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Le Sénat brésilien ouvre la voie à un allègement substantiel de la peine de Jair Bolsonaro

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Le texte, déjà voté par les députés, pourrait réduire à moins de trois ans l’incarcération de l’ancien chef de l’État, condamné à 27 ans de réclusion. Son adoption définitive se heurte à l’opposition de la rue et à une probable censure présidentielle.

La procédure législative visant à atténuer la condamnation de l’ancien président brésilien Jair Bolsonaro a franchi une nouvelle étape. La commission des Affaires constitutionnelles du Sénat a approuvé, mercredi, une proposition de loi ouvrant la voie à une réduction significative de sa peine. Le texte doit désormais être soumis au vote de l’assemblée plénière dans un délai rapproché.

L’ancien dirigeant d’extrême droite, au pouvoir de 2019 à 2022, purge depuis fin novembre une peine de 27 ans d’emprisonnement. Sa condamnation, prononcée par la justice fédérale, fait suite à sa reconnaissance comme chef d’une organisation criminelle ayant ourdi un complot pour se maintenir illégalement au pouvoir après sa défaite électorale. Le dispositif législatif en discussion pourrait ramener sa durée d’incarcération à deux ans et quatre mois, contre environ huit ans selon les règles pénitentiaires actuelles.

Le projet, porté par des parlementaires acquis à la cause bolsonariste, entend également accorder des mesures de libération conditionnelle à plusieurs dizaines de partisans de l’ex-président. Ces derniers ont été condamnés pour leur participation aux violences du 8 janvier 2023, lorsque des milliers de manifestants avaient envahi et saccagé les sièges des trois pouvoirs à Brasília.

L’adoption de cette proposition par la Chambre des députés, la semaine dernière, a provoqué une vive controverse dans le pays. Dimanche, des rassemblements d’opposition ont mobilisé des dizaines de milliers de personnes dans les principales métropoles, scandant des slogans hostiles à toute forme de clémence. Au Sénat, où la majorité conservatrice est moins nette, les tentatives pour reporter l’examen du texte ont été rejetées.

Les promoteurs de la loi ont modifié sa rédaction afin de circonscrire ses effets aux seules personnes condamnées pour « crimes contre l’État de droit », incluant ainsi M. Bolsonaro et les émeutiers de janvier 2023. Cette précision répond aux critiques de certains sénateurs, qui dénonçaient une version initiale trop large, susceptible de bénéficier à des délinquants de droit commun.

L’issue du processus reste néanmoins incertaine. Le président Luiz Inácio Lula da Silva a la possibilité d’opposer son veto à la loi si elle est définitivement adoptée. Des figures de la majorité présidentielle ont d’ores et déjà annoncé leur intention de recommander une censure, qualifiant le texte de « lamentable ». Le Congrès conserverait cependant le pouvoir de surmonter ce veto par un nouveau vote, dans un contexte politique marqué par une polarisation aiguë.

Cette initiative législative intervient alors que les soutiens de l’ancien président, qui contrôlent une large part du Parlement, avaient échoué plus tôt dans l’année à faire adopter une amnistie générale. Ils considèrent désormais la réduction de peine comme un premier pas, à quelques mois des vacances parlementaires et dans la perspective de la campagne pour l’élection présidentielle de 2026.

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