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« Sous les masques, les rires »: Cabu à l’honneur à Paris

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Ici, « je veux que tout le monde se marre », dit à l’AFP Véronique Cabut en parcourant l’exposition consacrée à Paris à son mari, Cabu, mort dans l’attentat jihadiste contre Charlie Hebdo, où on retrouve son bureau « en bordel », sa Citroën Trèfle bleu et noire et son rire qui résonne par endroits.

« La plus grande des choses qui perpétuera la mémoire de Cabu c’est le rire des visiteurs. Sous les masques, les rires doivent poindre. C’est le remède à la barbarie », insiste la voie chevrotante, Véronique Cabut, devant l’exposition « le Rire de Cabu » qui ouvre vendredi à la mairie de Paris jusqu’au 19 décembre.

Pourtant, l’ambiance est lourde. L’exposition (gratuite), initialement prévue au printemps, a été reportée à l’automne en raison du confinement et se tient en même temps que le procès aux assises qui juge, depuis le 2 septembre, quatorze personnes soupçonnées de soutien logistique aux auteurs des attentats.

Une coïncidence qui a obligé la mairie de Paris à renforcer sa sécurité. « C’est une pression en plus qui nous impose d’être à la hauteur du talent qu’on a perdu », glisse Jean-François Pitet, commissaire de l’exposition et ami de Cabu, assassiné le 7 janvier 2015, à quelques jours de son 77e anniversaire.

Qu’importe. « Bienvenu chez Cabu ! On est chez lui (…) et on découvre des petites pépites », enchaîne M. Pitet. « Cabu gardait tout mais ne rangeait rien », avertissent-ils de concert avec Mme Cabut.

Au total, on retrouve 350 dessins, dont certains sont inédits, sur lesquels Cabu a croqué la France, ses présidents, ses célébrités et ses femmes.

– Pacifiste –

Dès son entrée, le visiteur tombe nez-à-nez avec le bureau reconstitué du dessinateur. « On découvre le bordel de Cabu », sourit, pudique, son épouse. On y trouve des feuilles blanches empilées, des dessins de presse, de l’encre de Chine, des bocaux de gouache, de la colle, une poubelle dans laquelle son épouse a déniché des croquis inédits, une liasse de journaux, « parce qu’il était aussi journaliste », rappelle Véronique Cabut.

Et partout, des messages: « Pas de limite à l’humour qui est au service de l’expression » ou encore « on n’est jamais déçu quand on fait appel à l’intelligence ».

Cabu « dessinait sans cesse, il était toujours dans le dessin d’après », confie Jean-François Pitet.

On découvre ses grands personnages, ses reportages dessinés, ses publications au retour d’Algérie, où il a été mobilisé entre 1958 et 1960, ses dessins au Club Dorothée, au Canard Enchaîné, au magazine Pilote, ses émissions de télévision et ses combats « pour l’écologie, la liberté d’expression, le pacifisme ». Car « il n’y avait pas plus pacifiste que Cabu », assure son épouse.

Cette liberté brandie dès 1972, dans un dessin où on peut lire: « On ne peut plus rigoler avec les anciens combattants, les cancéreux, les femmes, les Arabes, les PD, les sourds, les renards, les cocus, les handicapés ».

« Une équipe qui gagne »

« Toute l’équipe de Charlie Hebdo met un point d’honneur à défendre la liberté d’expression », rappelle un écriteau, non loin de la couverture de l’hebdomadaire satirique qui lui a valu de nombreuses menaces: « Mahomet débordé par les intégristes c’est dur d’être aimé par des cons ».

« Les cons ce sont les intégristes, pas les musulmans », insiste Mme Cabut.

Au-dessus, surplombent les cartes de presse de Cabu. Celles de 2014 et de 2015, arrivée après son décès.

Quelques semaines avant l’attentat, Cabu rencontre François Hollande, alors président de la République, à l’Elysée. Un échange filmé et diffusé dans l’exposition, où on entend le caricaturiste conseiller au président: « ne perdez pas votre humour (…) Vous aurez toujours les gens intelligents avec vous si vous les faites rire ».

« Comme vous dites +C’est dur d’être aimé par des cons+ mais c’est dur aussi d’être aimé par des gens intelligents », réplique le socialiste, sous les éclats de rire de Cabu.

L’exposition finit en rendant hommage aux « copains » tombés sous les balles avec lui: sur un dessin long de plusieurs mètres et en hauteur, on découvre la table de rédaction avec toute l’équipe.

En dessous, le visiteur trouve « un dessin de Maris, un dessin d’Honoré sur Cabu, un dessin de Cabu sur Honoré, la même chose avec Tignous, avec Charb et son grand copain Wolinski », égrène Jean-François Pitet.

Et ce mot: « On ne change pas une équipe qui gagne. »

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