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L’objectif de Basel Adra, filmer l’impunité en Cisjordanie

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Le réalisateur palestinien, oscarisé pour « No Other Land », consacre son travail à documenter ce qu’il décrit comme une absence de conséquences pour les actions israéliennes dans les territoires occupés.

Depuis son village d’At Tuwani, Basel Adra observe chaque jour la colonie israélienne de Maon, située à quelques centaines de mètres. Pour ce jeune homme de 29 ans, cette proximité géographique n’a rien d’anodin. Elle rime avec des incidents répétés impliquant des colons et des militaires, qu’il filme et archive inlassablement. Son documentaire primé aux Oscars n’a pas mis fin à son engagement. Il déplore que la communauté internationale, selon lui, laisse faire sans réagir.

La situation s’est encore aggravée après le 7 octobre 2023. De nombreux habitants de hameaux voisins ont quitté leurs terres, confrontés à ce qu’il qualifie de pressions continues, d’agressions et parfois de décès. La présence de militants palestiniens ou étrangers sur le terrain ne suffit pas, estime-t-il, à modifier le cours des événements.

Dans la région de Masafer Yatta, les implantations israéliennes, jugées illégales par le droit international, continuent de s’étendre. Après des années de procédures judiciaires, la Cour suprême israélienne a autorisé l’évacuation de huit villages palestiniens, renforçant le sentiment d’insécurité des populations locales.

Pour illustrer son propos, Basel Adra se rend à Oum al-Khair, un village bédouin encerclé par des installations israéliennes. Khalil Hathaleen, le chef de la communauté, y montre plusieurs ordres de démolition reçus récemment. Malgré la menace, il affirme que les habitants ne partiront pas. Ils n’ont, dit-il, nulle part où aller. Ces familles descendent de Bédouins chassés du Néguev dans les années 1950.

Le cinéaste n’est pas seulement témoin. Il a lui-même été interpellé à plusieurs reprises par l’armée. En septembre dernier, des colons ont, selon ses dires, attaqué sa famille à coups de pierres et de bâtons, blessant légèrement deux de ses frères. La police israélienne n’aurait pas intervenu, contrairement à l’armée qui a procédé à des interrogatoires.

La documentation des violences a aussi un prix. Awdah Hathaleen, un proche de Basel Adra, a perdu la vie en juillet dernier alors qu’il filmait des colons détruisant des oliviers familiaux. Si sa mort a été médiatisée, l’enquête policière israélienne n’a, à ce jour, pas abouti à des poursuites pour meurtre.

Alors que la Knesset examine des propositions d’annexion de la Cisjordanie, Basel Adra garde un regard désenchanté sur le droit international. Lui qui croyait au pouvoir des images constate aujourd’hui que leur diffusion ne suffit pas à provoquer les changements espérés.

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