[Sète] La colère sociale monte à l’Île de Thau

Après l’épisode de l’insécurité qui a secoué le quartier depuis quelques mois et qui semble se stabiliser, c’est au tour de la colère sociale de prendre le pas. 

Les chantiers en cours dans le quartier semblent être le point de départ de cette colère. Des habitants du quartier ne comprennent pas pourquoi des ouvriers sont dépêchés de Milhaud (30) avec des frais de déplacement indemnisés alors qu’eux sont sur place et sans emploi. « Normalement il y a des clauses pour les chantiers dans les quartiers prioritaires où nous sommes prioritaires à l’emploi. C’est une honte de voir ça.», nous raconte Said.

Vendredi matin un chantier à l’ancien Bowling a été interrompu lors de la visite des habitants venant clamer leur mécontentement. L’après-midi c’était au tour du Centre Social Gabino de recevoir la visite d’une vingtaine de personnes. Le ton est courtois mais ferme. « On a juste expliqué que ce centre social qui utilise les gens pour l’intérêt de cette municipalité n’a plus sa place ici. C’est le moment tourner la page et de nous proposer autre chose. Du vrai social pour nos enfants par exemple » nous explique un habitant.

« On en veut surtout pas à l’État comme pourrait le faire croire certains mais à cette municipalité qui ne distribue pas l’argent que Paris lui envoi pour les quartiers prioritaires ». « Il y a des millions qui disparaissent et qui ne sont pas investis là ou il faut, comme la loi l’oblige. C’est le moment de faire les comptes et de voir où est l’argent des quartiers prioritaires. », nous explique Amine.

Une Association Inter-Quartiers va voir le jour

C’est inédit à Sète, une association inter quartiers qui réunit les habitants de l’île de Thau et du Centre-ville va voir le jour. « On va se battre pour eux et après ils se battront pour nous. Fini les problèmes entre nous. Ensemble pour se faire entendre des politiques maintenant ». « Ça fait plaisir de voir tout le monde réunis. On prend plaisir à ce retrouver », nous expliquent les futurs co-présidents de l’association Amine Sahari Mohamed et Said Douich qui ont grandement participé à cette réconciliation citoyenne entre les quartiers. 

La semaine risque d’être agitée avec plusieurs actions prévues et pas seulement à l’intérieur du quartier. Sentant la pression monter les engins présents sur les chantier ont été déplacés pour éviter qu’il ne soit incendiés « ce n’était pas notre intention » dit, un co-président. « C’est la faim qui parle là, ça ne vas pas durer quelques jours mais des mois cette révolte et bien dans les règles. Nous sommes soudés et ensemble maintenant.», nous raconte un adhérent de la future association.

Des élus, des proches de la municipalité et un haut responsable à la préfecture de Montpellier ont tenté de contacter ces habitants en colère pour éteindre l’incendie rapidement mais sans succès.

Pour rappel plus d’une centaine d’élus ont publié samedi une lettre ouverte à Emmanuel Macron pour réclamer « l’égalité républicaine des quartiers prioritaires ». L’entourage d’Emmanuel Macron s’est exprimé sur le sujet, « Le Président a bien reçu la lettre. Il partage les inquiétudes et les objectifs des signataires » et « demande au gouvernement de recevoir ces élus et de travailler avec eux ».

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