France
France : 13-Novembre: dans l’enfer du Bataclan
Trois « kamikazes » autour du Stade de France, des terrasses parisiennes sous le feu des kalachnikovs et le pire reste à venir. Il est 21h47 lorsqu’un trio de jihadistes s’extrait d’une Polo noire qui s’est garée devant la salle de spectacle du Bataclan. L’un d’eux envoie un SMS: « on est parti, on commence ».
Pour les 1.500 spectateurs venus assister au concert des Eagles of Death Metal, c’est le début de trois heures d’enfer et d’un massacre qui fait 90 morts et des centaines de blessés.
Suzie Bernard, 18 ans alors, avait offert la place à son petit ami, fan du groupe de rock californien. « Hyper contente » de le retrouver, de boire des bières avec lui. « Avant que tout dérape », confie-t-elle, « j’étais vraiment bien ».
Sitôt sortis de leur voiture, Foued Mohamed Aggad, Samy Amimour et Ismaïl Omar Mostefaï ouvrent le feu: leurs premières victimes tombent sur le trottoir. Puis ils s’engouffrent dans la salle pleine à craquer.
Il y a là des groupes d’amis, des couples, des fratries, des amateurs de « métal » venus seuls. « La fosse est blindée de chez blindée », raconte Jean-Claude (prénom d’emprunt), qui s’est installé à gauche du bar. Les Eagles of Death Metal jouent « Kiss the devil », « Embrasse le diable ».
Le sang et la poudre
Jean-Claude entend « un premier claquement ». Comme la plupart des spectateurs, il pense à un pétard. « Puis j’ai vu des gens s’allonger. J’ai regardé, sidéré ». Lui aussi se couche. « Ça a duré a priori 10-12 minutes. Mais 10-12 minutes avec des types qui vous tirent dessus, ça paraît une éternité ».
« Je vois du monde se plier comme un champ de blé face au vent », raconte un autre spectateur, Thomas Smette, 24 ans alors. « Je me retourne, je vois deux personnes armées qui tirent sur tout ce qui bouge (…) Je me retrouve au sol avec tout le monde ».
La musique s’arrête. Le régisseur rallume la lumière. Des hurlements s’élèvent. Certains ont cru à un jeu de scène mais le doute n’est plus possible.
Thomas Smette entend un jihadiste crier « c’est pour nos frères en Syrie ». Il sent « quelque chose de chaud au sol ». « Ma main est rouge de sang. Mais avec l’adrénaline, je ne sais pas si c’est le mien ou pas ».
L’odeur du sang et de la poudre envahit la salle. Il entend un spectateur crier: « ils rechargent, vous avez trois secondes ». « Là, je fais dix mètres en trois pas ». Thomas parvient à se mettre à l’abri sur le toit.
Certains se cachent dans les faux plafonds. Jean-Claude réussit à fuir par une issue de secours. Mais des centaines de personnes restent piégées. Les tirs continuent, dans la salle comme dans le passage Amelot qui longe le Bataclan.
« Un tas d’humains »
Foued Mohamed Aggad et Ismaël Omar Mostefaï montent à l’étage et, du balcon, arrosent la salle. Des spectateurs font les morts au milieu des cadavres.
Suzie Bernard est dans la fosse avec son petit ami. Elle ouvre les yeux par intermittence. « Je vois des trucs vraiment atroces. Les personnes à côté de moi s’étaient fait tirer dans la tête ». Il y a un mouvement de foule. « On a couru vers la scène et on est retombés. On s’est retrouvé dans cet agglomérat, un tas d’humains ».
Juste avant 22h00, un commissaire de la brigade anticriminalité (BAC) et son chauffeur arrivent. Ils entrent et repèrent Samy Amimour sur scène avec une kalachnikov. Sans hésiter, ils tirent et abattent le jihadiste, dont la ceinture explose. Ils ont sans doute sauvé des dizaines de vies.
