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Roumanie : démission du Premier ministre et montée de l’extrême droite plongent le pays dans l’instabilité

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La démission du chef du gouvernement roumain, suite à la percée électorale des nationalistes, ouvre une période de forte incertitude politique dans ce pays clé de l’Europe de l’Est.

La Roumanie traverse une crise politique majeure après la démission du Premier ministre Marcel Ciolacu, intervenant dans un contexte électoral tendu marqué par la montée en puissance de l’extrême droite. Le scrutin présidentiel a en effet propulsé en tête George Simion, candidat du parti nationaliste AUR, crédité de plus de 40 % des voix au premier tour. Cette situation inédite fragilise la coalition au pouvoir et pourrait conduire à un changement d’orientation politique radical pour ce pays membre de l’Union européenne et de l’Otan.

Le retrait du gouvernement de M. Ciolacu, issu du Parti social-démocrate (PSD), est perçu comme une erreur stratégique par les observateurs. Il laisse le champ libre à George Simion, dont la victoire au second tour le 18 mai lui donnerait les clés pour former un nouvel exécutif, potentiellement en alliance avec des dissidents du PSD. En attendant, l’intérim est assuré par le ministre de l’Intérieur Catalin Predoiu, figure du Parti national libéral (PNL), chargé de gérer les affaires courantes dans un climat de forte tension.

L’élection présidentielle a révélé une profonde fracture dans l’électorat roumain. Le candidat de la coalition au pouvoir, Crin Antonescu, n’a recueilli que 20 % des suffrages, devancé de peu par le maire centriste de Bucarest, Nicusor Dan. Mais c’est bien la percée de George Simion, adepte d’un discours souverainiste inspiré de Donald Trump, qui a marqué les esprits. Opposé à l’aide militaire à l’Ukraine et critique envers les institutions européennes, son éventuelle victoire pourrait redéfinir la position de la Roumanie sur la scène internationale.

Cette crise politique survient dans un contexte économique préoccupant, avec un déficit public record au sein de l’UE (9,3 % du PIB) et un mécontentement croissant face aux affaires de corruption. L’abstention massive des jeunes, qui ont boudé les urnes, ajoute une dimension supplémentaire à cette instabilité. Certains analystes estiment que seule une mobilisation inédite de cette frange de la population pourrait contrecarrer la dynamique de l’extrême droite lors du second tour.

La situation rappelle les tensions post-électorales de novembre dernier, lorsque la victoire contestée de Calin Georgescu, accusé de proximité avec Moscou, avait provoqué une crise institutionnelle. Son exclusion par la Cour constitutionnelle, suite à des soupçons d’ingérence étrangère, avait alimenté un climat de défiance envers les élites politiques. Aujourd’hui, avec l’effritement de la majorité gouvernementale et la possible arrivée au pouvoir d’une formation eurosceptique, la Roumanie s’engage dans une période charnière de son histoire récente.

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