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Pourparlers afghans : des ennemis aux objectifs incompatibles

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Les autorités afghanes et les talibans doivent entamer samedi des négociations de paix inédites, mais il leur sera difficile de passer outre leurs rancunes et le gouffre idéologique qui les sépare après deux décennies de conflit.

L’AFP s’est penchée sur les questions les plus pressantes.

Pourquoi maintenant ?

Le conflit afghan a tué des dizaines de milliers de personnes, dont 2.400 soldats américains, poussé des millions d’autres à fuir, et coûté plus de mille milliards de dollars à Washington.

Frustré par ce qu’il décrit comme les guerres « folles et sans fin » des Etats-Unis, le président américain Donald Trump n’a cessé de répéter qu’il souhaite un retrait total de ses troupes d’Afghanistan.

Les pourparlers de paix « sont clairement motivés par le désir américain de se désengager d’Afghanistan », a expliqué Kate Clark, co-directrice de l’Afghanistan Analysts Network.

« L’objectif principal des Etats-Unis est de partir, ou de partir sans laisser derrière eux un désordre encore plus grand », a-t-elle ajouté.

Washington a signé un accord avec les talibans en février qui entérine le départ des forces étrangères d’Afghanistan d’ici mai 2021, en échange de garanties sécuritaires de la part des insurgés.

Ces derniers, qui contrôlent une grande partie des campagnes afghanes, se sont aussi engagés à débuter des pourparlers de paix avec Kaboul une fois achevé un échange de prisonniers.

Quelle est l’agenda des négociations ?

Les visions des deux camps pour le futur du pays sont aux antipodes, et aucun agenda n’a pour l’instant été fixé.

« Les talibans ont toujours été clairs sur ce qu’ils veulent et c’est un gouvernement islamique pur, ce qui est incompatible avec l’ordre politique actuel, islamique, libéral et démocratique », estime Nishank Motwani, vice-directeur de l’Afghanistan Research and Evaluation Unit, un think tank indépendant basé à Kaboul.

Les talibans ont crié victoire après la signature de leur accord avec Washington, et souvent eu un discours maximaliste : ils se considèrent les dirigeants légitimes du pays, et veulent reprendre le pouvoir.

Les talibans de tout rang « croient fondamentalement que la victoire est à portée de main, et en tant que vainqueurs, ils ne demanderont rien de moins que le pouvoir », poursuit M. Motwani.

Pourtant, dans un éditorial publié en février, le numéro 2 des talibans, Sirajuddin Haqqani, s’était montré optimiste au sujet des « négociations interafghanes ». Certains observateurs ont même suggéré que les rebelles proposeraient de négocier un accord de partage du pouvoir.

« Si nous parvenons à un accord avec l’ennemi étranger, nous devons pouvoir résoudre les désaccords interafghans en discutant », avait écrit M. Haqqani.

Mais peu sont ceux qui font confiance aux talibans, dont le gouvernement radical des années 90 a traumatisé nombre d’Afghans. Les insurgés avaient imposé des châtiments cruels tels que la lapidation des femmes, alors que les filles étaient bannies des écoles.

Les négociateurs de Kaboul veulent que les talibans reconnaissent le gouvernement, décrit par les rebelles comme une marionnette de Washington. Ils souhaitent aussi que les talibans acceptent un cessez-le-feu, garantissent les droits des femmes et reconnaissent les autres progrès faits depuis 2001.

« Ce ne sont que des vœux pieux », déplore M. Motwani.

Quelles chances de réussite?

Enhardis par l’accord américano-taliban, les insurgés n’ont pas l’air prêts à faire des concessions, et le processus durera probablement longtemps.

Les rebelles doivent décider s’ils accepteront une trêve, et un ordre politique pluraliste.

Mais reste à voir s’ils ont accepté ces pourparlers uniquement pour obtenir le départ de leur ennemi principal, les Etats-Unis, selon Kate Clark.

Les autorités afghanes, quant à elle, « ralentissent » le processus et « préféreraient que les troupes américaines restent », note-t-elle.

