Sète
Portrait : Marin-pêcheur, et demain ?
Face à un avenir incertain, le quotidien des marins-pêcheurs se gâte… Des jours de mer
réduits, des subventions supprimées, des conditions de travail « à l’ancienne »… Rencontre avec Sebastien Corlay, marin-pêcheur breton installé à Sète.
Vêtu de son ciré jaune et de ses paires de bottes montantes, Sébastien apparaît à l’avant du chalutier, prêt à lancer la corde pour accoster l’engin. Il est 17h30. Levé depuis deux heures de la matinée, la journée se termine enfin. Entre sommeil éveillé, brouhaha des machines, cris strident des mouettes qui s’accrochent au bateau, et surtout, le ronronnement permanent du moteur : les moments de répit s’y font rares. Sébastien, marin-pêcheur chez Vincent Scotto, propriétaires de plusieurs chalutiers à Sète, s’apprête à retrouver son véhicule. Il est pressé. Il est déjà dix-huit heures, s’il se hâte il lui restera suffisamment de temps pour faire quelques courses, de quoi grignoter en vitesse, et tenter de rattraper quelques heures de sommeil avant le retentissement du prochain réveil. La Bretagne puis la Corse, avant de s’arrêter il y a une dizaine d’années, en bord de méditerranée, et plus exactement dans la ville portuaire de Sète, réputée pour son port de pêche.
Près de 20 ans passés en mer
Cela fait presque vingt années, que Sebastien, trente-quatre ans, passe la majeure partie de ses journées (et pour ainsi dire de ses nuits), en pleine mer, rien d’autre à l’horizon. Un panorama presque enviable. Idéale, la vie de pêcheur ! Mais non. Ce n’est pas tout à fait de cette façon que notre breton perçoit son quotidien. Venu s’installer au départ pour nulle autre raison que la « qualité de vie », caractéristique du sud de la France, Sébastien ne regrette aucunement son choix. « En Bretagne, il y a les marées, alors quand on part c’est pour trois semaines minimum, ici à Sète ils rentrent chaque soir ».
Un fonctionnement à la « vieille école »
Coupé du monde à tous les niveaux : loin de la terre, loin des hommes et loin… du réseau. A l’ère où les comportements «ultras connectés » envahissent les villes, les rues, les places ou les restaurants, les pêcheurs eux en sont encore loin. Fonctionnement à la « vieille école » : pour l’embauche ou le licenciement, on est toujours à l’heure du porte à porte. Les vacances à une condition : trouver un remplaçant… Quant au régime appliqué en matière de congés payés, c’est très simple : ils sont intégrés au chèque de la semaine. Traduction : en période de congés, Sébastien ne perçoit aucun salaire. Papa d’un garçon de neuf ans, Sacha, dont il a une fois été privé pendant plus de six mois après avoir été embauché par un bateau corse… Oui, la mobilité dans la pêche, c’est autre chose. Quand on quitte la méditerranée, on se retrouve en Atlantique, en mer indienne, voire pire selon le type de poissons recherchés. Il n’y a qu’à voir les restrictions en matière de pêche au thon, qui imposent aux thoniers des saisons de pêche bien établies (environ trois semaines par an) qui plus est, durement sanctionnées lorsqu’elles sont dépassées. Des restrictions qui envoient les pêcheurs pendant plus d’un mois à l’autre bout du globe, partir à la recherche du fameux « thon rouge ». Il faut bien satisfaire les asiatiques, gros consommateur de fruits de mer, particulièrement la population japonaise très friande de thon cru…
« Pas de poissons, pas de chèque »
Aujourd’hui, Sebastien vit seul, il ne vit plus à Sète où le foncier est devenu si exorbitant qu’il a été contraint il y deux ans, de déménager à Frontignan. Ville balnéaire déjà moins cotée, à quelques kilomètres. Un réveil qui sonne trente minutes plus tôt, une place de parking à trouver chaque matin, gratuite quand c’est son jour de chance (en habitant à Sète il pouvait rejoindre le port à pied). En cinq ans, Sébastien a vu ses jours de mer réduire un peu plus chaque année (soit exactement 40 jours de mer en moins par rapport à l’an dernier), ses subventions supprimées, et un salaire en chute libre. « S’il n’y avait que ça encore », soupire Sébastien.
