Nicki Minaj, l’icône du rap enrôlée sous la bannière Trump

L’artiste, autrefois symbole d’une culture pop inclusive, a effectué un virage politique spectaculaire en s’affichant aux côtés des conservateurs les plus radicaux, suscitant incompréhension et rejet dans une partie de son public.

L’AmericaFest, grand rassemblement annuel de la jeunesse conservatrice américaine, a réservé une surprise de taille dimanche dernier à Phoenix. Nicki Minaj, l’une des figures les plus célèbres du rap mondial, est montée sur scène aux côtés d’Erika Kirk, à la tête de l’organisation Turning Point USA. Vêtue sobrement, loin de ses tenues habituellement extravagantes, la musicienne a exprimé son « plus grand respect » pour l’ancien président Donald Trump, le qualifiant même d’« irrésistible ». Elle a également salué le « cœur » des membres de l’actuelle administration, un discours en net décalage avec ses prises de position passées.

Ce ralliement public au mouvement MAGA, qui rejette ouvertement la culture drag et les droits des personnes transgenres, a provoqué une onde de choc. De nombreux admirateurs, notamment au sein de la communauté LGBT+ qu’elle disait autrefois soutenir, se disent trahis. Sur les réseaux sociaux, des commentateurs estiment que l’artiste « touche le fond », rappelant qu’elle s’était présentée en 2020 comme jurée de « RuPaul’s Drag Race » en proclamant son « allégeance à la cause du drag ». Ce revirement semble sceller une évolution engagée depuis plusieurs mois.

En novembre dernier, Nicki Minaj avait fait une apparition remarquée aux Nations unies, lors d’une table ronde sur les violences au Nigeria, reprenant des accusations controversées concernant les chrétiens. Peu après, elle avait partagé sans réserve une vidéo de la Maison Blanche utilisant l’un de ses titres pour promouvoir le bilan de l’administration Trump, un geste que d’autres stars avaient au contraire dénoncé. Cette nouvelle orientation politique tranche avec ses déclarations de 2018, où, évoquant son propre statut d’immigrée arrivée enfant, elle critiquait la séparation des familles aux frontières.

Si la rappeuse rejoint ainsi d’autres noms du hip-hop, comme Lil Wayne, ayant affiché leur soutien à Donald Trump, son parcours singulier et son statut d’icône pop en font un cas particulièrement symbolique. Son engagement, perçu par certains comme une manœuvre opportuniste, illustre les fractures et les recompositions à l’œuvre au sein du paysage culturel américain, où les lignes politiques traditionnelles sont de plus en plus brouillées. L’artiste, louée pour son talent et ses records de ventes, devra désormais composer avec une image publique profondément divisée.