiale, et leurs liens économiques et humains restent étroits.

Du côté allemand, le maire de Guben, Fred Mahro, défend ces mesures. Membre de la CDU, il estime qu’elles sont nécessaires pour soulager les services publics et freiner la montée de l’extrême droite. « Les chiffres de l’immigration sont trop élevés, nos infrastructures sont saturées », explique-t-il, reprenant les arguments du ministre de l’Intérieur. Pourtant, les statistiques officielles montrent une baisse des demandes d’asile en 2025 par rapport à l’année précédente.

La Commission européenne appelle à une approche coordonnée, mais les tensions persistent. Les contrôles rétablis en 2024 avaient déjà provoqué des frictions avec les pays voisins, et les retards aux frontières inquiètent les acteurs économiques. Bartczak raconte ainsi les embouteillages interminables lors d’une visite d’investisseurs chinois, craignant un impact sur les échanges transfrontaliers.

Entre la volonté de protéger les frontières et celle de préserver la libre circulation, l’équilibre reste fragile. Les années 2015-2016, marquées par l’arrivée massive de réfugiés, ont laissé des traces dans le débat public allemand. Aujourd’hui, le gouvernement tente de répondre aux préoccupations sécuritaires sans rompre définitivement avec les principes fondateurs de l’Union européenne.

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