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Tanzanie, un scrutin présidentiel sans adversaires

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Les électeurs tanzaniens se rendent aux urnes dans un contexte politique verrouillé, où l’opposition a été méthodiquement écartée du processus électoral.

Les bureaux de vote ont ouvert mercredi en Tanzanie pour des élections générales dépourvues d’incertitude. La présidente sortante Samia Suluhu Hassan, arrivée au pouvoir en 2021 après le décès de son prédécesseur John Magufuli, fait face à une absence de concurrents sérieux. Les principaux leaders d’opposition ont été soit emprisonnés, soit disqualifiés par les autorités électorales.

Le parti Chadema, principale formation d’opposition, a été exclu du processus pour avoir refusé de parapher le code électoral. Son dirigeant Tundu Lissu purge une détention préventive pour des accusations de trahison, un crime passible de la peine capitale. L’unique autre candidat crédible, Luhaga Mpina de l’ACT Wazalendo, a été écarté pour des motifs procéduraux.

La situation politique se caractérise par un durcissement notable des méthodes gouvernementales. Plusieurs observateurs internationaux relèvent une recrudescence des arrestations arbitraires et des disparitions forcées visant les critiques du régime. Le barreau du Tanganyika documente quatre-vingt-trois cas de disparitions en Tanzanie continentale depuis l’accession au pouvoir de l’actuelle présidente.

Le climat préélectoral a suscité des inquiétudes au sein de la communauté internationale. Amnesty International a récemment dénoncé une campagne de répression systématique incluant des actes de torture et des exécutions extrajudiciaires. Les médias étrangers n’ont pour la plupart pas obtenu l’autorisation nécessaire pour couvrir le scrutin sur le territoire tanzanien.

L’actuelle cheffe de l’État, initialement perçue comme une réformatrice après l’autoritarisme de son prédécesseur, semble désormais s’inscrire dans la continuité de sa politique. Aucune épuration significative n’a touché les services de renseignement, pourtant connus pour leurs méthodes musclées sous l’ancien régime.

L’économie nationale affiche pourtant des performances notables avec une croissance de 5,5 pourcent l’an dernier, portée par les secteurs minier, agricole et touristique. La campagne électorale a été marquée par des promesses ambitieuses incluant un système de santé universel et d’importants projets d’infrastructures.

Les autorités affirment avoir pris toutes les dispositions pour garantir la sécurité durant le vote. Des arrestations préventives ont déjà été opérées dans la région de Kagera, tandis que la police se dit prête à faire face à d’éventuels troubles. Le parti au pouvoir, le CCM, avait remporté quasiment la totalité des sièges lors des précédentes élections locales, un résultat vivement contesté par les formations d’opposition.

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