Monde
Vaccin contre le Covid-19: trop vite, trop haut, trop fort?

C’est une compétition planétaire, rapide comme aucune autre: dans la course au vaccin contre le Covid-19, l’essentiel n’est pas de participer mais d’être le premier, car les enjeux financiers sont énormes. Mais attention aux effets d’annonce, aux espoirs déçus et aux problèmes de sécurité.
Combien de vaccins?
Dans son dernier point, jeudi, l’OMS recense 42 « candidats vaccins » évalués dans des essais cliniques sur l’homme à travers le monde (contre 11 à la mi-juin).
Dix en sont au stade le plus avancé, la phase 3, où l’efficacité du vaccin est mesurée à grande échelle sur des dizaines de milliers de volontaires répartis sur plusieurs continents.
Parmi eux, celui de la société américaine Moderna, de l’alliance germano-américaine BioNTech/Pfizer, de plusieurs laboratoires chinois, un projet européen mené par l’Université d’Oxford (en coopération avec la société AstraZeneca) ou encore le vaccin Spoutnik V, développé par la Russie et son institut de recherche Gamaleïa.
Les autres en sont encore à la phase 1 (qui vise avant tout à évaluer la sécurité du produit) ou à la phase 2 (où on explore déjà la question de l’efficacité).
Outre les essais déjà entamés, l’OMS comptabilise 156 projets de candidats vaccins en phase pré-clinique d’élaboration.
Quelles techniques?
Il existe différentes approches, basées soit sur des catégories de vaccins éprouvées soit sur des techniques plus innovantes.
Certaines équipes travaillent sur des types de vaccins classiques qui utilisent un virus « tué »: ce sont les vaccins « inactivés » (comme ceux des Chinois Sinovac et Sinopharm).
Il y a également des vaccins dits « sous-unitaires », à base de protéines (des antigènes) qui déclenchent une réponse immunitaire, sans virus.
D’autres vaccins, dits « à vecteur viral », sont plus innovants: on utilise comme support un autre virus qu’on transforme et adapte pour combattre le Covid-19.
C’est la technique choisie par l’université d’Oxford et les Russes, qui utilisent des adénovirus (famille de virus très courants).
Enfin, d’autres projets novateurs sont basés sur des vaccins « à ADN » ou « à ARN », des produits expérimentaux utilisant des morceaux de matériel génétique modifié. C’est le cas de ceux de Moderna et de BioNTech/Pfizer.
« Plus on a de candidats avec des techniques différentes, plus on a de chances d’aboutir à un vaccin qui marche et est bien toléré », a expliqué à l’AFP Daniel Floret, vice-président de la Commission technique des vaccinations de la Haute autorité de santé (HAS) française.
Quels résultats?
Pour l’instant, seuls des résultats préliminaires (phases 1 et/ou 2) ont été publiés dans des revues scientifiques. Les derniers en date, parus vendredi dans la revue The Lancet Infectious Diseases, sont ceux du vaccin chinois de Sinopharm.
D’autres étaient sortis ces dernières semaines, concernant le vaccin russe et ceux de l’université d’Oxford, du Chinois CanSino ou de Moderna.
Globalement, ces résultats sont jugés encourageants et montrent que les vaccins en question provoquent une bonne réponse immunitaire.
Pour autant, il est beaucoup trop tôt pour en tirer des conclusions.
Pour être fixé, « il faut que les essais de phase 3 aillent à leur terme et qu’on ne base pas l’analyse sur des résultats intermédiaires, aussi bien sur les questions de tolérance que d’efficacité », dit à l’AFP l’immunologiste Alain Fischer.
C’est d’autant plus vrai que de nombreuses inconnues planent sur les mécanismes d’immunité contre le Covid-19, avec quelques cas de réinfection qui commencent à être signalés.
Toujours plus vite?
Partout dans le monde, les procédures ont été accélérées de façon inédite. Et une bataille à distance oppose la Chine, les Etats-Unis de Donald Trump et la Russie de Vladimir Poutine.
