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Culture

L’Ariana, un pan de l’histoire culturelle de Kaboul, disparaît sous les pelleteuses

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_**La destruction de ce cinéma emblématique, restauré avec l’aide de la France au début des années 2000, symbolise l’effacement d’un lieu de vie et de mémoire sous le régime taliban.**_

Un amas de gravats marque désormais l’emplacement de l’ancien cinéma Ariana, au cœur de la capitale afghane. Les travaux de démolition, constatés récemment, doivent laisser place à la construction d’un centre commercial. Ce bâtiment, érigé dans les années 1960, était l’un des lieux de sociabilité les plus prisés des habitants de Kaboul, qui s’y pressaient pour découvrir des films du monde entier.

L’édifice avait déjà été entièrement détruit pendant la guerre civile au milieu des années 1990, puis laissé à l’abandon sous le premier régime taliban, hostile à toute forme de divertissement. Une renaissance avait pourtant eu lieu en 2004, grâce à une vaste campagne de restauration menée avec le soutien de professionnels du cinéma français et inaugurée en grande pompe. Cette renaissance fut de courte durée. Fermé depuis le retour au pouvoir des talibans en 2021, le cinéma vient d’être rasé.

Pour de nombreux Afghans, cette disparition est une blessure. Une habitante de Kaboul, aujourd’hui âgée de 65 ans, évoque avec émotion les souvenirs liés à ce lieu qu’elle fréquentait dans sa jeunesse. L’écrivain et cinéaste franco-afghan Atiq Rahimi, qui y avait présenté son premier film, déplore une disparition qu’il juge plus cruelle que la destruction passée. Il y voit l’effacement délibéré d’une mémoire collective au nom d’un modernisme sans âme.

Cette destruction intervient dans un contexte où les autorités talibanes imposent une interprétation très stricte de la loi islamique, proscrivant la plupart des formes d’expression artistique et de loisirs publics. La disparition de l’Ariana semble acter, dans le paysage urbain, la fin d’une époque où la culture cinématographique incarnait une certaine ouverture.

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