Mais les deux policiers doivent se replier sous les tirs nourris des deux tueurs à l’étage.
L’horreur, rythmée par les tirs, continue. « Avec mon copain, on ne faisait que se dire qu’on s’aimait. Au point qu’un type nous a dit: +fermez-la, vous faites trop de bruit+. Je ressentais cette urgence de dire que j’aimais », justifie Suzie.
Prise d’otages
Elle se souvient des téléphones qui sonnaient. « On sait que des gens sont morts parce qu’ils n’ont pas mis leur téléphone sur silencieux. C’est horrible de se dire que la vie tient à quelque chose d’aussi trivial (…) Des gens sont partis dans la terreur absolue ».
Le commissaire de la BAC a raconté son intervention devant une commission d’enquête parlementaire en 2016.
Dans la salle, c’est une vision « indescriptible » de « centaines de corps (…) enchevêtrés les uns aux autres ». « Il régnait un silence glacial (…) On sentait bien que même les vivants faisaient semblant d’être morts », a décrit le policier.
« Au bout d’un moment, il n’y a plus eu de mouvements ni de tirs. J’ai décidé d’aller chercher les victimes qui étaient dans la fosse, à quelques mètres de nous ».
Quand ils ont fouillé la salle plus tard, les enquêteurs ont découvert un dictaphone ayant enregistré toute la soirée. La bande-son a permis d’objectiver l’attaque. La première phase a duré 32 minutes, il y a eu 258 coups de feu.
Foued Mohamed Aggad et Ismaïl Omar Mostefaï cessent leur tirs, se retranchent dans un couloir à l’étage avec douze personnes.
Il est 22h20, la prise d’otages commence.
Parmi les captifs, Stéphane Toutlouyan, alors âgé de 49 ans, les entend dire « qu’ils sont de l’organisation Etat islamique, que c’est de la faute de François Hollande ».
« Un spectacle effroyable »
Le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve suit en direct les opérations, de la cellule de crise de Beauvau, avec le chef de l’Etat et le Premier ministre Manuel Valls.
Il se souvient des questions qui les taraudaient alors: « est-ce que les terroristes ont piégé la salle de spectacle ? Est-ce que, en cas d’intervention des forces de l’ordre, c’est toute la salle qui saute ? (…) Nous ne le savons pas ».
Suzie finit par être évacuée de la fosse. « Je ne fais que regarder les personnes décédées. C’est vraiment un spectacle effroyable (…) D’un coup, c’était devant nos yeux ». Elle sombre dans « une crise incontrôlée de larmes ».
Les forces de l’ordre lui ordonnent de lever les mains. « C’est ce moment très bizarre où on est victime mais où il y a une forme de suspicion car un terroriste peut se cacher parmi nous ».
A l’étage, les policiers sont stoppés dans leur progression. Derrière une porte fermée, « nous avons entendu des cris d’otages », raconte le commissaire Christophe Molmy, alors patron de la Brigade de recherche et d’intervention (BRI).
La prise d’otages dure deux heures, dans un couloir exigu, long de dix mètres.
Trois otages sont placés derrière la porte. Plusieurs autres devant les fenêtres pour surveiller la rue et les toits. « Si vous voyez quelque chose et que vous ne nous prévenez pas, on vous tire dessus et on vous jette par la fenêtre », lâchent les jihadistes.
« Pour moi, on était morts. Je ne voyais pas comment ça pouvait bien se terminer », raconte Stéphane Toutlouyan.
« Un miracle »
Vers 23h15, la BRI établit enfin le contact pour tenter de négocier. « Devant le refus de libérer des otages et de reddition (…) nous avons procédé à l’assaut », explique le commissaire Molmy.
Il est 00h18. La BRI essuie des tirs et riposte après avoir mis les otages à l’abri derrière ses boucliers.
Foued Mohamed Aggad se fait exploser. Ismaïl Omar Mostefaï est abattu à 00h22.