Début août, Vladimir Poutine a claironné que son pays avait développé le premier vaccin contre le Covid-19, avant même la publication des résultats préliminaires et l’entrée dans la phase 3.
Donald Trump, lui, espérait qu’un vaccin soit autorisé avant l’élection présidentielle américaine du 3 novembre.
Mais début octobre, l’Agence américaine des médicaments (FDA) a fixé des critères de durée des essais qui rendent matériellement improbable une conclusion dans les prochaines semaines. Cela a agréablement surpris les plus critiques des experts, qui pensaient que la FDA plierait l’échine.
Du point de vue économique, des levées de fonds internationales ont été lancées par les Etats et de grosses fondations. Cela permet aux entreprises de mettre en place le processus industriel de fabrication de leur vaccin en même temps qu’elles travaillent à son élaboration, deux étapes d’habitude distinctes.
« Ce qui est différent avec les vaccins contre le Covid-19, c’est que les délais de développement et d’approbation potentielle sont bien plus rapides à cause de l’urgence de santé publique », explique l’Agence européenne du médicament (EMA) sur son site internet.
Vitesse contre sécurité?
« Les exigences de sécurité pour les vaccins contre le Covid-19 sont les mêmes que pour les autres et ne seront pas abaissées en raison de la pandémie », assure l’EMA.
Car aller trop vite dans les essais cliniques « peut poser problème » en terme de sécurité, souligne Daniel Floret.
« Tout le monde souhaite qu’un vaccin soit disponible dans de bonnes conditions le plus vite possible, mais on ne doit pas confondre vitesse et précipitation: il faut se donner le temps d’une analyse complète, rigoureuse et transparente », insiste le Pr Fischer.
Deux essais de phase 3 ont été suspendus ces dernières semaines pour des raisons de sécurité.
Début septembre, celui d’Oxford/AstraZeneca a été interrompu en raison d’une maladie inexpliquée chez un participant. Il a repris après quelques jours au Royaume-Uni et dans d’autres pays, mais pas aux Etats-Unis.
Lundi, le groupe pharmaceutique Johnson & Johnson, à son tour, a annoncé la suspension de son essai, là encore « en raison d’une maladie inexpliquée ».
Dans les deux cas, l’essai a été suspendu pour vérifier si ces maladies étaient liées au vaccin ou à autre chose. C’est pourquoi ces interruptions ne doivent pas être vues comme une mauvaise nouvelle, mais au contraire comme un point rassurant, selon les experts.
« Cela montre que le processus de surveillance de la sécurité des participants fonctionne bien, ce qui est un motif de confiance », juge le Pr Stephen Evans (London School of Hygiene & Tropical Medicine), cité par l’organisme britannique Science Media Centre (SMC).
Pour concilier vitesse et sécurité, l’EMA a mis sur pieds une procédure accélérée: elle lui permet d’examiner les données de sécurité et d’efficacité des vaccins au fur et à mesure de leur parution, avant même qu’une demande formelle d’autorisation soit déposée par le fabricant.
Deux projets de vaccin sont soumis à cet « examen continu » depuis début octobre, ceux d’Oxford/AstraZeneca et de BioNTech/Pfizer. Moderna espère devenir bientôt le troisième.
À quand un vaccin?
« On ne sait pas si des vaccins contre le Covid-19 seront approuvés et combien de temps cela prendra, car il est difficile de prévoir un calendrier », avance prudemment l’EMA.
Mais certaines entreprises pharmaceutiques, qui ont un intérêt économique à le dire, jurent que c’est possible avant la fin 2020.
« Je pense que là, oui, on va un peu trop vite », a commenté lundi sur la chaîne LCI l’épidémiologiste Arnaud Fontanet, membre du Conseil scientifique qui guide le gouvernement français.
« Il y a les autorisations réglementaires, la production, tout ça qui doit suivre. Donc deuxième semestre 2021, pour moi, au mieux », a-t-il dit.
