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L’Australie impose aux géants du numérique un filtrage d’âge inédit

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Le gouvernement australien a instauré une interdiction d’accès aux réseaux sociaux pour les moins de seize ans. Les plateformes doivent désormais déployer des méthodes de vérification, un défi technique et éthique de grande ampleur.

Une législation pionnière est entrée en vigueur cette semaine en Australie, obligeant les principales plateformes sociales à empêcher l’inscription des adolescents de moins de seize ans. Face à cette exigence réglementaire, les entreprises concernées, parmi lesquelles Meta, TikTok, Snapchat et YouTube, explorent plusieurs voies pour estimer l’âge de leurs utilisateurs, sous peine de sanctions financières en cas de manquement.

La méthode la plus directe consisterait à exiger la numérisation d’un document officiel, tel qu’un passeport ou un permis de conduire. Cette approche présente toutefois des failles, notamment le risque d’usurpation ou les réticences des internautes concernant la protection de leurs données personnelles. Les autorités ont précisé que les réseaux sociaux ne pouvaient pas solliciter directement ces pièces d’identité. En réponse, certaines plateformes délèguent cette vérification à des prestataires tiers. Snapchat, par exemple, propose à ses utilisateurs de confirmer leur majorité via un compte bancaire australien ou en transmettant leurs documents à un service basé à Singapour, garantissant que seule une réponse binaire positive ou négative est communiquée à l’application.

Une alternative repose sur l’analyse faciale par intelligence artificielle. Des sociétés spécialisées examinent un selfie fourni par l’utilisateur pour en déduire son âge approximatif. Leurs algorithmes, affirment-elles, se sont affinés au fil du temps pour distinguer les traits caractéristiques de différentes tranches d’âge. Les données biométriques seraient effacées après chaque vérification. Cependant, cette technique soulève des interrogations sur sa fiabilité, particulièrement pour les individus proches du seuil légal, et sur la possibilité qu’elle soit contournée.

Les plateformes disposent également d’indices comportementaux pour repérer les comptes suspects. Les informations fournies à l’inscription, les interactions sociales comme les messages d’anniversaire, ou encore le type de contenu consulté, peuvent servir à établir un profil d’âge. Ces métadonnées, déjà exploitées pour le ciblage publicitaire, posent à nouveau la question du respect de la vie privée et de la justesse des inférences.

Conscientes qu’aucun système n’est infaillible, les autorités australiennes encouragent le recours à une combinaison de plusieurs techniques. Les observateurs anticipent en effet que les adolescents chercheront à déjouer les contrôles. Pour les jeunes tout juste âgés de seize ans et ne disposant pas de pièce d’identité, une procédure de certification par un adulte responsable pourrait être envisagée. L’enjeu pour les géants du numérique est de concilier l’application de la loi, l’expérience utilisateur et les impératifs de confidentialité, dans un cadre réglementaire désormais contraignant.

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