Nous rejoindre sur les réseaux

Planète

Un fragile équilibre entre traditions et science pour sauver l’achoque mexicain

Article

le

Au cœur du Michoacan, une alliance inédite unit chercheurs et communautés locales pour préserver une salamandre aux étonnantes capacités de régénération.

Dans les eaux troubles du lac Patzcuaro, une collaboration singulière se tisse entre scientifiques et pêcheurs indigènes autour d’un amphibien hors du commun. L’achoque, salamandre endémique aux branchies plumeuses et à la peau tachetée, suscite autant l’intérêt des biologistes pour ses propriétés régénératives que l’inquiétude des écologues face à son déclin accéléré. Classée en danger critique d’extinction, l’espèce fait l’objet d’un programme de sauvegarde associant savoir-faire ancestral et techniques modernes.

Froylan Correa, ancien pêcheur reconverti en protecteur de l’espèce, incarne cette symbiose. Lui qui arpentait jadis le lac pour ses prises commerciales traque désormais les précieux œufs de l’amphibien. Ces pontes fragiles sont acheminées vers le laboratoire du Dr Rodolfo Pérez à l’Université Michoacana, où les conditions contrôlées améliorent considérablement leurs chances de survie. Les juvéniles élevés en captivité retrouvent ensuite les eaux du lac sous la surveillance attentive des habitants de San Jeronimo Purenchecuaro.

Ce projet original compense économiquement les pêcheurs pour leur engagement quotidien. Un défi logistique et financier, comme le reconnaît le Dr Pérez, mais nécessaire face aux exigences de l’espèce. Les achoques demandent en effet une attention permanente, quelles que soient les conditions climatiques ou les impératifs familiaux. Israel Correa, autre acteur clé du programme, insiste sur ce dévouement sans faille.

L’initiative porte ses premiers fruits avec une population stabilisée autour d’une centaine d’individus, chiffre modeste mais encourageant au regard de l’effondrement passé. Le Dr Luis Escalera tempère cependant cet optimisme en rappelant que cette recolonisation ne concerne qu’une infime portion du lac. L’achoque, jadis divinité aquatique dans les mythologies locales avant de devenir remède traditionnel, doit désormais son salut à cette improbable synergie entre science et traditions.

Click to comment

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Les + Lus