Et la santé dans tout ça ? Le visage marqué, Sébastien raconte le quotidien des rafales de vent et de la violence des vagues qui surpassent le chalutier, pour finir dans leurs bottes. En effet, les contraintes sont nombreuses, surtout quand on est breton sur un bateau sétois, conçu en Bretagne. S’en vanter ? Sans façon pour Sébastien, démarche vérifiée et fiable à 100% pour entrer en guerre avec un sétois. Bref, quand on est breton à Sète, mieux vaut se faire « petit ». Puis à quatre sur un bateau au large des côtes, mieux vaut s’entendre : « le temps y passe plus vite ».
Entre passion et précarité…
Profiter du bon vivre en bord de méditerranée, mais à quel prix ? Oui, la réalité des conditions en mer il part en mer pour la première fois. A cette époque il a 14 ans, et il tient à prêter main forte à son père, lui même ancien pêcheur à la retraite. Tel père tel fils… A ce moment la, Sébastien est loin d’imaginer que 20 ans plus tard, il perdra la quasi-totalité de l’audition à l’oreille gauche, après la chute d’un câble en fer de plusieurs tonnes…
Banalisation des risques, précarité… Aujourd’hui, ses aspirations évoluent. Et il y a de quoi. Parmi ses proches marin-pêcheurs : un frère tombé récemment par-dessus bord (ayant échappé de peu à la mort), et son ami José, pêcheur depuis 40 ans a perdu deux de ses doigts à quelques mois de la retraite… Pas de retraite pleine pour José. Suffisant pour repenser ses priorités. Le paradoxe du pêcheur passionné « malgré lui » : « trop passionné pour arrêter, mais plus assez pour continuer ».
Sète
Pontiers Sétois : La grève touche à sa fin
MISE À JOUR : Avancées significatives dans les négociations entre les Pontiers et la Région Occitanie
Dans une récente évolution de la situation, un projet d’accord a été signé par le conseiller régional Sébastien Denaja au nom du Conseil Régional. Ce projet prévoit une augmentation du régime indemnitaire des pontiers, répondant ainsi à leurs revendications pour une revalorisation de leurs fonctions.
La prochaine étape dans cette série de négociations sera une réunion prévue fin octobre, où les pontiers et les syndicats seront reçus pour finaliser cet accord. En conséquence, bien que le préavis de grève ait été suspendu, il demeure en vigueur en attendant la conclusion définitive de cet accord.
La demande de revalorisation des pontiers reste sans réponse, malgré l’urgence des festivités à venir.
La tension monte entre les pontiers du service Dragage, ponts et maintenance portuaire (Dirmer) et la Direction des Ressources Humaines de la Région Occitanie. Suite à une rencontre mercredi avec la DRH, les pontiers n’ont obtenu aucune réponse officielle quant à leur demande de revalorisation liée à leur groupe de fonction. Soit une augmentation nette de 50€ seulement par pontier dans le budget conséquent de la Région Occitanie. Face à ce silence, un préavis de grève, couvrant la période du 28 septembre au 31 décembre 2023, a été déposé par les syndicats CGT et Force Ouvrière.
Les revendications des pontiers s’appuient sur une mise en place récente du régime indemnitaire tenant compte des fonctions, des sujétions, de l’expertise et de l’engagement professionnel (RIFSEEP). Actuellement placés dans le groupe de fonction (GF) 3, ils aspirent à une reclassification en raison de l’évolution de leur métier, particulièrement avec la mise en place du Poste de Commande Centralisé (PCC). Ils estiment que la technicité et l’expertise nécessaires pour opérer le PCC justifient pleinement cette demande de montée en grade.
Aujourd’hui, l’enjeu devient crucial. En effet, Sébastien Denaja, Conseiller Régional dans la majorité de la Présidente Delga, a exhorté les pontiers à ouvrir les ponts ce week-end pour célébrer le 350e anniversaire de la ville. Cette grande initiative prévoit d’accueillir de nombreux bateaux, offrant ainsi aux citoyens et aux touristes une fête mémorable. Toutefois, les pontiers ont clairement fait savoir qu’en l’absence de réponse à leur demande, les ponts resteront fermés durant les festivités.
