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Gabès étouffe sous l’emprise d’un complexe chimique délétère

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La colère monte dans le sud tunisien où les émanations toxiques d’une usine vieillissante provoquent intoxications en série et mobilisations citoyennes.

Les riverains du complexe industriel de Gabès manifestent une inquiétude grandissante face aux nuages grisâtres qui s’échappent continuellement des installations. Les services hospitaliers locaux ont pris en charge près de deux cents personnes durant le seul mois écoulé, dont une majorité d’élèves. Les témoignages se multiplient sur les malaises survenus en milieu scolaire, avec des sensations de brûlures respiratoires et des pertes de connaissance.

Cette usine de fertilisants, exploitée par le Groupe Chimique Tunisien, utilise depuis 1972 des procédés impliquant de l’ammoniac et de l’acide sulfurique. Les équipements, dont l’état se dégrade progressivement, généreraient des fuites toxiques selon des élus locaux. Les incidents se seraient intensifiés récemment, avec six épisodes de pollution recensés depuis le début de septembre.

La situation place les autorités dans une position délicate. D’un côté, le site représente un pilier économique pour la région, employant directement quatre mille personnes. De l’autre, les études scientifiques pointent depuis plus de dix ans son impact environnemental et sanitaire. Les rejets industriels auraient contaminé les écosystèmes côtiers, provoqué un déclin des activités halieutiques et favorisé l’émergence de pathologies respiratoires.

Un mouvement citoyen exige désormais le démantèlement pur et simple des installations. Des avocats ont annoncé le dépôt prochain de plaintes visant à suspendre les activités polluantes. La présidence tunisienne a dépêché une mission interministérielle pour évaluer les conditions d’exploitation, mais les experts doutent de la possibilité d’une réhabilitation du site.

Dans les foyers de Gabès, l’amertume le dispute à l’impuissance. Les familles hésitent à envoyer leurs enfants en classe et constatent l’aggravation des troubles de santé. Le complexe chimique, perçu comme un legs empoisonné du développement industriel, continue pourtant de fonctionner jour et nuit, suscitant autant de craintes que de résignation parmi une population confrontée à un dilemme entre survie économique et protection sanitaire.

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