Alors que les tensions s’aggravent en territoire occupé, des familles déchirées dénoncent l’inaction des autorités américaines face aux violences ciblant leurs proches.
Sous un soleil implacable, Mohamed Rabee serre contre lui la dépouille de son fils Amer, 14 ans, fauché par des tirs israéliens dans le village de Turmus Ayya. Comme nombre d’habitants de cette localité, la famille possède la double nationalité palestinienne et américaine, une citoyenneté qui ne les protège guère des raids militaires ou des exactions des colons. « Nous sommes des invisibles », lance Yaser Alkam, représentant municipal, soulignant que 80 % des résidents sont des Américains. « Quand un soldat tire sur des enfants ici, il vise très probablement l’un des leurs. »
Le cortège funèbre d’Amer a traversé les ruelles du village, escorté par une foule en colère brandissant des drapeaux palestiniens. Dans la maison familiale, les pleurs des femmes ont accompagné l’ultime veillée avant l’inhumation. « Nous supplions le président Trump d’arrêter d’armer ceux qui tuent nos enfants », implore Mohamed Rabee, évoquant les livraisons d’armes américaines à Israël.
Selon les témoignages locaux, Amer et deux autres adolescents cueillaient des amandes lorsqu’ils ont été abattus. L’armée israélienne affirme qu’ils lançaient des pierres sur des véhicules, une version contestée par les proches. « La vidéo diffusée est truquée. Personne ne peut prouver la présence de mon fils sur les lieux », insiste le père, dénonçant la partialité de l’ambassade américaine. Turmus Ayya, voisine de la colonie de Shilo, subit régulièrement des incursions militaires et des attaques de colons, souvent sous protection des forces israéliennes.
« Nos appels à l’aide restent sans réponse », déplore Alkam, ex-résident californien. Malgré les preuves de violences systématiques – incendies, expropriations, meurtres –, les diplomates américains se contentent de reprendre la communication israélienne. Le département d’État a confirmé le décès d’un citoyen américain tout en citant la version israélienne d’une « opération antiterroriste ».
Avec plus de 900 Palestiniens tués en Cisjordanie depuis le début du conflit à Gaza, selon les chiffres officiels, l’impunité semble totale. « L’administration Trump encourage cette escalade par son soutien inconditionnel à Israël », accuse Alkam. Dans ce climat de terreur, les habitants redoutent un embrasement généralisé. « Soldats, colons, policiers… Tous ont désormais les Palestiniens pour cible », résume un résident, la voix tremblante de colère et d’impuissance.