Stéphane Toutlouyan se souvient d’un bruit assourdissant. « Un +robocop+ me prend et me dit: +il faut sortir+. L’opérateur de la BRI déchire nos chemises. Il dit: +ne regardez pas dans la fosse+. Il y a une montagne de corps et du sang partout. Dans la rue, ils nous fouillent une deuxième fois ».
« L’assaut, c’est un miracle », salue un autre otage, David Fritz Goeppinger, 23 ans à l’époque.
Presque six ans plus tard, Suzie continue de s’interroger: pourquoi en est-elle sortie vivante ?
« Les personnes qui étaient juste à côté de nous, elles sont mortes, elles étaient juste 50 centimètres plus à gauche (…) Le pur hasard, on a vraiment beaucoup de mal à le supporter ».
France
« Bavardage creux », « dérive préoccupante » : les politiques réagissent à l’allocution d’Emmanuel Macron
Emmanuel Macron, dans son allocution, promet un gouvernement d’intérêt général, mais les critiques fusent de tous bords politiques.
Dans son discours adressé à la nation, Emmanuel Macron a esquissé une vision de la France unie sous un « gouvernement d’intérêt général », une rhétorique qui se veut rassembleuse. Pourtant, ce message semble avoir rencontré un mur de scepticisme et de critiques de la part de ses adversaires politiques.
Adresse aux Français. https://t.co/irpXQN9qfN
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) December 5, 2024
Jean-Luc Mélenchon, leader de la France Insoumise, a vivement critiqué le discours présidentiel, le qualifiant de « bavardage creux et prétentieux ». Pour lui, l’utilisation de l’article 49.3 pour imposer des lois sans vote parlementaire est une atteinte directe à la démocratie, justifiant ainsi la censure du gouvernement Barnier. Cette censure, selon Mélenchon, n’est pas dirigée contre Barnier, mais contre la politique d’Emmanuel Macron lui-même.
De l’autre côté de l’échiquier politique, Jordan Bardella du Rassemblement National a également exprimé son inquiétude face à ce qu’il perçoit comme une « dérive préoccupante » de la macronie. Il suggère que le président s’éloigne des réalités du terrain et du peuple français.
Boris Vallaud du Parti Socialiste a quant à lui voté la motion de censure comme une « sanction d’un mauvais budget de la sécurité sociale », tout en appelant à un Premier ministre issu de la gauche. Cette critique vise non seulement le fond du discours mais aussi la forme, dénonçant une politique qui, selon lui, manque de considération pour les besoins sociaux.
Marine Tondelier, d’Europe Écologie Les Verts, a salué la prudence de Macron dans la nomination de son Premier ministre, mais n’a pas manqué de critiquer le ton « condescendant » du discours. Elle semble apprécier la retenue du Président dans sa précipitation à nommer un successeur à Barnier, mais déplore le manque de respect perçu dans son allocution.
Enfin, Rachida Dati, ancienne ministre, a indiqué que Macron devrait agir rapidement pour nommer un nouveau Premier ministre, reflétant une attente de décisions concrètes et rapides de la part du Président.
L’allocution d’Emmanuel Macron, bien que visant à rassurer et à fédérer, a plutôt suscité un concert de critiques, reflétant un fossé grandissant entre le chef de l’État et les représentants de diverses tendances politiques. Ce discours, loin de combler les divisions, semble les avoir accentuées, laissant le public informé dans l’attente de voir comment le Président répondra à cette vague de scepticisme.
France
Macron face à la nation : un rendez-vous à 20h pour dissiper le flou
Après la chute historique du gouvernement Barnier, Emmanuel Macron s’adressera aux Français jeudi soir. Une allocution attendue qui pourrait définir l’avenir politique du pays et du président lui-même.
