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Tanzanie. Un bilan humain contesté dans la foulée du scrutin présidentiel

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Les allégations de l’opposition faisant état de plusieurs centaines de morts sont fermement rejetées par les autorités, qui évoquent des actes de violence localisés.

Le principal parti d’opposition tanzanien affirme que près de sept cents personnes ont perdu la vie lors des récentes manifestations post-électorales. Ces chiffres, avancés par le porte-parole de Chadema, n’ont reçu aucun écho officiel. Le gouvernement, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, dément catégoriquement toute utilisation disproportionnée de la force et conteste l’existence même de ce bilan.

Les tensions se sont exacerbées mercredi, jour du double scrutin présidentiel et législatif, marqué par l’absence des principaux concurrents de la présidente sortante Samia Suluhu Hassan. Des heurts ont éclaté à Dar es Salam, où des centaines de manifestants ont incendié un poste de police, avant que le mouvement ne gagne d’autres régions. Des tirs nourris ont été rapportés par des témoins dans la capitale économique.

Les autorités restent discrètes sur le nombre de victimes, tandis que des sources diplomatiques et sécuritaires évoquent des centaines de décès, qualifiant les estimations de l’opposition de plausibles. Un chercheur d’Amnesty International souligne que les forces de l’ordre surveillent les établissements de santé pour contrôler l’information relative aux pertes humaines.

La fracture entre les versions officielle et oppositionnelle s’accentue avec le maintien de la coupure d’internet, justifiée par le pouvoir comme une mesure contre la propagation de rumeurs. Plusieurs hôpitaux refusent de communiquer des données, compliquant toute vérification indépendante. Le Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU a exhorté les forces tanzaniennes à la retenue, tout en faisant état d’une dizaine de morts selon des sources qu’il juge fiables.

Le processus électoral, dont le dépouillement se poursuit, est vivement contesté. À Zanzibar, la victoire du parti au pouvoir CCM aux locales a été rejetée par l’opposition, qui dénonce des irrégularités et réclame un nouveau vote. L’ACT-Wazalendo, seul parti d’opposition autorisé à participer sur l’île, voit son candidat présidentiel empêché de concourir sur le continent. Chadema, pour sa part, boycottait le scrutin, son dirigeant étant poursuivi pour trahison.

Samia Suluhu Hassan, arrivée au pouvoir en 2021 après le décès de son prédécesseur, brigue un mandat en son nom propre. Si elle avait initialement suscité des espoirs d’ouverture, sa présidence est désormais marquée par un durcissement à l’égard des critiques, selon des observateurs. L’armée a qualifié les manifestants de criminels, et le silence de la cheffe de l’État sur les récents événements contraste avec la gravité des allégations en circulation.

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