L’État actionnaire mise sur Bernard Fontana, actuel dirigeant de Framatome, pour piloter EDF et accélérer le vaste chantier de la relance du secteur nucléaire. Luc Rémont, en poste depuis deux ans, ne sera pas reconduit.
Le gouvernement français a décidé de tourner la page Luc Rémont à la tête d’EDF. Ce dernier, nommé en novembre 2022 en pleine crise énergétique, ne sera pas reconduit dans ses fonctions. Emmanuel Macron a jeté son dévolu sur Bernard Fontana, actuel directeur général de Framatome, filiale d’EDF spécialisée dans les équipements nucléaires. Cette nomination, qui doit encore être validée par le Parlement, vise à donner un nouvel élan au programme de construction de six réacteurs EPR2, annoncé en grande pompe en 2022.
Bernard Fontana, à la tête de Framatome depuis 2015, incarne un profil industriel expérimenté, capable de mener à bien des projets d’envergure. Le Premier ministre François Bayrou a salué son expertise, soulignant sa capacité à diriger des équipes et à accélérer les chantiers. Cette nomination s’inscrit dans un contexte où l’État actionnaire exige une meilleure maîtrise des coûts et des délais, après les déboires du chantier de l’EPR de Flamanville, marqué par des retards et des dépassements budgétaires.
Luc Rémont, quant à lui, quitte ses fonctions après avoir contribué à redresser la production du parc nucléaire existant et à restaurer la rentabilité d’EDF, désormais entièrement contrôlée par l’État. Malgré ces avancées, l’exécutif estime qu’il est temps de passer la main pour accélérer le programme nucléaire. Une source gouvernementale a insisté sur le fait que ce départ ne constitue pas une sanction, mais répond à la nécessité de disposer d’un profil plus adapté aux enjeux industriels actuels.
Cette décision intervient alors que les relations entre EDF et ses principaux clients industriels se sont tendues ces derniers mois, en raison de tarifs jugés trop élevés. L’État, soucieux de préserver la compétitivité des entreprises françaises, a dû intervenir pour apaiser les tensions. Cependant, la nomination de Bernard Fontana se concentre avant tout sur les défis industriels, et non sur les questions commerciales.
Du côté des syndicats, cette transition suscite des réactions mitigées. Alexandre Grillat, secrétaire général de la CFE-Energie, a regretté la brièveté du mandat de Luc Rémont, soulignant qu’une gouvernance de long terme est essentielle pour un groupe comme EDF. Néanmoins, il a reconnu que le choix de Bernard Fontana, issu du secteur nucléaire, était rassurant.
Avec cette nomination, l’État espère donner un coup d’accélérateur à un projet pharaonique, dont les premiers bétons devraient être coulés rapidement après une décision d’investissement finale prévue pour 2026. L’objectif est clair : éviter les erreurs du passé et garantir la réussite de ce chantier stratégique pour l’avenir énergétique de la France.