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La peur au ventre, des parents sans-papiers en Floride préparent leur séparation

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Face à la menace d’expulsion, un nombre croissant de familles en situation irrégulière aux États-Unis organise, par procuration, la protection légale de leurs enfants. Une démarche préventive qui illustre l’angoisse quotidienne de ces communautés.

Rosa, une Guatémaltèque de trente-deux ans installée en Floride, vit désormais dans la crainte permanente. Après l’arrestation et la détention de son mari par les services de l’immigration, elle redoute à son tour d’être appréhendée, laissant ses deux enfants, âgés de onze et quatre ans, seuls et vulnérables. Pour parer à cette éventualité, elle a signé une procuration confiant leur garde légale à une tierce personne. Cette pratique, qui se répand à travers le pays, permet à un mandataire désigné d’agir au nom des mineurs dans les démarches scolaires, médicales ou administratives, sans pour autant déchoir les parents de leurs droits.

À Miami, Nora Sandigo, fondatrice d’une organisation d’aide aux familles migrantes, est devenue la tutrice légale de près de cinq cents enfants. Son téléphone ne cesse de sonner, avec chaque jour de nouveaux appels de parents affolés. Elle attribue cette augmentation significative des demandes au durcissement des politiques migratoires fédérales et à un climat de peur entretenu par des discours perçus comme hostiles. Les opérations des services de l’immigration dans les rues de Floride alimentent cette psychose au sein d’une population majoritairement issue de l’immigration.

Aucune statistique nationale ne recense précisément ce phénomène, mais des reportages à travers plusieurs États, du Vermont à l’Illinois, en attestent la progression. Certains législateurs, comme en Californie, ont même récemment adopté des textes pour encadrer ces procédures. Pour Nora Sandigo, l’urgence est avant tout humaine. Elle héberge parfois chez elle, pendant des mois, des enfants dont les parents ont été expulsés, tentant de préserver un semblant de stabilité.

L’impact psychologique sur les jeunes générations est profond. Jessica, quatorze ans, née sur le sol américain, vit sous la protection légale de Nora Sandigo. Si elle a construit toute son existence en Floride, l’adolescente avoue sa terreur à l’idée que ses parents, sans statut légal, soient un jour renvoyés dans leur pays d’origine. Elle affirme qu’elle les suivrait, quitte à tout abandonner. Cette détresse, partagée par de nombreux jeunes, laisse craindre à l’activiste des séquelles durables, un ressentiment ancré chez ceux qui grandissent dans l’ombre de la menace.

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