Début septembre, l’OMS avait indiqué ne pas s’attendre à une vaccination généralisée contre le Covid-19 avant la mi-2021.
« Si on y arrive à cette échéance, ce sera déjà un sacré prodige », alors que cela prend d’habitude plusieurs années, renchérit Daniel Floret.
Et dans le pire des scénarios, il reste possible qu’on n’arrive jamais à mettre un vaccin au point.
Quel vaccin contre la défiance?
Même si les recherches aboutissent à plus ou moins longue échéance, il restera une ultime question, de taille: les gens accepteront-ils de se faire vacciner, dans un contexte de défiance grandissante?
Selon une étude parue mercredi dans la revue britannique Royal Society Open Science, une part non négligeable de la population de certains pays croit à des théories complotistes sur le Covid-19, qui augmentent la méfiance envers la vaccination.
Par exemple, la fausse affirmation selon laquelle la pandémie « fait partie d’un plan pour imposer la vaccination mondiale » est jugée fiable par 22% des Mexicains sondés pour cette étude.
Ces fausses théories sont propagées sur les réseaux sociaux.
« Les gouvernements et les sociétés de technologie devraient chercher le moyen d’améliorer l’éducation aux médias numériques dans la population. Sinon, développer un vaccin pourrait ne pas être suffisant », a commenté l’un des auteurs de cette étude, Sander van der Linden, chercheur en psychologie sociale à l’université de Cambridge (Angleterre).
Monde
Brésil : Lula annonce un nouveau plan contre la déforestation de l’Amazonie

Le président brésilien a fait de la protection de l’environnement l’une de ses priorités et compte mettre fin à la déforestation illégale d’ici 2030.
Il s’agit de l’une des priorités depuis son retour au pouvoir. Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a présenté lundi 5 juin un nouveau plan de lutte contre la déforestation illégale en Amazonie.
« Le Brésil, en particulier grâce à la forêt amazonienne, a une grande importance dans l’équilibre climatique de la planète […], empêcher la déforestation de l’Amazonie, c’est aussi aider à réduire le réchauffement global », a déclaré Lula lors d’une réception au palais présidentiel à Brasilia.
Ce plan signe le retour de la thématique en tant que « priorité, après quatre dans l’indifférence et l’abandon », a-t-il ajouté, à l’occasion de la Journée mondiale de l’environnement. Le président de gauche, accompagné notamment de sa ministre de l’Environnement Marina Silva, faisait alors référence au mandat de l’ex-dirigeant d’extrême droite Jair Bolsonaro (2019-2022), durant lequel la déforestation annuelle moyenne a grimpé de 75 % par rapport à la décennie précédente.
Un plan ralenti par l’opposition
Le programme annoncé par Lula reprend celui créé en 2004 au cours de sa première présidence (2003-2006), mais mis en pause par Jair Bolsonaro. Lula, de retour au pouvoir depuis janvier, a fait de la protection de l’environnement l’une de ses priorités, et souhaite voir le Brésil devenir un exemple mondial en réduisant ses émissions de gaz à effet de serre et en mettant fin à la déforestation illégale d’ici 2030.
La présentation du plan intervient cependant une semaine après que le Congrès conservateur a porté plusieurs coups à Lula et à son agenda en la matière. Le ministère de l’Environnement s’est vu retirer par les députés ses compétences en matière de cadastre des terres rurales – levier essentiel pour surveiller et combattre la déforestation illégale – et la gestion des ressources en eau.
Pour l’exécutif, ces revers sont un moindre mal qui peuvent éviter une restructuration complète de l’équipe composée par Lula. Le gouvernement gardera les mêmes priorités malgré ce pas en arrière, a affirmé Marina Silva devant la presse, assurant que tout serait fait en interne « pour que la mise en œuvre (du plan) ne soit pas compromise ».
Europe
Allemagne : l’extrême droite atteint un de ses plus hauts niveaux depuis l’après-guerre

Selon les derniers sondages, le parti Alternative pour l’Allemagne arriverait au coude-à-coude avec les sociaux-démocrates.
