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L’IA ressuscite les icônes, un divertissement qui interroge

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_**Les applications de génération vidéo permettent désormais de créer des séquences hyperréalistes mettant en scène des personnalités décédées, suscitant à la fois fascination et inquiétude quant à la maîtrise de leur héritage numérique.**_

La frontière entre réalité et fiction s’estompe sur les réseaux sociaux. Des figures historiques et artistiques, de Winston Churchill à Michael Jackson, apparaissent dans des clips anachroniques et souvent fantaisistes, entièrement conçus par des intelligences artificielles. Ces productions, d’un réalisme saisissant, circulent largement en ligne, alimentant un débat éthique sur le devenir de l’image des défunts à l’ère numérique.

Certaines de ces créations, comme la reine Élisabeth II pratiquant le football ou le pape Jean-Paul II sur un skateboard, visent principalement l’humour. D’autres, en revanche, franchissent une ligne plus problématique. Des utilisateurs ont ainsi détourné des discours emblématiques, à l’instar de celui de Martin Luther King, pour y insérer des propos dégradants. Face à ces dérives, la plateforme Sora a récemment restreint la possibilité d’utiliser l’image du leader des droits civiques, suite à l’intervention de ses héritiers.

Cette situation place les familles des disparus dans une position délicate. Les enfants de Robin Williams et de Malcolm X ont publiquement condamné l’utilisation de ces outils pour recréer leurs pères, qualifiant cette pratique d’irrespectueuse et de profondément perturbante. Les experts évoquent l’effet dit de « vallée de l’étrange », où une ressemblance trop parfaite avec un être humain, surtout disparu, provoque un sentiment de malaise et peut avoir un impact émotionnel réel sur les proches.

Les entreprises développant ces technologies affirment prendre des mesures pour permettre aux ayants droit de contrôler l’utilisation de ces images. Elles reconnaissent l’existence d’un équilibre complexe entre liberté d’expression et protection de la mémoire. Cependant, des observateurs pointent les limites intrinsèques de ces garde-fous dans un paysage technologique ouvert, où d’autres modèles moins restrictifs peuvent facilement émerger.

Le phénomène dépasse désormais le seul cadre des célébrités. Avec la démocratisation des outils, le risque de voir l’identité de simples citoyens décédés détournée à des fins de manipulation ou de désinformation devient tangible. Cette prolifération de contenus synthétiques, parfois qualifiée de « bouillie algorithmique », pourrait à terme éroder la confiance générale dans les informations circulant en ligne, qu’elles soient vraies ou fausses. L’enjeu n’est plus seulement de croire à la fausse nouvelle, mais de douter de la vraie.

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