Société
Le boom des applis de lutte contre le harcèlement de rue
« Street Alert », « Garde ton corps », « Sekura »… Les applications mobiles de lutte contre le harcèlement de rue se sont multipliées, permettant aux femmes d’appeler à l’aide grâce à un bouton « alerte » qui indique leur position. Mais les modalités d’utilisation, voire l’existence même de ces dispositifs suscitent des interrogations.
« Je ne me sens pas du tout en sécurité dans la rue. Au moins, si je lance une alerte, je sais qu’il y a des personnes qui peuvent réagir directement », confie Sophie, 22 ans, étudiante à Toulouse.
Sur son téléphone, la jeune femme garde toujours ouverte la dernière appli en date, « The Sorority », gratuite comme les différentes offres de ce secteur. Disponible depuis le 1er septembre, elle permet de générer une alerte partagée ensuite auprès des utilisatrices. Celles qui se trouvent à proximité peuvent ainsi savoir si l’une d’elles a besoin d’aide et la géolocaliser.
« Pour créer un climat de confiance, nous n’acceptons que les femmes et leur demandons une pièce d’identité et un selfie pour vérifier manuellement l’identité de chacune », assure à l’AFP Priscillia Routier Trillard, créatrice de cette appli qui revendique près de 4.000 téléchargements en deux semaines.
Les applications proposent des fonctionnalités diverses, d’une alarme sonore censée faire fuir les agresseurs au recensement de « lieux refuge ». C’est le cas de « Garde ton corps », disponible depuis le 10 août, qui a noué un partenariat avec à ce jour une trentaine de bars, restaurants et hôtels en France. Ces derniers s’engagent à accueillir quiconque s’estime en insécurité sur la voie publique.
« L’idée de répertorier des endroits sûrs m’est venue après que je me suis fait refuser l’accès à un bar, un soir où je me sentais suivie, car je ne portais pas la +bonne tenue+ », raconte sa fondatrice, Pauline Vanderquand.
« Machiavélisme des agresseurs »
Mais attention, prévient Diariata N’Diaye, pionnière dans ce domaine, « quand on développe ce type d’application, il est important de maîtriser le sujet des violences. Car on peut facilement proposer une fonctionnalité qui se retourne contre l’utilisatrice ».
« C’est très dangereux de mettre en contact une personne en situation de vulnérabilité avec des inconnus, c’est sous-estimer le machiavélisme des agresseurs, qui se font un plaisir de télécharger ce type d’application, quitte à usurper une identité », met en garde cette slameuse et activiste qui a lancé « App-Elles » en 2015 en s’appuyant sur son expérience du terrain et son vécu de victime de violences.
« Cela peut aussi être dangereux pour la personne qui voudrait apporter son aide à une victime », fait-elle valoir.
Son appli permet aux utilisatrices, anonymisées, d’enregistrer le contact de trois proches qui sont les uniques destinataires des alertes. Ces derniers peuvent alors localiser la victime et accéder à l’enregistrement audio de son téléphone.
Certaines applis présentent-elles un caractère de dangerosité pour leurs abonnées? La responsable du développement de l’application « Handsaway », Lucile Dupuy, tempère. « Notre vocation n’est pas d’inciter les utilisateurs à intervenir dans l’urgence d’une agression. Il s’agit d’un outil pour fédérer et rendre compte de la fréquence des agressions sexistes et sexuelles », argumente-t-elle.
Mais le dispositif peut être utilisé à mauvais escient: ainsi « Handsaway », lancé en 2016 et fort de 110.000 utilisateurs revendiqués, a dû suspendre son service le 8 juin dernier après avoir été inondé de fausses alertes et de messages à caractère sexiste et sexuel, selon cette responsable.
Militante au sein du collectif Stop harcèlement de rue, Marine Stoll s’interroge sur l’existence même de ces applis.
Si « le compagnonnage de rue permet à certaines de se sentir plus en sécurité », il n’est « pas normal d’avoir besoin d’un accompagnement de ce type pour ne pas être harcelée et vivre sa vie normalement », plaide-t-elle. Plutôt que de déployer des applications mobiles, ce qui ne « règlera pas la problématique sur le long terme, il faut davantage informer et sensibiliser dès l’école », souligne cette bénévole.
Société
Vol de données de santé de 750.000 patients d’un établissement francilien
Un pirate informatique propose à la vente les dossiers médicaux de centaines de milliers de patients. Le ministère de la Santé réagit face à cette menace.
Dans un contexte où la cybersécurité devient un enjeu majeur, un individu anonyme a mis en vente des informations sensibles appartenant à 758.912 patients d’un établissement de santé de la région parisienne. Ces données, accessibles via un site internet, incluraient des détails personnels tels que noms, adresses, et même des informations médicales spécifiques comme l’identité des médecins traitants ou les prescriptions médicales. L’expert en cybersécurité Damien Bancal, également rédacteur du blog zataz.com, a confirmé cette violation de données, tout en soulignant l’incertitude quant à la véracité des chiffres avancés par le pirate.
La société Softway Medical, éditeur du logiciel Mediboard mentionné dans l’offre de vente, a rapidement précisé que la fuite provenait d’un établissement utilisant leur logiciel, et non du logiciel lui-même. Déborah Draï, responsable de la communication chez Softway Medical, a souligné que les données de santé n’étaient pas hébergées par leur entreprise, mais par l’établissement concerné, appartenant au groupe Aléo. Ce dernier, regroupant plusieurs cliniques et maisons de retraite, n’a pas encore fourni de réponse officielle à cette situation.
