Politique
Politique: A six mois de la présidentielle, Edouard Philippe lance son parti « Horizons »
Quinze mois après son départ de Matignon, Edouard Philippe a lancé samedi son propre parti, baptisé « Horizons », pour « participer à la constitution d’une nouvelle offre politique » et élargir vers la droite le socle de soutiens à Emmanuel Macron.
« Avec Horizons, nous allons définir une stratégie pour la France, c’est une aventure collective », a lancé l’ancien Premier ministre (ex-LR) dans sa ville du Havre, en expliquant que le nom avait été choisi « parce qu’il faut voir loin ».
« Son positionnement, c’est devant », avec « une logique de partenariat, de rassemblement », et « la ligne est de préférer la sérénité à la fébrilité », a-t-il ajouté.
Et « la deuxième ligne claire est le soutien au président de la République » pour que « les cinq années qui viennent soient des années utiles ».
Car « très clairement, mon objectif en 2022 est qu’Emmanuel Macron soit réélu », a-t-il lancé, alors que certains le soupçonnent de vouloir faire cavalier seul, à l’heure même où la macronie essaie de construire une « maison commune ».
« Si c’est une bannière, nous serons derrière », a-t-il assuré, très applaudi, tout en demandant une égalité de traitement au sein de cette « maison commune » avec LREM et MoDem.
Les patrons des trois groupes parlementaires de la majorité à l’Assemblée, Christophe Castaner (LREM), Olivier Becht (Agir) et Patrick Mignola (MoDem) avaient fait le déplacement.
Participaient aussi au rendez-vous 160 maires, 600 élus locaux (dont les maires de Fontainebleau Frédéric Valletoux, et de Reims Arnaud Robinet) et une soixantaine de parlementaires, dont Marie Lebec, Pierre-Yves Bournazel, Naïma Moutchou ou Marie Guévenoux.
Au cours de son discours de presque deux heures, émaillé de références à Nicolas Sarkozy, Valéry Giscard d’Estaing et Alexandre Dumas, Edouard Philippe a évoqué « quatre transformations extrêmement massives et signifiantes » que devra affronter le pays – démographique, environnemental, géopolitique et technologique – et défendu « la constance » et « la cohérence » pour y répondre.
« Recomposition »
Il a également appelé à « remettre de l’ordre dans nos comptes et dans nos rues », et a longuement défendu son idée de porter « probablement » à « 65, 66, 67 ans » l’âge de départ à la retraite. Autant de clins d’oeil à droite, que l’ex-LR est soupçonné dans son ancienne famille de vouloir siphonner à l’approche de 2022, en profitant des hésitations sur le nom du candidat ou de l’attrait que pourrait exercer Eric Zemmour sur les plus droitiers.
« La poutre travaille, et croyez-moi, elle n’a pas fini de travailler », a affirmé Edouard Philippe, en allusion à une recomposition politique qui reste « évidemment en cours ». Et la réélection d’Emmanuel Macron « passera par un élargissement de sa base électorale », a-t-il fait valoir.
A son arrivée au Havre, Olivier Becht avait déjà assuré, en évoquant les adhérents « chez LR et à l’UDI qui partagent nos valeurs », que « si Edouard Philippe arrive à ramener ces gens dans la maison commune, c’est autant de points positifs pour élargir la majorité et faire en sorte qu’Emmanuel Macron soit réélu en 2022 ».
Le nouveau parti permettra de constituer « une formidable attaque, mais pas seulement pour l’élection présidentielle », avait abondé Patrick Mignola.
Dans ce dispositif, les élus seront cruciaux, beaucoup de maires de droite Macron-compatibles ayant déjà rejoint le mouvement « La République des maires ». La nouvelle formation leur réservera une place de choix, puisqu’ils auront leur propre « assemblée des maires » qui élira le vice-président.
Les statuts du parti seront déposés lundi, et il sera doté d’une charte de 20 principes défendant notamment « la poursuite de la transformation du pays », « l’ordre », « la justice sociale » et « le projet européen ». Il s’agit aussi de combattre « les extrêmes de tous bords », « les ennemis de la laïcité », « les partisans de la décroissance » ainsi que « les naïfs et les populistes de l’immigration ».
Sur l’aile gauche de la macronie, le petit parti Territoires de progrès, lancé début 2020 par le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, tient son propre congrès samedi à Bordeaux. Le ministre du Budget Olivier Dussopt (ex-PS) pourrait en récupérer la présidence.
Politique
Le PS prêt à négocier avec les macronistes et LR sur la base « de concessions réciproques »
Le Parti Socialiste, sous la direction d’Olivier Faure, se dit prêt à entamer des pourparlers avec les macronistes et la droite pour former un gouvernement temporaire.
Dans une démarche inédite, le Parti Socialiste (PS) montre une ouverture significative envers les macronistes et Les Républicains (LR) pour constituer un gouvernement d’unité nationale. Olivier Faure, Premier secrétaire du PS, a exprimé lors d’une interview sur franceinfo sa volonté de négocier des « concessions réciproques » afin de sortir de l’impasse politique actuelle. Cette proposition intervient dans un contexte où le pays ne peut se permettre de rester paralysé par les querelles partisanes.
La stratégie du PS repose sur un compromis temporel, envisageant la formation d’un gouvernement à durée limitée. Ce gouvernement serait le fruit d’une négociation préalable, orchestrée par un « préfigurateur » désigné par Emmanuel Macron. L’objectif est de trouver un terrain d’entente sur des sujets cruciaux, tels que les retraites, où le PS propose un gel de la réforme plutôt qu’une abrogation immédiate, afin de permettre une conférence de financement ultérieure. Cette approche pragmatique reflète une volonté de dialogue et de recherche de solutions concrètes.
