Un fragile répit s’installe à la frontière afghano-pakistanaise

Après plusieurs jours de tensions armées, les populations frontalières retrouvent un semblant de vie normale tandis que les deux pays ont conclu un nouvel accord de cessez-le-feu.

Les points de passage entre l’Afghanistan et le Pakistan demeurent fermés, mais une accalmie perceptible règne désormais dans les zones frontalières. Les commerçants ont rouvert leurs échoppes, les boulangers façonnent à nouveau leur pain et la circulation des clients a repris dans les marchés locaux. Cette normalisation relative fait suite à un deuxième accord de cessation des hostilités conclu entre Kaboul et Islamabad, mettant temporairement fin à une semaine d’échanges de tirs qui avaient contraint les habitants à se calfeutrer.

Les violences avaient éclaté après les explosions survenues début octobre dans la capitale afghane, incidents que les autorités talibanes avaient imputés au Pakistan. En représailles, elles avaient lancé des opérations militaires le long de la frontière, provoquant une réponse armée d’Islamabad. Un premier cessez-le-feu, conclu après une journée d’affrontements ayant causé la mort de civils, n’avait tenu que quarante-huit heures avant d’être rompu selon les accusations afghanes.

Le Pakistan justifie ses frappes par la nécessité de cibler des groupes armés qu’il accuse de trouver refuge en territoire afghan avant de mener des attaques sur son sol – allégations fermement rejetées par le gouvernement taliban. Les deux parties ont finalement accepté un nouveau cessez-le-feu dimanche dernier, suscitant un soulagement palpable parmi les populations frontalières dont la survie économique dépend étroitement des échanges transfrontaliers.

À Torkham, poste-frontière crucial reliant le Pakistan à la province afghane de Nangarhar, des centaines de poids-lourds aux couleurs vives demeurent immobilisés. Un vendeur de thé circule entre les véhicules bloqués depuis une semaine, apportant un peu de réconfort aux chauffeurs en attente. Les douanes pakistanaises recensent plus de 1 500 camions et conteneurs chargés de ciment, médicaments, riz et autres denrées essentielles dans cet embouteillage frontalier.

Côté afghan, les exportations de fruits et légumes vers le Pakistan subissent des pertes considérables en raison de la fermeture prolongée des postes-frontières. Des tonnes de produits périssables risquent la détérioration, menaçant la stabilité des marchés et aggravant le chômage dans ces régions où les alternatives économiques sont rares. Les transactions commerciales bilatérales représentaient récemment plus d’un milliard de dollars d’exportations pakistanaises contre 538 millions d’importations en provenance d’Afghanistan.

Les habitants expriment leur incompréhension face à ces tensions entre deux nations qu’ils estiment liées par des affinités culturelles et religieuses. « Pourquoi des frères s’affrontent-ils alors qu’hier encore nous commerçions pacifiquement » s’interroge un commerçant local. À Spin Boldak, théâtre d’affrontements meurtriers la semaine dernière, comme à Chaman côté pakistanais, les travailleurs frontaliers appellent leurs gouvernements respectifs à instituer des mécanismes durables de résolution des conflits.

L’accord de cessez-le-feu négocié au Qatar prévoit effectivement l’établissement de tels dispositifs pour consolider une paix durable, bien que leurs modalités précises n’aient pas encore été dévoilées. Pour l’heure, les populations frontalières se contentent de cet apaisement précaire tout en nourrissant l’espoir que cette trêve marque le début d’une normalisation définitive des relations entre les deux pays voisins.