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Une décharge nucléaire oubliée refait surface dans l’Atlantique

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Plus de 3 000 fûts de déchets radioactifs ont été localisés lors d’une mission scientifique inédite, révélant l’ampleur d’une pollution longtemps ignorée.

Une expédition océanographique vient de dresser un premier état des lieux préoccupant dans les profondeurs de l’Atlantique Nord-Est. À plus de 4 000 mètres sous la surface, les chercheurs ont identifié et cartographié près de 3 350 conteneurs métalliques contenant des résidus radioactifs, vestiges d’une pratique aujourd’hui interdite. Ces fûts, immergés entre 1946 et 1993 par plusieurs pays européens, présentent des degrés de dégradation variables, certains apparaissant encore intacts quand d’autres se sont visiblement disloqués avec le temps.

L’équipe internationale embarquée à bord du navire *L’Atalante* a mobilisé des technologies de pointe pour cette mission baptisée *Nodssum*. Le submersible autonome Ulyx, équipé d’un sonar haute résolution, a permis d’explorer méthodiquement une zone de 163 km² située à mille kilomètres des côtes bretonnes. Les mesures effectuées sur place n’ont pas détecté d’élévation significative de la radioactivité ambiante, un résultat qui tempère provisoirement les inquiétudes sans pour autant les dissiper complètement.

Les scientifiques ont procédé à des prélèvements systématiques – sédiments, organismes marins et eau – qui feront l’objet d’analyses approfondies dans les mois à venir. Ces investigations détermineront si des substances radioactives ont pu s’échapper des fûts et contaminer l’écosystème abyssal. Une seconde campagne est déjà envisagée pour étudier de plus près la faune colonisant ces structures métalliques, notamment les anémones qui y prolifèrent.

Si la remontée des fûts semble exclue en raison de coûts prohibitifs et de risques opérationnels majeurs, cette mission ouvre une ère nouvelle de surveillance régulière de ces dépôts sous-marins. Près de trente ans après l’interdiction des immersions de déchets nucléaires, la communauté scientifique commence seulement à évaluer les conséquences à long terme de cette pratique héritée d’une époque où la traçabilité et les précautions environnementales n’étaient pas prioritaires. Les résultats définitifs, attendus d’ici à 2026, éclaireront les décisions sur la nécessité – ou non – d’interventions futures.

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