La tension monte d’un cran entre Khartoum et Abou Dhabi, accusé d’armer les rebelles dans un conflit qui plonge le pays dans le chaos.
Le gouvernement soudanais a annoncé la rupture immédiate de ses relations diplomatiques avec les Émirats arabes unis, pointant du doigt leur implication présumée dans des frappes aériennes récentes. Ces attaques, attribuées aux Forces de soutien rapide (FSR), une milice paramilitaire en guerre contre l’armée régulière, ont visé des sites stratégiques à Port-Soudan, siège provisoire des autorités.
Trois jours d’offensives ont endommagé l’aéroport, une centrale électrique, des réservoirs de carburant et une base militaire, plongeant la ville dans le noir et provoquant des pénuries d’essence. Bien qu’aucun bilan humain n’ait été officiellement communiqué, les dégâts matériels aggravent une crise humanitaire déjà catastrophique. Le ministre de la Défense a qualifié ces frappes d' »acte d’agression », promettant une réponse ferme pour protéger la population.
La guerre civile, qui oppose depuis avril 2023 l’armée dirigée par le général al-Burhane aux FSR du général Daglo, entre dans une phase critique. Les rebelles, privés d’aviation, utilisent désormais des drones – certains artisanaux, d’autres hautement sophistiqués – pour perturber les lignes d’approvisionnement gouvernementales. Ces attaques inédites sur Port-Soudan, jusqu’ici épargnée, témoignent d’une escalade inquiétante.
Dans l’ouest du pays, au Darfour, un camp de déplacés a également été bombardé, faisant plusieurs morts et blessés. La région, déjà ravagée par la famine, subit de plein fouet les conséquences d’un conflit qui a déplacé 13 millions de personnes. Malgré les accusations répétées de Khartoum, les Émirats continuent de nier tout soutien aux FSR. Une plainte pour complicité de génocide, déposée devant la Cour internationale de justice, a d’ailleurs été rejetée pour incompétence.
Alors que les civils fuient les zones de combat, l’ONU alerte sur l’ampleur de la catastrophe, qualifiant la situation de pire crise humanitaire au monde. Avec la fermeture de son dernier aéroport opérationnel, le Soudan s’enfonce un peu plus dans l’isolement, tandis que les frappes de drones laissent présager une intensification des violences.