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Hippolyte Morestin, le réparateur des gueules cassées

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Pendant la Première Guerre mondiale, il était l’un des plus éminents chirurgiens au monde. Inventeur de gestes que l’on pratique encore en chirurgie plastique, Hippolyte Morestin est pourtant inconnu du grand public, et encore plus en Martinique où il est né.

Hippolyte Morestin a été le premier à réparer les visages brisés voire déchiquetés de milliers de soldats victimes d’obus sur le front de 14-18. A l’hôpital militaire du Val de Grâce ou à l’hôpital de la fondation Rothschild à Paris, pendant les quatre années de la guerre, il soigne des plaies jamais vues jusqu’alors. Le médecin invente alors des techniques encore utilisées aujourd’hui.

« A l’école de médecine, on parle aux étudiants des opérations de Morestin. Des opérations de tumeurs par le plancher buccal par exemple. Il a même inventé un appareil qui permet d’aspirer le sang et la salive », explique à l’AFP Xavier Chevallier, conservateur en chef des bibliothèques de la Collectivité Territoriale de Martinique qui a mené de nombreuses recherches sur le médecin.

Selon lui, le médecin était souvent le dernier espoir des cas désespérés et opérait avec un soin inédit pour l’époque, des lupus, des kystes, des appendicites ainsi que des malformations congénitales comme les becs de lièvre ou les oreilles décollées.

Né en 1869 à Basse-Pointe, en Martinique, ce Blanc créole quitte le territoire dès le lycée pour étudier à Paris. Lorsqu’il y découvre la médecine, il lui dédie toute sa vie, « en particulier la chirurgie esthétique, il n’était passionné que par ça. En plus de 35 ans de carrière, il a écrit plus de 600 articles », s’enthousiasme Xavier Chevallier.

Encensé par ses confrères, salué par les revues médicales du début du XXe siècle, il participe à des congrès de médecine à Bruxelles, Madrid ou New York. « Comme tous les génies, il avait un caractère particulier. Il était tellement absorbé par son travail que le reste il n’en tenait pas compte. Il traitait parfois les gens avec dédain, mépris », explique Xavier Chevallier.

Opérations gratuites

Comme cette étudiante en médecine, qu’il recale sèchement à un examen parce qu’elle n’est pas capable de lui dire la couleur de la boule de l’escalier qu’elle vient d’emprunter, arguant que l’observation est une qualité indispensable au médecin. Mais quand elle éclate en sanglots car elle n’a pas les moyens de redoubler, c’est finalement lui qui prendra en charge sa nouvelle année d’études.

Avec ses patients, il sait se montrer compréhensif. « Quels que soient l’âge, la bourse et la provenance de la personne malade, Hippolyte était vraiment dévoué à soigner ceux qui souffraient. Il a œuvré à réparer, soigner et guérir et surtout a ramené une dimension sociale dans son soin », précise à l’AFP son arrière petite nièce, Gwenola Balmelle.

Dans sa famille, on garde encore des photos de lui et des anecdotes de ses rares retours en Martinique : « quand il rentrait, il opérait gratuitement tous ceux qui en avaient besoin. Il a par exemple opéré en urgence une femme qui souffrait d’une péritonite aigüe, sur la table de la cuisine, et il l’a sauvée ».

Aujourd’hui, sur l’île, Hippolyte Morestin s’est effacé des mémoires. « A Paris, il y a des services de chirurgie, une galerie muséale à son nom. Au Lamentin (en Martinique), un bâtiment de l’ancien hôpital portait son nom mais personne ne sait où est passée la plaque. A part trois rues à son nom, il est inconnu », s’étonne André Edouard, président de la Société Martiniquaise d’Histoire de la Médecine.

L’association milite pour que son nom soit donné à un bloc opératoire du CHU de Martinique. « Sa collection d’écrits était en vente dans une librairie de Californie. Nous avons entrepris des démarches pour que la collectivité de Martinique les achète, ça n’a pas marché. La faculté de l’Université de Californie s’est dépêchée d’acheter parce qu’ils avaient bien compris la valeur de ces documents », regrette-t-il.

