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Influence, nucléaire et résilience : Macron fixe les objectifs stratégiques de la France

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Emmanuel Macron : "Écraser la Russie, cela n'a jamais été la position de la France et cela ne le sera jamais"

Tirant les enseignements de la guerre en Ukraine et des nouveaux défis géopolitiques mondiaux, Emmanuel Macron a érigé mercredi la lutte informationnelle en mission de défense-clé, et réaffirmé le rôle de la dissuasion nucléaire française dans la sécurité de l’Europe.

« Ce qui se joue en Ukraine n’est pas simplement une illustration des tendances déjà à l’œuvre, ça en est une accélération massive », a-t-il lancé en présentant la dernière revue nationale des défis et objectifs stratégiques de la France (RNS) depuis le porte-hélicoptères amphibie Dixmude, un des plus gros bâtiments de guerre français, dans la rade de Toulon (Var).

« Cette guerre clarifie aussi l’état du monde dans lequel nous sommes, l’affaiblissement des normes et des tabous, l’ivresse des appétits. Elle qualifie ce moment dangereux où l’équilibre ancien est contesté et le nouveau n’est pas atteint », a souligné le chef de l’Etat.

Dans un tel contexte, la France entend rester une puissance « respectée pour son statut d’Etat doté de l’arme nucléaire, moteur de l’autonomie stratégique européenne, allié exemplaire dans l’espace euro-atlantique, partenaire fiable et crédible », a-t-il martelé.

Le président a ainsi réaffirmé que la dissuasion nucléaire française « contribuait » à la « sécurité » de l’Europe, clarifiant ainsi des déclarations récentes qui avaient semblé remettre en question cet enjeu.

« Aujourd’hui plus encore qu’hier, les intérêts vitaux de la France ont une dimension européenne (…) Gardons-nous d’oublier que la France a bien la dissuasion nucléaire et gardons-nous parfois de dramatiser quelques propos », a-t-il pointé.

Fin de Barkhane

Le 12 octobre, le chef de l’Etat avait jeté le trouble en déclarant sur la chaîne France 2 qu’une frappe nucléaire « dans la région » de l’Ukraine, sous-entendu potentiellement dans des pays européens membres de l’Otan, ne relevait pas des « intérêts fondamentaux » de la France.

Emmanuel Macron a plaidé pour des « coalitions » européennes de défense, insistant au passage sur la nécessité pour la France et l’Allemagne d’aboutir plus vite dans leurs projets contrariés de char et d’avion de combat du futur.

S’il continue de pousser pour plus de souveraineté européenne, un discours qui inquiète les Européens de l’est, très attachés à l’Otan et au parapluie américain, le chef de l’Etat a aussi insisté sur le rôle-clé de l’Alliance atlantique, qui apparaît de nouveau plus que jamais d’actualité avec la guerre en Ukraine.

« L’Alliance reste un cadre essentiel pour la sécurité collective. Les circonstances actuelles confortent sa pertinence dans sa vocation euro-atlantique, en particulier à l’heure du pivot américain vers l’Asie », a-t-il dit.

Au passage, le chef de l’Etat a annoncé officiellement la fin de l’opération antijihadiste Barkhane au Sahel, neuf ans après l’arrivée des forces françaises au Mali et trois mois après leur départ de ce pays.

Exit le modèle expéditionnaire d’armée. Place à des forces concentrées sur le risque de conflits de haute intensité, impliquant des déploiements massifs d’hommes, matériels et moyens.

La nouvelle stratégie de la France en Afrique sera finalisée d’ici six mois après consultations avec ses partenaires sur le continent, a précisé le chef de l’Etat. Quelque 3.000 militaires français restent déployés au Niger, au Tchad et au Burkina Faso.

Résilience

Parmi les nouveaux défis, « l’influence », qui inclut la lutte contre les fausses informations à des fins de déstabilisation, va être érigée au rang de « fonction stratégique » dans la défense de la France.

« Nous ne serons pas des spectateurs patients », assistant à la propagation de narratifs hostiles à la France, a averti Emmanuel Macron, promettant une action plus offensive en la matière, « sans orgueil, mais sans inhibition malvenue ».

Cette RNS doit servir de base à la prochaine loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030, qui devra poursuivre l’effort budgétaire en matière de défense initié en 2017. Le président n’a fait aucune annonce en la matière.

Il a en revanche insisté sur la « mobilisation » de la nation, qui va passer aussi par la généralisation du Service national universel, et l' »économie de guerre » auquel le pays doit faire face. Une « posture de vigilance » et une nécessité « en cas de crise grave », a-t-il dit.

« Il ne s’agit pas de militariser la société mais bien de renforcer l’esprit de résilience, sa force morale (..) pour la défense de notre souveraineté », a-t-il insisté.

Le chef de l’Etat a demandé dès juin aux industriels de défense de s’efforcer de produire davantage et plus rapidement, à des coûts maîtrisés, pour faire face à la nouvelle donne géopolitique mondiale.

« Pour l’instant, c’est un catalogue de bonnes intentions. Reste à concrétiser ces idées », a réagi Cédric Perrin, vice-président de la commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées du Sénat, tout en saluant des « ambitions fortes ».

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