Si les élections se déroulaient ces samedi 3 et dimanche 4 juin en Allemagne, le parti Alternative pour l’Allemagne (AFD) serait, selon les derniers sondages, au coude-à-coude avec les sociaux-démocrates du chancelier Olaf Scholz, à environ 18%, derrière la CDU-CSU (29%) mais nettement devant les écologistes (14%). Dix ans après sa création, l’AFD atteint ainsi un niveau que le parti d’extrême droite n’a connu qu’à une reprise, à l’été 2018.
L’AFD profite en premier lieu de l’impopularité de la coalition au pouvoir, dont l’action, dans un contexte d’inflation, de récession et d’inquiétude liée à la guerre en Ukraine, n’est saluée que par un Allemand sur cinq, selon une enquête publiée jeudi 1er juin par la chaîne ARD (en allemand). De leurs côtés, les conservateurs de la CDU-CSU, dans l’opposition depuis le départ d’Angela Merkel, peinent à incarner une alternative.
Si deux électeurs sur trois de l’AfD placent toujours l’immigration au premier rang de leurs préoccupations, le parti d’extrême droite semble tirer profit de son opposition à la politique climatique du gouvernement. Ce positionnement lui permet ainsi d’atteindre un de ses plus hauts niveaux de popularité depuis l’après-guerre.
Europe
Conseil de l’UE: le Parlement demande que la Hongrie n’exerce pas sa présidence

Les députés européens ont voté une résolution demandant de repousser la présidence hongroise du Conseil de l’UE. Ils estiment que la Hongrie n’est pas apte à diriger ni à représenter l’Union européenne.
Les députés européens ont adopté une résolution le jeudi 1er juin, avec 442 voix contre 144, appelant les 27 pays membres à reporter la présidence hongroise du Conseil de l’UE. Ils expriment leurs inquiétudes concernant l’État de droit en Hongrie et soulignent l’incapacité présumée du gouvernement hongrois à assumer la présidence, à proposer des compromis, à établir des priorités communes et à représenter l’Union européenne.
C’est pourtant ce que la Hongrie devra faire, d’autant qu’elle prend la présidence le 1er juillet 2024, à une date cruciale, juste après les élections européennes et donc au moment du choix des nouveaux présidents des institutions communes.
Les députés soulignent que l’ordre des présidences semestrielles, bien que fixé des années à l’avance, a déjà été chamboulé plusieurs fois, dernièrement pour cause de Brexit et auparavant pour cause d’adhésion de nouveaux États membres dans l’UE.
Si les 27 refusent de repousser la présidence hongroise, certains députés proposent de faire de ces six mois une plateforme pour l’opposition magyare au Parlement européen, de refuser d’organiser des rencontres ou des conférences de presse avec la présidence et surtout de refuser les négociations informelles sur les textes législatifs et de tout soumettre à de longues procédures de vote.
-
CultureEn Ligne 5 jours
Décès : l’humoriste Guillaume Bats est mort à l’âge de 36 ans
-
PolitiqueEn Ligne 5 jours
Eric Ciotti souhaite rendre publics les noms des personnes arrêtées en possession de stupéfiants
-
FranceEn Ligne 5 jours
Le ministre du Travail OIivier Dussopt sera jugé pour « favoritisme » en novembre prochain
-
EuropeEn Ligne 6 jours
Conseil de l’UE: le Parlement demande que la Hongrie n’exerce pas sa présidence
-
PoussanEn Ligne 2 jours
Crise Financière à Poussan : la directrice générale des services, quitte le navire !
-
OccitanieEn Ligne 7 jours
Face à la Nupes, Carole Delga propose une revitalisation audacieuse de la gauche
-
HéraultEn Ligne 1 jour
Hérault : nouvelle aide à la restauration pour les collégiens
-
FranceEn Ligne 7 jours
Perquisition à l’IHU de Marseille : les pratiques de Didier Raoult remises en question