Monde
L’ombre nécessaire : ces travailleurs immigrés qui font tourner la nuit britannique
Ils nettoient, soignent, nourrissent et emballent pendant que le pays dort. Une armée silencieuse d’immigrés, de plus en plus nombreuse, assure les fonctions vitales de l’économie, tout en vivant dans l’inquiétude face à un durcissement politique.
Le rythme de la société ne s’arrête jamais. Alors que les lumières s’éteignent dans les immeubles de bureaux et les maisons, une autre force de travail prend le relais. Une part significative et croissante de ces activités nocturnes repose sur les épaules de travailleurs immigrés. Leur présence est devenue indispensable au fonctionnement continu de secteurs clés, de la santé à la logistique en passant par les services, même si leur statut reste précaire et leur existence souvent invisible.
Les chiffres officiels attestent de cette réalité. En une décennie, le nombre de travailleurs étrangers occupant des postes de nuit a considérablement augmenté. Des centaines de milliers de personnes supplémentaires ont rejoint ces rangs, avec une concentration particulièrement forte dans le domaine des soins, où ils représentent désormais plus d’un tiers des effectifs nocturnes. Des chercheurs pointent le paradoxe de ces emplois, qualifiés à tort de peu qualifiés, alors qu’ils constituent le socle d’une économie fonctionnant vingt-quatre heures sur vingt-quatre.
Cette dépendance économique contraste avec un climat politique de plus en plus restrictif. Le gouvernement actuel a annoncé une série de mesures visant à limiter l’arrivée de main-d’œuvre étrangère dans certains secteurs et à durcir les conditions d’obtention d’un séjour permanent. Ces décisions plongent de nombreux travailleurs établis dans l’incertitude et le sentiment d’une injustice, après des années de contribution.
Le quotidien de ces hommes et femmes est rythmé par un décalage constant avec le reste de la société. Roxana, originaire de Bolivie, nettoie des bureaux dans le centre financier londonien. Son équipe, majoritairement composée d’immigrés, œuvre de minuit à huit heures du matin. Elle a choisi ce rythme pour pouvoir s’occuper de ses enfants le jour, mais en paie le prix sur sa santé et son sommeil, fragile aux moindres bruits diurnes.
Dans le domaine médico-social, la nuit apporte son lot de défis spécifiques. Omatule, arrivé du Nigeria avec un visa de travailleur social, veille sur des enfants en situation de handicap dans une maison du Surrey. Entre ses gardes de nuit et la gestion de sa propre famille le jour, son repos se réduit parfois à quelques heures. Judith, elle, surveille des patients atteints de lésions médullaires dans le Hertfordshire, luttant contre l’endormissement dans le silence et l’obscurité d’une chambre. Tous deux s’inquiètent des nouvelles règles sur les visas qui menacent leur avenir et celui de leurs collègues.
La restauration et la logistique dépendent également de ces bras nocturnes. Sandeep, jeune Népalais diplômé en informatique, termine une garde de douze heures comme cuisinier dans un café ouvert en permanence. Faute de débouchés dans son domaine, il a pris ce poste en attendant mieux, mais craint de devoir quitter le pays à l’expiration de son visa, les critères financiers ayant été rehaussés. Dans un entrepôt du marché de Covent Garden, Leandro, venu d’Angola, emballe des denrées alimentaires avant l’aube. Il décrit une existence de fantôme, rongée par la fatigue et un sommeil haché, tout en soulignant avec force la présence indispensable de son équipe lorsque tout le monde repose.
Les employeurs de ces secteurs expriment également leurs craintes. Certains dirigeants, comme dans le domaine des fruits et légumes, redoutent l’impact des restrictions migratoires sur leur capacité à recruter pour des horaires que peu de résidents locaux acceptent. Le débat dépasse ainsi la simple question des politiques d’immigration pour toucher à la résilience même de pans entiers de l’économie britannique. Ces travailleurs de l’ombre, bien que souvent invisibles, soutiennent littéralement le pays pendant son sommeil, une réalité que les décideurs politiques ne peuvent ignorer sans risque.
-
MèzeEn Ligne 2 semainesMèze : Thierry Baëza repart en campagne et officialise sa candidature pour 2026
-
FrontignanEn Ligne 2 joursFrontignan : Thibaut Cléret Villagordo pointe une majorité fragile et un projet municipal introuvable
-
NewsEn Ligne 1 semaineUn arsenal découvert chez un tireur sportif en Vendée
-
SociétéEn Ligne 2 semainesElon Musk appelle à la dissolution de l’Union européenne après une sanction contre X
-
EuropeEn Ligne 2 semainesL’Union européenne s’apprête à durcir significativement son cadre migratoire
-
SociétéEn Ligne 1 semaineNoël 2025, une facture qui pèse sur les finances des ménages
-
ÉconomieEn Ligne 1 semaineLa disparition programmée de « 60 millions de consommateurs » suscite une levée de boucliers
-
FranceEn Ligne 3 jours« Sales connes » : Brigitte Macron « désolée » si elle a « blessé les femmes victimes »