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Société

Le Père Noël, confident des solitudes modernes

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_**Chaque hiver, le bureau de poste girondin dédié au mythique distributeur de cadeaux devient le réceptacle de milliers de confidences. Au-delà des listes de jouets, des messages d’adultes y déposent des fragments de leur vie, entre détresse et légèreté.**_

Depuis plus de soixante ans, une adresse postale bien réelle, située à Libourne, canalise les espoirs adressés au personnage à la barbe blanche. L’initiative, lancée en 1962, connaît un succès qui ne se dément pas. Entre la fin novembre et la fin décembre, plus d’un million de courriers, rédigés à la main ou envoyés numériquement, y parviennent de tous les horizons.

Si la majorité des expéditeurs sont de jeunes enfants formulant des souhaits conventionnels, une part infime mais significative de la correspondance émane désormais de grandes personnes. Ces lettres d’adultes, qui représentent une faible proportion du courrier total, révèlent souvent une profonde vulnérabilité. Un ancien responsable de ce service postal évoque ainsi le cas d’une aïeule vivant seule avec une modeste pension, qui s’excusait de ne pouvoir offrir de présents à sa descendance.

Certains messages, compilés par la presse au fil des ans, témoignent de cette fonction inattendue de confident. Une septuagénaire récemment veuve y cherchait un réconfort fugace, tandis qu’une sexagénaire plaidait pour un logement permettant de rapprocher sa mère âgée. Pour ces personnes, écrire à cette adresse symbolique constitue parfois un exutoire, une manière de formuler une peine ou un vœu sans destinataire immédiat.

Toutefois, la tonalité n’est pas toujours grave. Le service reçoit également des missives teintées d’humour, réclamant par exemple une fortune soudaine ou une silhouette parfaite, le tout accompagné de salutations familiales pour l’épouse du destinataire. Selon les observateurs de cette tradition, cette possibilité d’écrire à une figure bienveillante et neutre comble un besoin pour certains, à défaut d’autres formes de réconfort ou de spiritualité. Ainsi, au cœur de la frénésie consumériste de décembre, cette boîte aux lettres singulière capture aussi, avec pudeur, les échos discrets de réalités sociales plus complexes.

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