Hippolyte Morestin est mort seul et sans descendance en février 1919, à Paris, emporté par une pneumonie.

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Culture

Cannes : Justine Triet gagne la Palme d’or et charge le gouvernement

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Cannes : Justine Triet gagne la Palme d’or et charge le gouvernement

La réalisatrice française, lauréate de la Palme d’or pour « Anatomie d’une chute », a livré un discours puissant sur la « contestation historique, niée et réprimée » contre la réforme des retraites.

Justine Triet aura indéniablement marqué l’histoire du Festival de Cannes. Parce qu’elle hisse désormais au nombre de 3 les femmes réalisatrices récompensées de la Palme d’or (après Jane Campion et Julia Ducournau). Et au nombre de 10 les films français ainsi distingués. Mais on retiendra aussi longtemps son discours puissant et engagé prononcé ce samedi 27 mai.

Le jury de cette 76e édition, présidé par le Suédois Ruben Östlund, a fait du film Anatomie d’une chute le grand gagnant de cette soirée. Sur la scène du Palais des Festivals, c’est des mains de Jane Fonda – qui venait de souligner la présence de 7 femmes réalisatrices en compétition, une première – que Justine Triet a reçu sa Palme d’or. Très heureuse et émue, la Française était entourée de ses acteurs et actrices, mais aussi de son compagnon le cinéaste et acteur Arthur Harari avec qui elle a écrit ce scénario.

La réforme des retraites à Cannes

Mais alors qu’elle avait la parole, la réalisatrice de 44 ans a chargé le gouvernement sur la gestion de la crise de la réforme des retraites.

« Cette année, le pays a été traversé par une contestation historique, extrêmement puissante, unanime de la réforme des retraites », a-t-elle lancé, alors que des applaudissements se faisaient entendre dans la salle.

« Cette contestation a été niée et réprimée de façon choquante », et pour Justine Triet « ce schéma de pouvoir dominateur de plus en plus décomplexé éclate dans plusieurs domaines. » D’abord socialement – « c’est là où c’est le plus choquant », dit-elle, mais aussi « toutes les autres sphères de la société, et le cinéma n’y échappe pas. »

La cinéaste française, à qui l’on doit déjà Sibyl ou Victoria avec son actrice fétiche Virginie Efira, a accusé le « gouvernement néo libéral » d’Emmanuel Macron de défendre « la marchandisation de la culture » aux dépens « de l’exception culturelle française. Cette même exception culturelle sans laquelle je ne serai pas là aujourd’hui devant vous. »

La ministre « estomaquée »

Quelques minutes plus tard, la ministre de la Culture Rima Abdul Malak s’est fendue d’un message posté sur les réseaux sociaux pour répondre à Justine Triet. Si la ministre se dit « heureuse » de voir une 10e Palme française, elle est aussi « estomaquée par son discours si injuste » : « Ce film n’aurait pu voir le jour sans notre modèle français de financement du cinéma, qui permet une diversité unique au monde. Ne l’oublions pas. »

Dans Anatomie d’une chute, Justine Triet filme le procès d’une veuve – Sandra Hüller, excellente – accusée du meurtre de son compagnon et opère une déconstruction patiente des dynamiques de pouvoir dans un couple d’artistes aisés. Il est attendu dans les salles françaises le 23 août prochain.

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TotalEnergies : des échauffourées entre des militants pour le climat et la police avant l’assemblée générale

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TotalEnergies : des échauffourées entre des militants pour le climat et la police avant l'assemblée générale

Une centaine de personnes sont réunies devant la salle Pleyel, dans le 17e arrondissement de la capitale, à quelques heures de l’assemblée générale du géant français.

Des échauffourées entre police et manifestants pour le climat ont éclaté vendredi 26 mai aux abords de la salle parisienne où doit se tenir l’assemblée générale annuelle de TotalEnergies. Le géant français des hydrocarbures se prépare à vivre une réunion électrique, ciblée par une coalition d’associations qui menace de la bloquer, mais aussi par une partie de ses actionnaires en désaccord avec sa politique climatique.

