Monde
Un terrain de jeu face au béton, l’ultime soupir d’un camp palestinien
Dans le camp d’Aïda, en Cisjordanie, un modeste terrain de football synthétique est devenu un symbole. Menacé de destruction par les autorités israéliennes, il représente pour des centaines d’enfants et de jeunes l’unique espace de liberté face au mur de séparation.
Les cris joyeux d’une cinquantaine d’enfants résonnent sur le gazon vert, contrastant avec la masse grise du mur de béton qui le borde. Dans le camp de réfugiés d’Aïda, à proximité de Bethléem, ce terrain de football est bien plus qu’une simple aire de jeu. Pour ses habitués, il constitue un refuge, un lieu où s’échapper de l’étroitesse des ruelles surpeuplées. Des garçons en maillot y affinent leurs dribbles, insouciants de la barrière de huit mètres qui marque la limite avec Israël.
L’existence de ce lieu est désormais suspendue à une décision administrative. Début décembre, une note de l’administration civile israélienne, organe du ministère de la Défense, a été apposée à l’entrée. Elle ordonne la démolition de l’installation, jugée construite sans autorisation dans une zone réglementée le long de la clôture de sécurité. Une annonce qui a provoqué consternation et incompréhension parmi les habitants.
Pour le directeur sportif du club local, ce terrain est vital. Plus de cinq cents jeunes s’y entraînent régulièrement. Il évoque avec fierté les équipes qui ont pu voyager à l’étranger grâce à cette structure, offrant une bouffée d’air bienvenue. Un jeune espoir de dix-huit ans, en lice pour intégrer la sélection nationale, confie que ce gazon lui a offert sa chance. Sans lui, ses rêves de carrière n’auraient sans doute jamais pris forme.
Les responsables palestiniens contestent le caractère illégal du site. Ils affirment que la municipalité de Bethléem, après avoir loué le terrain à l’Église arménienne propriétaire des lieux, en a confié la gestion au comité du camp en 2021. Un recours déposé par l’Église serait en cours d’examen, selon l’armée israélienne, qui justifie sa procédure par le respect des ordonnances militaires en vigueur dans le secteur.
Au-delà du dossier juridique, c’est la dimension humaine qui est mise en avant par les résidents. Le camp d’Aïda, comme d’autres, s’est transformé au fil des décennies en un dense quartier de béton où s’entassent plusieurs milliers de personnes. Les espaces de respiration y sont rares. Le président du comité populaire du camp souligne l’absurdité de la situation privant les enfants de leur seul lieu de rassemblement et d’évasion.
La situation sécuritaire en Cisjordanie, exacerbée depuis les événements de Gaza, complique encore l’accès aux loisirs. Les check-points se sont multipliés, rallongeant démesurément des trajets pourtant courts à vol d’oiseau. Une équipe de Ramallah a récemment mis six heures pour parcourir une vingtaine de kilomètres afin de disputer un match à Aïda.
Sur le bord du terrain, un entraîneur observe ses protégés. Il reconnaît le sentiment d’enfermement que procure la proximité du mur, mais insiste sur l’essentiel préserver cet îlot de normalité. Sa crainte, partagée par toute la communauté, est que la destruction de ce rectangle de gazon synthétique n’emporte avec lui bien plus qu’un équipement sportif. Elle signifierait l’anéantissement des aspirations simples de toute une génération grandie à l’ombre du béton.
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