Et de soupirer : « Les partis du conflit doivent avoir le même objectif, la paix… J’ai peur que ce ne soit pas vraiment le cas cette fois-ci. »

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Europe

Accord UE-Mercosur: von der Leyen veut avancer, un bloc de pays autour de la France entend bloquer

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Accord UE-Mercosur: von der Leyen veut avancer, un bloc de pays autour de la France entend bloquer

À Montevideo, Ursula von der Leyen tente de faire avancer l’accord UE-Mercosur, mais un front de résistance mené par la France menace de le faire échouer.

L’accord de libre-échange entre l’Union européenne (UE) et le Mercosur, un projet ambitieux visant à créer un marché de plus de 700 millions de consommateurs, se trouve à un tournant décisif. Alors que la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s’efforce de finaliser les négociations lors du sommet du Mercosur à Montevideo, une coalition de pays européens, emmenée par la France, s’emploie à bloquer le processus.

Les discussions autour de cet accord, initiées en 1999, ont récemment connu un regain d’intérêt sous l’impulsion de plusieurs pays clés. Le Brésil, l’Allemagne et l’Espagne notamment, souhaitent conclure avant l’entrée en fonction de Donald Trump, qui menace de renforcer les droits de douane. Le ministre uruguayen des Affaires étrangères, Omar Paganini, a évoqué des « détails minimes » restant à régler, laissant entendre que l’accord pourrait être scellé dès vendredi. Cependant, la réalité des négociations est plus complexe.

Von der Leyen, optimiste quant à la finalisation de l’accord, a posté sur X : « La ligne d’arrivée est en vue. Travaillons ensemble, franchissons-la. » Pourtant, cette perspective est loin de faire l’unanimité. En France, le président Emmanuel Macron a clairement exprimé son opposition, déclarant que l’accord est « inacceptable en l’état ». Il a réitéré son engagement à défendre la « souveraineté agricole » française, une position soutenue par l’Elysée sur les réseaux sociaux.

Cette opposition n’est pas isolée. La France a réussi à rallier d’autres pays européens à sa cause. Le Premier ministre polonais, Donald Tusk, et l’Italie, par la voix de ses sources gouvernementales, ont également manifesté leur désapprobation. Ces pays exigent des garanties supplémentaires pour protéger leurs secteurs agricoles, craignant une concurrence déloyale de la part des produits sud-américains. Pour bloquer l’accord, il suffirait que la France et trois autres pays représentant plus de 35% de la population de l’UE s’y opposent.

Les défenseurs de l’accord mettent en avant les avantages économiques, notamment pour les exportateurs européens qui pourraient bénéficier de nouveaux débouchés, et l’importance de ne pas laisser le champ libre à la Chine. Toutefois, les critiques, principalement des ONG et des mouvements de gauche, soulignent les risques environnementaux, notamment l’accélération de la déforestation en Amazonie et l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre. Greenpeace a qualifié le texte de « désastreux » pour l’environnement, privilégiant les profits des entreprises.

En France, les agriculteurs, inquiets de la concurrence que pourrait engendrer cet accord, ont multiplié les manifestations pour exprimer leur désaccord. La tension autour de cet accord illustre les divergences d’intérêts entre les besoins économiques à court terme et les considérations écologiques et sociales à long terme.

L’avenir de l’accord UE-Mercosur dépendra donc non seulement des négociations techniques, mais aussi de la capacité des pays européens à concilier leurs intérêts divergents. La conférence de presse conjointe prévue à l’issue du sommet pourrait apporter des éclaircissements, mais il est clair que la route vers la ratification est encore semée d’embûches.

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Grève au journal britannique The Guardian contre la vente de son édition dominicale

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Grève au journal britannique The Guardian contre la vente de son édition dominicale

En réponse à la vente potentielle de The Observer, les journalistes du Guardian et de son édition dominicale entament une grève inédite depuis un demi-siècle.

Les journalistes du journal britannique The Guardian, ainsi que ceux de son édition du dimanche, The Observer, se sont mobilisés pour une grève de 48 heures, un événement marquant car il s’agit de la première action de ce type en plus de cinquante ans. Cette grève, qui coïncide avec le 233ème anniversaire de la première parution de The Observer, vise à contester la décision du Guardian Media Group (GMG) de vendre ce vénérable hebdomadaire à Tortoise Media, un site d’actualité lancé en 2019.

