Le gouvernement durcit le ton face à ce scandale industriel qui a déjà fait 12 morts en France, exigeant des constructeurs des mesures radicales pour protéger les automobilistes.
Une nouvelle étape critique vient d’être franchie dans l’affaire des airbags défectueux Takata. Toyota et Mercedes doivent à leur tour immobiliser plusieurs centaines de milliers de véhicules circulant en France, selon les directives du ministère des Transports. Ces modèles, commercialisés entre 2001 et 2018, présentent un risque mortel : leurs coussins gonflables peuvent exploser en projetant des métaux tranchants, en raison d’un gaz instable qui se dégrade avec le temps.
Le bilan humain est lourd : 29 accidents recensés sur le territoire national, dont 11 décès dans les outre-mer et un en métropole. Face à l’urgence, les autorités judiciaires ont centralisé toutes les enquêtes liées à ces défaillances techniques au sein d’un même parquet parisien, incluant notamment des investigations pour homicide involontaire.
Les chiffres donnent le vertige : 214 700 Mercedes et 154 900 Toyota sont concernées, avec des modèles phares comme les Yaris, Corolla ou Classe A. Malgré des campagnes de rappel lancées dès 2015, les taux de retour restent insuffisants. Mercedes affiche 53% de réparations effectuées, tandis que Toyota peine à localiser 70 000 propriétaires récalcitrants. Les constructeurs devront désormais envoyer des lettres recommandées et multiplier les relances.
La situation est particulièrement critique dans les DOM, où le climat tropical accélère la détérioration des airbags. Si 80 000 véhicules outre-mer attendent encore leur réparation, un constructeur – non nommé – s’expose à des sanctions financières pour retard dans l’organisation des opérations.
Le gouvernement a décidé de frapper fort : un arrêté du 7 avril impose aux marques un renforcement drastique de leurs procédures, sous peine d’amendes pouvant atteindre un million d’euros. Cette mesure fait suite aux plaintes déposées contre Stellantis par des propriétaires de Citroën C3, accusant le groupe de mise en danger délibérée.
Pour les victimes et leurs familles, représentées par l’avocat Charles-Henri Coppet, ces décisions marquent enfin une reconnaissance officielle de l’ampleur du scandale. Reste maintenant à convaincre les automobilistes de répondre massivement aux rappels – un défi colossal alors que certains véhicules ont plus de vingt ans. Les concessions proposent des réparations gratuites, accessibles après vérification du numéro d’identification sur les sites des constructeurs.
Cette crise sans précédent, qui touche 2,3 millions de voitures en France métropolitaine, soulève des questions majeures sur la responsabilité des industriels et les failles des contrôles techniques. Elle rappelle douloureusement que des équipements conçus pour sauver des vies peuvent, par négligence, se transformer en armes mortelles.