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Cinq mois après la catastrophe d’Ahmedabad, le deuil impossible

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Pour les familles des victimes du vol 171, le temps s’est arrêté en juin dernier. Entre douleur insurmontable et attente d’explications, leur vie s’organise désormais autour d’une absence.

Dans la pénombre d’un modeste salon, la flamme d’une bougie éclaire le portrait d’un adolescent. Akash Patni avait douze ans. Il figure parmi les deux cent soixante personnes qui ont péri le 12 juin dernier, lorsque le Boeing 787 d’Air India reliant Ahmedabad à Londres s’est abattu sur un quartier résidentiel peu après son décollage. Pour ses parents, Suresh et Sita Patni, le rituel quotidien se résume désormais à se recueillir devant cette photographie. Leur fils assistait sa mère à son échoppe de thé lorsque l’appareil a percuté le bâtiment. La tentative désespérée de Sita pour le sauver des flammes lui a laissé d’importantes brûlures aux bras, stigmates physiques d’une douleur morale qui ne s’estompe pas. Le garçon n’a pas survécu.

L’enquête technique se poursuit pour déterminer les causes précises de l’accident, évoquant une panne d’alimentation en carburant des moteurs. En attendant les conclusions définitives, le processus d’indemnisation des familles est engagé. Air India a procédé à un premier versement et son propriétaire, le groupe Tata, a promis un complément substantiel. Si la compagnie affirme que la grande majorité des dossiers sont traités, certains proches déplorent des lenteurs administratives. Pour Kiritsinh Chavda, qui a perdu son frère et sa belle-sœur, l’obtention de cette compensation constitue une attente primordiale, presque la seule forme de reconnaissance tangible.

D’autres, comme Badasab Saiyed, universitaire à la retraite ayant perdu quatre membres de sa famille, placent la quête de vérité bien au-dessus des considérations financières. Il s’est joint à une action en justice initiée au Royaume-Uni, estimant crucial d’établir les responsabilités, qu’elles relèvent d’une maintenance défaillante, d’un problème technique ou d’une erreur humaine. Cette exigence de transparence contraste avec le désarroi d’autres familles, submergées par le chagrin. Suresh Patni avoue ainsi ne porter aucun intérêt aux investigations, une indifférence née d’une incompréhension totale face à l’ampleur du drame.

Sur le lieu de l’impact, les débris ont été évacués, laissant place à des structures calcinées et à des épaves de véhicules. Une cicatrice urbaine encore visible. Pour Sita Patni, cet espace est devenu infranchissable. Elle n’a pas rouvert son commerce et vit recluse, incapable de supporter le simple bruit des avions traversant le ciel. Le traumatisme est tel que lever les yeux vers l’horizon lui est désormais insupportable. Le quotidien de ces familles reste hanté par le souvenir des disparus, dans l’attente d’une forme de paix qui, pour l’heure, se dérobe.

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