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Un scrutin présidentiel ivoirien sous le signe de l’apaisement et de la morosité

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Les bureaux de vote ont ouvert dans un climat globalement serein pour cette élection présidentielle, marquée cependant par une participation contrastée et une opposition affaiblie par l’exclusion de ses figures de proue.

Les Ivoiriens se sont rendus aux urnes ce samedi pour désigner leur président dans un environnement électoral apaisé, bien que l’enthousiasme des citoyens soit resté modéré. Le scrutin s’annonçait comme une formalité pour de nombreux observateurs, le chef de l’État sortant Alassane Ouattara, au pouvoir depuis plus d’une décennie, faisant figure de favori incontesté face à une opposition fragmentée et privée de ses principaux leaders. Près de neuf millions d’électeurs étaient appelés à choisir parmi cinq prétendants à la magistrature suprême dans cette nation, premier producteur mondial de cacao et îlot de stabilité dans une région confrontée à l’instabilité.

La fréquentation des bureaux de vote a présenté des disparités significatives à travers le territoire. Le nord du pays, traditionnellement acquis au président sortant, a enregistré une mobilisation soutenue, tandis que le sud, plus favorable à l’opposition, a connu une abstention marquée avec de nombreux bureaux quasiment vides. Cette dichotomie reflète les divisions politiques persistantes au sein de la population. Certains électeurs ont exprimé leur désillusion, jugeant inutile de participer à un scrutin dont les principaux challengers avaient été écartés, tandis que d’autres ont souligné l’importance d’exercer leur droit de vote pour l’avenir du pays.

L’absence des deux figures majeures de l’opposition, l’ancien président Laurent Gbagbo et le banquier Tidjane Thiam, invalidés par le Conseil constitutionnel pour des raisons distinctes, a considérablement modifié la dynamique du scrutin. Leurs soutiens ont dénoncé tout au long du mois d’octobre ce qu’ils qualifient d’exclusion arbitraire, organisant des manifestations que les autorités ont systématiquement interdites au nom de la préservation de l’ordre public. Plusieurs centaines d’arrestations et des condamnations pénales ont ponctué cette période préélectorale, suscitant des critiques de la part des organisations de défense des droits humains.

Malgré quelques incidents localisés impliquant le vol de matériel électoral et des heurts entre forces de l’ordre et manifestants dans certaines localités du sud et de l’ouest, le déroulement général du vote a été qualifié de satisfaisant par les responsables électoraux. La Commission électorale indépendante a salué le caractère marginal des perturbations, tandis que le président sortant a appelé ses concitoyens à voter massivement et pacifiquement. Cette élection revêtait une importance particulière dans un pays encore marqué par les violences postélectorales des scrutins précédents, même si le bilan de cette consultation apparaît moins lourd en termes de victimes.

Face à Alassane Ouattara, quatre candidats d’opposition se sont présentés sans parvenir à fédérer un front commun ni disposer des moyens de campagne équivalents à ceux du pouvoir en place. L’ancienne Première dame Simone Gbagbo, l’ex-ministre Jean-Louis Billon, le souverainiste Ahoua Don Mello et l’opposante modérée Henriette Lagou ont constitué un paysage concurrent éclaté. Si le bilan économique des années Ouattara est généralement salué, y compris par certains détracteurs, les préoccupations concernant le coût de la vie et les inégalités sociales demeurent des sujets de mécontentement.

Les opérations de vote se sont achevées en fin de journée, et les résultats définitifs sont attendus dans les prochains jours. La perspective d’une victoire dès le premier tour du président sortant semble partagée par la plupart des analystes politiques, qui pointent l’absence de rival capable de contester sérieusement sa réélection.

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