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Amazonie péruvienne : le choc frontal entre mennonites et peuples autochtones

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Dans la région d’Ucayali, une guerre silencieuse oppose des communautés indigènes aux colons mennonites, accusés de ravager la forêt pour étendre leurs terres agricoles.

La tension est palpable à Masisea, une zone reculée de l’Amazonie péruvienne accessible seulement par le fleuve ou des pistes chaotiques. Récemment, des affrontements ont éclaté lorsque des membres de la communauté shipibo-konibo, armés d’arcs et de machettes, ont incendié des granges appartenant aux mennonites, forçant ces derniers à fuir à travers les rizières. Cet incident illustre un conflit plus large, où s’affrontent deux modes de vie radicalement différents.

Les mennonites, une communauté protestante originaire d’Europe, se sont installés il y a une décennie dans cette région, fuyant selon eux le manque de terres et l’influence de la « gauche radicale » en Bolivie. Aujourd’hui, leurs cinq colonies prospèrent grâce à l’élevage et la culture intensive de riz et de soja. Mais leur expansion rapide suscite l’ire des Shipibo-Konibo, qui dénoncent une destruction massive de la forêt primaire. Abner Ancon, chef indigène, accuse ces colons d’avoir envahi près de 600 hectares de leur territoire, y construisant des fermes illégales.

Du côté mennonite, on se défend. David Klassen, l’un de leurs dirigeants, affirme que les terres acquises étaient déjà déboisées à leur arrivée. Pourtant, des enquêtes judiciaires révèlent que près de 900 hectares de forêt ont été rasés, conduisant à des inculpations pour crime environnemental. Les Shipibo-Konibo, eux, organisent des patrouilles pour repousser les intrus, soutenus par des avocats qui dénoncent une exploitation illégale des ressources.

Au-delà des accusations, le conflit reflète une lutte plus profonde pour le contrôle des terres et des ressources. Les mennonites, vivant en autarcie avec leurs traditions rigides, contrastent avec les Shipibo-Konibo, dont le mode de vie traditionnel est menacé. Alors que les premiers défendent leur droit à cultiver, les seconds voient leur habitat disparaître sous les tracteurs.

Cette bataille judiciaire et territoriale pourrait bien déterminer l’avenir de l’Amazonie péruvienne, où chaque hectare perdu aggrave la crise écologique. Entre développement agricole et préservation des écosystèmes, le Pérou doit trouver un équilibre fragile avant que les tensions ne dégénèrent davantage.

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