La chute du gouvernement de Michel Barnier, renversé par une motion de censure à l’Assemblée nationale, a plongé la France dans une crise politique sans précédent depuis des décennies. Cette situation met également le président Emmanuel Macron sous une pression inédite, alors qu’il doit gérer à la fois une majorité relative fragilisée et des appels de l’opposition à sa démission.
Dans ce contexte tendu, l’annonce de l’Élysée d’une allocution présidentielle prévue à 20h jeudi suscite une attente considérable. Le chef de l’État, récemment rentré d’Arabie Saoudite, devra non seulement répondre à l’urgence politique créée par la chute de son Premier ministre, mais aussi rassurer un pays en quête de stabilité. Le silence persistant sur la nomination d’un successeur à Michel Barnier alimente les spéculations, renforçant l’importance de cette prise de parole.
Pour Emmanuel Macron, ce discours est une occasion cruciale de reprendre la main sur le récit politique. Il devra convaincre qu’il est encore en mesure de gouverner face à une Assemblée nationale frondeuse et une opinion publique de plus en plus critique. Ses opposants, notamment La France insoumise, ne manqueront pas de scruter chaque mot, prêts à amplifier la contestation si le message présidentiel ne répond pas aux attentes.
Alors que l’histoire de la Ve République n’a que rarement connu de telles impasses, l’intervention de 20h pourrait être déterminante pour définir non seulement les prochaines étapes institutionnelles, mais également l’avenir d’un mandat déjà marqué par des défis multiples. La France attend des réponses, et c’est désormais à Emmanuel Macron de les fournir.
France
Réouverture de Notre-Dame: 6.000 policiers et gendarmes mobilisés, annonce le préfet de police
La cathédrale Notre-Dame de Paris rouvre ses portes après une restauration titanesque. Un impressionnant dispositif de sécurité sera mis en place pour garantir la sérénité de l’événement.
La réouverture de la cathédrale Notre-Dame de Paris, prévue pour ce week-end, sera marquée par un dispositif de sécurité d’une ampleur exceptionnelle. Le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, a dévoilé les détails de cette opération lors d’une conférence de presse, soulignant l’importance de protéger cet événement symbolique et historique.
Le déploiement de 6.000 agents des forces de l’ordre, comprenant policiers et gendarmes, est prévu pour les deux jours de célébrations. Ce chiffre reflète l’engagement des autorités à garantir la sécurité de la cinquantaine de chefs d’État et de gouvernement attendus, ainsi que des milliers de visiteurs. Ce dispositif est comparable à celui mis en place pour la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques, illustrant ainsi la gravité de la situation sécuritaire.
Bien que Laurent Nuñez ait affirmé qu’aucune menace spécifique n’avait été identifiée, il a rappelé que la France demeure sous le coup d’un niveau de menace terroriste élevé. Pour faire face à ce risque, des mesures supplémentaires seront prises, notamment l’implication de militaires du dispositif Sentinelle et une attention particulière portée à la lutte contre les drones, sous l’égide de l’armée.
La brigade fluviale et la BRI, avec ses tireurs d’élite, seront également de la partie, renforçant ainsi la sécurité sur l’île de la Cité, où l’accès sera strictement contrôlé. Seuls les invités et les prestataires de services auront le droit d’accéder à cette zone historique, tandis que la circulation sera interdite.
Les préparatifs pour la réouverture ont déjà commencé, avec des restrictions de circulation mises en place dès mercredi. Cinq zones de confinement seront établies sur les quais hauts de la rive gauche pour accueillir jusqu’à 40.000 personnes samedi, tandis que la capacité de la cathédrale elle-même est limitée à 3.000 personnes.
Lors de cette conférence, le préfet de police était accompagné par des figures importantes de la vie parisienne, telles que Mgr Olivier Ribadeau Dumas, recteur de Notre-Dame, Patrick Bloche, premier adjoint à la maire de Paris Anne Hidalgo, et Ariel Weil, maire de Paris Centre, soulignant ainsi l’engagement collectif pour la réussite et la sécurité de cet événement.
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