La détermination des pontiers est palpable. Si aucune réponse n’est donnée d’ici le 15 octobre, ou si cette dernière s’avère négative, ils envisagent de partir en grève illimitée, mettant potentiellement en péril les opérations portuaires pour le reste de l’année.
Les syndicats CGT et Force Ouvrière se disent ouverts à la discussion et attendent un signe de la Région. La balle est désormais dans le camp de la collectivité, et les heures à venir seront décisifs pour l’avenir des pontiers et le bon déroulement des festivités de la ville. Une rencontre est prévue ce jour à 14h30 au Parlement de la Mer à Sète pour tenter de trouver une sortie de crise.
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Frontignan
Sète Agglopôle : Un président désavoué toujours soutenu par Michel Arrouy
Malgré les vents contraires, François Commeinhes peut compter sur l’appui indéfectible du maire de Frontignan, Michel Arrouy.
Ce jeudi, à 17 heures, le conseil communautaire de Sète Agglopôle Méditerranée (SAM) se réunira à Villeyrac, marquant ainsi la rentrée politique pour les élus communautaires. Cependant, les mois récents ont été tumultueux au sein de la SAM, avec un désaveu significatif de la part de certains de ses vice-présidents et des critiques grandissantes envers François Commeinhes, son président.
Au cœur de la controverse se trouve une augmentation de 75 % de la taxe foncière que quatre vice-présidents de la SAM ont rejetée en bloc. De plus, un événement majeur, passé quasiment inaperçu cet été, a exposé la fragilité de la direction de François Commeinhes au sein de cette assemblée communautaire.
En juin 2023, François Commeinhes a demandé aux communes affiliées à la SAM de soumettre au vote de leurs conseils municipaux le transfert de la séquence « éviter, réduire, compenser » (ERC), qui relève actuellement de leur compétence, vers la communauté d’agglomération. Ce transfert a été l’occasion d’évaluer le sentiment général à l’égard de la présidence de François Commeinhes parmi les conseillers municipaux n’appartenant pas à la SAM.
Dans la lignée du mécontentement général envers la gestion de François Commeinhes, les conseillers municipaux des communes ont exprimé ouvertement leur désaccord et ont rejeté ce transfert de compétences. Sur les 14 communes concernées, 6 ont opposé leur refus. Soit quasiment la moitié des communes qui sont contre ce nouveau transfert de compétences à la SAM.
Les conseils municipaux de Mèze, Mireval, Montbazin, Balaruc-le-Vieux, Loupian et Bouzigues se sont tous prononcés contre la volonté de François Commeinhes, généralement en accord avec leur maire. Cependant, à Bouzigues, un fait notable s’est produit lorsque Cédric Raja a cherché à suivre la ligne du président de la SAM. Sa tentative a été violemment rejetée par une courageuse majorité municipale, isolant ainsi le maire de Bouzigues dans sa décision.
Selon nos informations, le motif avancé dans le refus des communes concernées est que de nombreux transferts de compétences profitent à la ville de Sète au détriment des autres communes. De plus, de nombreux problèmes de fonctionnement persistent au sein de la SAM. Ainsi, l’heure ne semble pas venue d’accorder un transfert supplémentaire qui pourrait une fois de plus défavoriser les communes qui se considèrent comme invisibles. Il reste à observer si ce transfert de compétences vers la SAM est juridiquement possible désormais, quand un grand nombre s’y oppose.
Malgré ces revers, François Commeinhes fera sa rentrée rentrée politique à la SAM avec confiance. Le maire affairiste de Sète garde toujours une faible majorité pour faire passé les délibérations discutable dans cette assemblée grâce au soutien indéfectible du maire socialiste de Frontignan, Michel Arrouy, et des conseillers communautaires frontignans qui l’accompagnent. Cette solidarité persistante soulève des questions sur les liens entre les politiciens locaux, en particulier lorsque leurs antécédents politiques sont variés.