Dès l’aube, une centaine de manifestants pour le climat ont tenté de pénétrer dans le tronçon de rue passant devant la salle Pleyel, située dans le 17e arrondissement de la capitale. Une dizaine d’entre eux, qui s’étaient assis devant l’entrée, ont été délogés par les forces de l’ordre. Après trois sommations rapides, les forces de l’ordre ont projeté du gaz lacrymogène.

De nombreuses images de ses échauffourées ont été diffusées par des journalistes présents sur place et par des militants sur les réseaux sociaux.

La réunion arrive à la fin d’une saison d’AG houleuses, où les actions se sont multipliées contre les grands groupes, comme chez les concurrents Shell et BP ou encore la banque Barclays, accusée de financer l’expansion de projets d’hydrocarbures. Le tout sur fond de profits faramineux : ensemble, les majors BP, Shell, ExxonMobil, Chevron et TotalEnergies affichent plus de 40 milliards de dollars de bénéfices ce trimestre après des records en 2022.

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Des sans-abris de Paris envoyés en Bretagne pendant les Jeux Olympiques 2024

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Des sans-abris de Paris envoyés en Bretagne pendant les Jeux Olympiques 2024

Des sans-abri de la ville de Paris déplacés en Bretagne pendant la Coupe du Monde de Rugby et les Jeux Olympiques de 2024. Les élus de la commune bretonne expriment leurs préoccupations concernant la méthode et le choix du site.

La commune de Bruz, située en Ille-et-Vilaine, accueillera dès le mois de septembre un lieu d’hébergement temporaire pour des sans-abris en provenance d’Île-de-France. Cependant, suite aux événements survenus à Saint-Brevin, les élus de la commune bretonne expriment leurs inquiétudes quant à la méthode de la préfecture et au choix du site.

Selon la Préfecture d’Ille-et-Vilaine, ce lieu d’hébergement provisoire sera destiné à des sans-abris venant de la région Île-de-France. Cette information, rapportée par Ouest-France, a été confirmée par les autorités. Plusieurs lieux similaires seront mis en place dans dix régions françaises, et c’est la commune de Bruz, près de Rennes, qui a été sélectionnée par le Préfet pour accueillir ce dispositif. Matthieu Blet, secrétaire général adjoint de la préfecture d’Ille-et-Vilaine, souligne l’importance de la solidarité nationale et affirme que la Bretagne doit y contribuer comme les autres régions.

Les personnes sans logement seront encouragées à quitter Paris volontairement pour rejoindre ce lieu d’hébergement à Bruz. À partir du mois de septembre, elles seront accueillies dans des bâtiments modulaires implantés sur un terrain appartenant à la SNCF, à proximité de la gare. La préfecture assure que ce site n’a pas vocation à perdurer au-delà de la fin de 2024 ou du début de 2025.

Le lieu pourra accueillir cinquante personnes maximum, qui pourront y rester pendant une durée maximale de trois semaines. Ensuite, elles seront dirigées vers d’autres départements bretons, où elles seront prises en charge dans des centres d’hébergement d’urgence ou des centres d’accueil de demandeurs d’asile. Les déplacements depuis la région parisienne jusqu’au site de Bruz se feront en bus. Le site sera surveillé par des agents de sécurité les week-ends et la nuit, et il sera clôturé en raison de sa proximité avec les voies ferrées. Avant l’ouverture du site de Bruz, les premiers sans-abris parisiens seront accueillis dès le mois de mai dans un ancien hôtel de la commune de Montgermont, également utilisé comme lieu d’hébergement d’urgence.

Les élus de Bruz ont été informés du projet il y a quelques jours seulement et ont exprimé leurs préoccupations lors du conseil municipal qui s’est tenu le 22 mai. Le maire de Bruz s’est dit « sidéré » par cette décision et critique la méthode employée.

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