Le ministère de la Santé, informé par l’Agence régionale de santé (ARS) Île-de-France, a assuré que des mesures sont en cours pour gérer cet incident, en collaboration avec les autorités compétentes. Il a été précisé que cette attaque n’affecte pas la continuité des soins ni la sécurité des patients. Toutefois, les implications de cette fuite sont vastes et préoccupantes. Selon Benoit Grunemwald, expert en cybersécurité chez ESET, ces informations peuvent servir à créer des bases de données très précises, facilitant des attaques d’hameçonnage ciblées et potentiellement des fraudes bancaires.
Cette affaire s’inscrit dans une série de violations de données récentes, touchant également des entreprises comme Le Point et Direct Assurance, filiale d’Axa. Ces incidents soulignent l’urgence d’une amélioration des mesures de protection des données personnelles et sensibles, tant au niveau des entreprises que des institutions de santé. La vigilance des individus et des organisations face aux cybermenaces doit être renforcée pour éviter de tels scénarios à l’avenir.
France
Vents forts, neige-verglas : une large partie du territoire placée en vigilance orange vendredi
La France se prépare à affronter un épisode hivernal précoce, avec 31 départements sous vigilance orange pour neige, verglas et vents violents.
La tempête Caetano continue de semer le trouble sur une grande partie du territoire français, avec un refroidissement soudain et des conditions météorologiques extrêmes. L’agence Météo-France a maintenu son niveau d’alerte orange pour 31 départements, soulignant le danger des phénomènes de neige et de verglas, ainsi que des rafales de vent potentiellement dévastatrices.
La nuit de jeudi à vendredi a été marquée par une chute significative des températures, atteignant jusqu’à -10 degrés Celsius dans certaines régions. Cette baisse drastique a entraîné un regel généralisé des surfaces, rendant les routes extrêmement glissantes. Les autorités mettent en garde contre les risques accrus d’accidents de la circulation et recommandent une extrême prudence aux automobilistes.
Les départements concernés par l’alerte neige et verglas s’étendent de l’Aube à l’Yonne, en passant par Paris et ses alentours. Une attention particulière est portée à la région parisienne où le trafic pourrait être fortement perturbé. En parallèle, la Corse est confrontée à des vents violents, ce qui ajoute une dimension supplémentaire à la vigilance météorologique.
Le passage de la tempête Caetano a déjà eu des répercussions sur la vie quotidienne, avec des écoles fermées, des transports en commun modifiés et des entreprises adaptant leurs horaires. Le gouvernement, en collaboration avec les services de météorologie, suit de près l’évolution de la situation pour ajuster les mesures de sécurité et d’assistance nécessaires.
La population est invitée à rester informée via les canaux officiels et à limiter ses déplacements aux stricts nécessités. Les recommandations incluent également de se préparer à des coupures de courant et à des conditions de circulation hivernales difficiles.
Économie
Ryanair menace d’arrêter de desservir dix aéroports régionaux français
En réponse à une hausse de la taxation aérienne, Ryanair envisage de réduire sa présence dans les régions françaises dès janvier 2025.
Face à la perspective d’une augmentation significative de la taxation du secteur aérien inscrite dans le budget 2025, la compagnie aérienne low-cost Ryanair a publiquement menacé de cesser ses opérations dans dix aéroports régionaux français. Cette décision, si elle est mise à exécution, pourrait avoir des répercussions importantes sur la connectivité aérienne des régions françaises, déjà fragilisées par des défis économiques et concurrentiels.
Le gouvernement, dans une tentative de combler un déficit budgétaire plus élevé que prévu, propose un triplement de la taxe de solidarité sur les billets d’avion (TSBA) et une augmentation de la taxation des passagers de jets privés, visant à collecter un milliard d’euros supplémentaires. Cette mesure, bien que destinée à renforcer les finances publiques, pourrait entraîner une réduction drastique des services aériens dans les régions, selon Jason McGuinness, directeur commercial de Ryanair. Il a souligné que cette augmentation des taxes rendrait de nombreuses routes non viables économiquement, affectant particulièrement les zones rurales et moins desservies.
Ryanair, qui dessert actuellement 22 aéroports en France, dont deux près de Paris, envisage de réduire sa capacité de 50% dans les aéroports régionaux si le projet de taxation se concrétise. Cette menace n’est pas isolée; le PDG de Ryanair, Michael O’Leary, avait déjà indiqué des réductions de capacités en France et en Allemagne en réponse à des politiques fiscales similaires.
La compagnie aérienne, déjà confrontée à des défis opérationnels tels que des retards de livraison d’appareils et une demande en baisse, considère que l’augmentation de la TSBA représente un « problème fondamental pour la connectivité des régions françaises ». McGuinness a souligné l’intense concurrence entre les aéroports européens pour attirer des lignes aériennes, indiquant que Ryanair orienterait ses ressources vers les régions et pays offrant des conditions fiscales plus favorables.
Les impacts potentiels de cette réduction de service ne sont pas seulement économiques pour les régions concernées, mais également culturels et sociaux, en isolant davantage des territoires déjà en marge. La Fédération nationale de l’aviation et de ses métiers (Fnam) a également mis en garde contre une baisse du trafic aérien pouvant atteindre 2% sur l’ensemble du territoire, avec des conséquences encore plus marquées pour les aéroports accueillant des compagnies à bas coûts.
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