Bien que François Commeinhes ait bénéficié du soutien de Robert Ménard lors des élections sénatoriales de 2014, il semble que le maire socialiste de Frontignan n’ait aucun problème à collaborer avec des individus ayant des liens passés avec l’extrême-droite. Il est à rappeler que le maire de Béziers avait annoncé, lors d’un meeting en soutien à Sébastien Pacull à Sète le 21 janvier 2020, qu’il avait contribué à mobiliser les voix des environs de Béziers afin de garantir à François Commeinhes un siège au Palais du Luxembourg. Manifestement, cela ne semble pas poser de problème au maire socialiste de Frontignan quand il s’agit de faire des affaires politiques, bien qu’il soit très enclin à dénoncer la montée de l’extrême droite dans sa commune.
Alors que la SAM traverse une période d’incertitude politique, l’énigme persistante demeure : jusqu’où ira le soutien indéfectible de Michel Arrouy envers François Commeinhes, quel que soit le prix à payer sur le plan politique ? Le conseil communautaire de ce jeudi pourrait donner quelques éléments de réponse à cette énigme politique.
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À LIRE AUSSI > Frontignan : le maire socialiste et les élus écologistes vont trahir les électeurs de gauche
Sète
Team Reilles Kick-Boxing de Sète : Phare dans la nuit d’un quartier délaissé
Depuis près d’un quart de siècle, la Team Reilles Kick Boxing à Sète a pris le relais là où les institutions ont failli. Par le biais du sport, elle offre aux jeunes du quartier de l’île de Thau une chance d’échapper aux pièges de la rue et d’embrasser un avenir où ils sont les véritables acteurs.
Dans le quartier de l’île de Thau à Sète, une institution brille comme un phare pour sa jeunesse. La Team Reilles Kick Boxing, en dépit de la tourmente et de l’adversité, se dresse fièrement en cette 26e année d’existence. Fondée par l’infatigable Jean-Claude REILLES, cette association est bien plus qu’une simple école de sport : elle est un modèle de transmission de valeurs sociales dans un endroit que beaucoup jugent avoir été délaissé.
Lorsqu’on parle de Sète, les habitants de l’île de Thau évoquent souvent une majorité municipale qui semble avoir tourné le dos à leur quartier. Mais au cœur de ce paysage, la Team Reilles Kick-Boxing est une lueur d’espoir. Depuis sa création en 1997, elle a captivé et retenu la jeunesse du quartier, prônant l’émancipation par le sport et créant ainsi un lien social solide.
Le Kick-Boxing, plus qu’un sport, est une école de vie. Il inculque la discipline, la persévérance et le respect. Ces valeurs sont devenues la clé de voûte de l’enseignement de cette institution. Ainsi, chaque coup, chaque esquive, chaque round est une leçon qui dépasse le ring pour se frayer un chemin dans la vie quotidienne de ces jeunes abandonnés par les pouvoirs publics. À travers ce sport, la Team Reilles a ouvert une voie d’émancipation, montrant que malgré les obstacles, avec détermination et travail, on peut réaliser ses rêves.
Mais ce sanctuaire de rigueur et d’ambition a dû lui-même boxer contre vents et marées. Des refus d’attribution de salles aux tentatives d’affaiblissement par la création d’associations rivales, et plus récemment la suppression totale de sa subvention par le maire affairiste de Sète, l’histoire de l’association est parsemée d’épreuves. Et pourtant, elle demeure. Dans un espace de 40 m² prêté par Hérault Habitat, Christopher REILLES, avec son brevet fédéral, perpétue cet héritage, transformant chaque séance en un rappel de ce que signifie la résilience.
En 26 ans, 4100 destins ont été redéfinis, 4100 jeunes ont été détournés des pièges de la rue, non pas par la crainte d’une sanction, mais par la perspective d’un avenir. Une vie où ils sont acteurs, où ils sont maîtres de leurs destinées, où ils sont, avant tout, des champions.
Le chemin est encore long, les défis nombreux, mais la Team Reilles, avec le soutien indéfectible des habitants du quartier de l’île de Thau, continue de rêver grand, espérant un jour avoir un espace à la hauteur de ses ambitions, pour continuer à éclairer la vie de tous ceux qui franchissent sa porte.
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Guigou
28 septembre 2020 at 10 h 05 min
On aurait pu ajouter aussi la prise de conscience tardive tan des armateurs que des marins sur les formations, qui donnent une plus-value pour pouvoir évoluer dans tous les secteurs Maritimes autres que la pêche.
Très bon article qui reflète la réalité de ce beau métier