Faure reconnaît que les discussions excluront les forces du Nouveau Front populaire, notamment les Insoumis, qui se sont auto-exclus du processus. Cependant, il invite Laurent Wauquiez et LR à participer aux négociations, sous réserve de concessions mutuelles. Cette ouverture illustre une flexibilité politique rare, où le PS accepte de faire des compromis sur des positions traditionnellement fermes, comme la réforme de l’ISF, où il envisage un rétablissement rapportant 15 milliards d’euros au lieu des trois initialement proposés.
Le PS, sans majorité absolue, se trouve contraint de naviguer dans un paysage politique fragmenté. Faure insiste sur le fait que son parti n’abandonne pas ses valeurs, mais qu’il est prêt à faire des concessions pour le bien commun. « Je suis prêt à entrer en discussion. Ça ne veut pas dire que je suis prêt à dire que je suis devenu macroniste », souligne-t-il, marquant ainsi une distinction claire entre compromis et reniement idéologique.
France
« Bavardage creux », « dérive préoccupante » : les politiques réagissent à l’allocution d’Emmanuel Macron
Emmanuel Macron, dans son allocution, promet un gouvernement d’intérêt général, mais les critiques fusent de tous bords politiques.
Dans son discours adressé à la nation, Emmanuel Macron a esquissé une vision de la France unie sous un « gouvernement d’intérêt général », une rhétorique qui se veut rassembleuse. Pourtant, ce message semble avoir rencontré un mur de scepticisme et de critiques de la part de ses adversaires politiques.
Adresse aux Français. https://t.co/irpXQN9qfN
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) December 5, 2024
Jean-Luc Mélenchon, leader de la France Insoumise, a vivement critiqué le discours présidentiel, le qualifiant de « bavardage creux et prétentieux ». Pour lui, l’utilisation de l’article 49.3 pour imposer des lois sans vote parlementaire est une atteinte directe à la démocratie, justifiant ainsi la censure du gouvernement Barnier. Cette censure, selon Mélenchon, n’est pas dirigée contre Barnier, mais contre la politique d’Emmanuel Macron lui-même.
De l’autre côté de l’échiquier politique, Jordan Bardella du Rassemblement National a également exprimé son inquiétude face à ce qu’il perçoit comme une « dérive préoccupante » de la macronie. Il suggère que le président s’éloigne des réalités du terrain et du peuple français.
Boris Vallaud du Parti Socialiste a quant à lui voté la motion de censure comme une « sanction d’un mauvais budget de la sécurité sociale », tout en appelant à un Premier ministre issu de la gauche. Cette critique vise non seulement le fond du discours mais aussi la forme, dénonçant une politique qui, selon lui, manque de considération pour les besoins sociaux.
Marine Tondelier, d’Europe Écologie Les Verts, a salué la prudence de Macron dans la nomination de son Premier ministre, mais n’a pas manqué de critiquer le ton « condescendant » du discours. Elle semble apprécier la retenue du Président dans sa précipitation à nommer un successeur à Barnier, mais déplore le manque de respect perçu dans son allocution.
Enfin, Rachida Dati, ancienne ministre, a indiqué que Macron devrait agir rapidement pour nommer un nouveau Premier ministre, reflétant une attente de décisions concrètes et rapides de la part du Président.
L’allocution d’Emmanuel Macron, bien que visant à rassurer et à fédérer, a plutôt suscité un concert de critiques, reflétant un fossé grandissant entre le chef de l’État et les représentants de diverses tendances politiques. Ce discours, loin de combler les divisions, semble les avoir accentuées, laissant le public informé dans l’attente de voir comment le Président répondra à cette vague de scepticisme.
France
Macron face à la nation : un rendez-vous à 20h pour dissiper le flou
Après la chute historique du gouvernement Barnier, Emmanuel Macron s’adressera aux Français jeudi soir. Une allocution attendue qui pourrait définir l’avenir politique du pays et du président lui-même.
La chute du gouvernement de Michel Barnier, renversé par une motion de censure à l’Assemblée nationale, a plongé la France dans une crise politique sans précédent depuis des décennies. Cette situation met également le président Emmanuel Macron sous une pression inédite, alors qu’il doit gérer à la fois une majorité relative fragilisée et des appels de l’opposition à sa démission.
Dans ce contexte tendu, l’annonce de l’Élysée d’une allocution présidentielle prévue à 20h jeudi suscite une attente considérable. Le chef de l’État, récemment rentré d’Arabie Saoudite, devra non seulement répondre à l’urgence politique créée par la chute de son Premier ministre, mais aussi rassurer un pays en quête de stabilité. Le silence persistant sur la nomination d’un successeur à Michel Barnier alimente les spéculations, renforçant l’importance de cette prise de parole.
Pour Emmanuel Macron, ce discours est une occasion cruciale de reprendre la main sur le récit politique. Il devra convaincre qu’il est encore en mesure de gouverner face à une Assemblée nationale frondeuse et une opinion publique de plus en plus critique. Ses opposants, notamment La France insoumise, ne manqueront pas de scruter chaque mot, prêts à amplifier la contestation si le message présidentiel ne répond pas aux attentes.
Alors que l’histoire de la Ve République n’a que rarement connu de telles impasses, l’intervention de 20h pourrait être déterminante pour définir non seulement les prochaines étapes institutionnelles, mais également l’avenir d’un mandat déjà marqué par des défis multiples. La France attend des réponses, et c’est désormais à Emmanuel Macron de les fournir.
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