Le GMG avait annoncé en septembre dernier son intention de céder The Observer, reconnu par le Guinness World Records comme le plus ancien journal dominical au monde. Le syndicat National Union of Journalists (NUJ) a réagi avec vigueur, appelant à cette grève pour exprimer le mécontentement général face à ce projet de vente. Laura Davison, secrétaire générale du NUJ, a souligné l’importance de The Observer dans le paysage médiatique britannique et a plaidé pour une réévaluation des options afin de garantir un avenir pérenne pour les deux publications.

La vente à Tortoise Media, dirigé par James Harding, ancien rédacteur en chef du Times et de la BBC, et Matthew Barzun, ancien ambassadeur des États-Unis au Royaume-Uni, soulève des inquiétudes quant à l’avenir éditorial et la ligne directrice de The Observer. Les journalistes craignent que cette transaction ne modifie l’identité unique et la mission de ce journal, qui a été acquis par le Guardian Media Group en 1993.

Cette action syndicale met en lumière les tensions croissantes entre les impératifs économiques des groupes de presse et les aspirations professionnelles des journalistes à préserver l’indépendance et l’intégrité de leur travail. La grève, bien que symbolique, témoigne d’un engagement profond des rédacteurs à défendre un journal qui a marqué l’histoire du journalisme britannique.

Le débat sur l’avenir de The Observer est loin d’être clos, et cette grève pourrait bien être le prélude à des négociations plus approfondies entre les parties prenantes pour trouver une solution qui respecte l’héritage de ce journal emblématique tout en répondant aux défis contemporains de l’industrie des médias.

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Biden gracie son fils Hunter avant de quitter la Maison Blanche

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Biden gracie son fils Hunter avant de quitter la Maison Blanche

Dans un geste inattendu, le président Joe Biden gracie son fils Hunter, malgré ses précédentes promesses de non-intervention. Cette décision soulève des questions sur l’impartialité du système judiciaire américain.

Dans les dernières semaines de sa présidence, Joe Biden a pris la décision controversée de gracier son fils Hunter, impliqué dans des affaires de fraude fiscale et de détention illégale d’arme à feu. Cette action, bien que conforme à la tradition des présidents américains d’accorder des grâces à des proches, remet en question l’intégrité du processus judiciaire et l’indépendance de la justice.

Hunter Biden, âgé de 54 ans, avait plaidé coupable en septembre pour fraude fiscale à Los Angeles, une affaire qui aurait pu lui valoir jusqu’à 17 ans de prison. De plus, il était également confronté à des accusations pour avoir menti sur son addiction aux drogues lors de l’achat d’une arme, un délit passible de 25 ans d’emprisonnement dans l’État du Delaware, où réside la famille Biden.

Joe Biden, dans un communiqué, a défendu la décision en affirmant que son fils a été ciblé uniquement en raison de son lien de parenté avec lui, qualifiant cette poursuite de « sélective et injuste ». Il a souligné que les accusations contre Hunter sont nées après que des opposants politiques au Congrès aient initié des enquêtes visant à attaquer sa présidence.

Cette grâce intervient dans un contexte politique tendu, où le système judiciaire est déjà sous le feu des critiques. Donald Trump, le président élu, a récemment nommé des fidèles à des postes clés au sein du FBI et du ministère de la Justice, ce qui a alimenté les débats sur l’indépendance de ces institutions. L’ironie réside dans le fait que Trump lui-même a promis de gracier les personnes impliquées dans l’assaut du Capitole du 6 janvier 2021, un acte qu’il qualifie d’injustice judiciaire.

Les avocats de Hunter Biden ont toujours maintenu que leur client n’aurait pas été poursuivi s’il n’était pas le fils du président. Hunter a lui-même exprimé son intention de consacrer sa vie à aider ceux qui luttent contre les mêmes problèmes qu’il a affrontés, notamment la dépendance. Il a également remboursé ses arriérés d’impôts et les pénalités associées, bien que l’accord initial pour éviter la prison ait été rompu à la dernière minute.

Cette affaire a été une source de discorde pour la famille Biden, particulièrement pendant cette année électorale où les Républicains ont accusé le fils du président de bénéficier d’un traitement de faveur. La décision de Joe Biden de gracier Hunter, malgré ses précédentes déclarations de non-intervention, pourrait alimenter davantage les critiques sur la politisation du système judiciaire américain et l’utilisation de la grâce présidentielle pour des fins personnelles.

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