France
Financement libyen : de nouveaux éléments à charge contre Sarkozy
De Tripoli à Paris, de nouveaux éléments d’enquête viennent renforcer les soupçons de financement libyen de la campagne de 2007 de Nicolas Sarkozy – que l’ex-chef de l’Etat français dément – tels des témoignages supplémentaires de l’ex-garde rapprochée de Mouammar Kadhafi.
Une information judiciaire avait été ouverte en 2013 en France, épais puzzle dans lequel Nicolas Sarkozy est mis en examen pour quatre infractions et conteste toute accusation.
En parallèle, une enquête libyenne a permis, ces dernières années déjà, d’entendre plusieurs proches du Guide tué en 2011 évoquer, sans apporter de preuves matérielles, de l’argent versé. Une valise de billets, selon l’ex-Premier ministre Baghdadi Al-Mahmoudi (2006 à 2011); un versement de sept millions d’euros selon l’ancien chef des renseignements militaires et beau-frère de Kadhafi, Abdallah Senoussi.
Début juin, la magistrate instructrice française Aude Buresi, un enquêteur de l’Oclciff (Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales) et un procureur du Parquet national financier se sont rendus en Libye.
Selon des éléments de l’enquête dévoilés par Mediapart récemment, un procureur de Tripoli leur a confirmé la volonté libyenne de se porter partie civile en France et leur a résumé les derniers témoignages obtenus, selon lui « très variables, car certaines personnes ont peur d’être poursuivies en Libye concernant un détournement d’argent public ».
Une visite en 2005
Principale nouveauté, la toute première audition de l’ex-argentier Bachir Saleh, présenté par d’autres Libyens comme central dans ce financement supposé, en tant que gestionnaire d’un fonds étatique par lequel auraient transité une partie des versements.
Exfiltré de Libye en France en pleine révolution libyenne, puis de France vers l’étranger en 2012, au moment où le pouvoir devenait socialiste en France, cet homme âgé de 75 ans avait plusieurs fois balayé cette « salade franco-française ». Cependant, une équipe de l’émission télévisée « Cash investigation » de 2018 l’avait enregistré à son insu alors qu’il disait « croire » aux accusations de financement libyen formulées par Abdallah Senoussi, tout en se dédouanant de tout rôle.
Selon ces nouveaux éléments, obtenus via une audition à Dubaï en 2019, M. Saleh a de nouveau contesté avoir joué tout rôle mais, pour la première fois, il affirme avoir « entendu que Nicolas Sarkozy a demandé à Mouammar Kadhafi de l’aider dans sa campagne ».
Celui qui fait l’objet depuis 2018 d’un mandat d’arrêt international émis par les juges français a aussitôt tempéré: selon le procureur libyen, « il ne sait pas comment cette aide a été versée » et « ne sait pas s’il y a eu des sommes transférées ».
Plus récemment, début 2021, Ahmed Ramadan, ancien secrétaire particulier de Kadhafi, a déclaré à la justice libyenne que lors de sa fameuse visite de 2005 en tant que ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy avait « demandé à Mouammar Kadhafi de le soutenir financièrement et moralement pour sa prochaine campagne électorale. (Le Guide) lui a donné son accord », sans que la valeur de ce soutien ne soit alors évoquée.
Catégorique, l’ex-homme de confiance du Guide a évoqué une somme ensuite fixée à 7 millions d’euros et dollars, attestée par « des reçus » et des « preuves » non fournis.
Un autre témoin s’est montré en revanche moins tranché sur ces accusations: Abdel Rahmane Chalgham, ministre des Affaires étrangères de Kadhafi entre 2000 et 2009.
Celui qui avait fait défection pendant la révolte libyenne début 2011 a indiqué en février 2018 n’avoir jamais entendu parler d’un tel financement, si ce n’est lors d’une unique discussion non datée avec le Guide, au cours de laquelle Kadhafi se serait demandé, selon Chalgham, si de l’argent avait effectivement été versé.
L’enquête française a aussi récupéré récemment un témoignage d’une autre proche de Kadhafi, son ex-cheffe du protocole Mabrouka Cherif, produit en 2019.
Comme Ahmed Ramadan et d’autres dignitaires libyens, celle-ci a déclaré que lors de sa visite de 2005, Nicolas Sarkozy avait « demandé » à Mouammar Kadhafi « de le soutenir et de l’aider dans sa campagne électorale » de 2007, d’après elle pour « 20 millions », demande renouvelée en 2010 encore pour « 20 millions d’euros ».
Agendas
Sur demande des magistrats instructeurs, les enquêteurs français se sont par ailleurs penchés sur la relation entre Nicolas Sarkozy et l’ancien haut fonctionnaire Thierry Gaubert, mis en examen en janvier 2020 car soupçonné d’avoir touché via diverses opérations bancaires et l’intermédiaire Ziad Takieddine des fonds provenant du régime Kadhafi.
Quelques mois plus tard, Nicolas Sarkozy avait déclaré à deux reprises ne pas avoir vu son ancien collaborateur depuis 1996. Mais l’analyse des agendas de ce dernier a apporté « de nombreux éléments confirmant la poursuite des relations » entre les deux « postérieurement à 1995 », selon le commandant de l’Oclciff qui enquête sur ce dossier.
Plus anecdotique, l’ex-épouse du chef de l’Etat Cécilia Attias a elle aussi été interrogée, début juin.
Elle a présenté Nicolas Sarkozy comme un « homme honnête, profondément intègre », « un homme d’Etat », tout en indiquant être « tombée de (sa) chaise plus d’une fois » à la découverte dans la presse d’éléments sur ce dossier. « Soit j’étais très naïve, soit j’ai été très stupide, mais pour moi, ça ne rentrait pas du tout dans l’image que j’avais et dans ce que j’ai vécu ».
Contactés sur ces témoignages libyens comme sur ces éléments issus des agendas, ni l’entourage, ni l’avocat de l’ex-président, présumé innocent, n’ont répondu.
France
Le procès de Mazan suspendu suite à l’hospitalisation de l’accusé principal
Dominique Pelicot, accusé clé dans l’affaire des viols de Mazan, a été hospitalisé mardi, perturbant le déroulement du procès. Une suspension de l’audience est désormais envisagée pour permettre à l’accusé d’assister aux débats, cruciaux pour les victimes.
Dominique Pelicot, 71 ans, principal accusé dans l’affaire des viols perpétrés à Mazan, est au cœur d’un procès complexe qui secoue la cour criminelle de Vaucluse. Mardi, alors qu’il devait s’exprimer pour la première fois, son hospitalisation a chamboulé l’audience, laissant planer l’incertitude sur la suite des débats. L’avocate de Pelicot, Me Béatrice Zavarro, a informé la cour que son client, affaibli depuis le début de la semaine, ne pouvait pas se présenter en raison de son état de santé. Ce dernier, souffrant de douleurs intestinales depuis plusieurs jours, a finalement été admis à l’hôpital, soulevant la question d’une éventuelle suspension du procès.
Le président de la cour, Roger Arata, a réagi en ordonnant une expertise médicale de l’accusé, tout en envisageant une suspension temporaire du procès. « Il est essentiel que M. Pelicot soit en mesure d’assister aux débats », a déclaré le magistrat, soulignant l’importance de la présence de l’accusé dans un procès criminel. Cette position a été appuyée par l’ensemble des parties civiles, pour qui il est impensable de continuer sans que Pelicot ne soit en salle. Me Stéphane Babonneau, avocat de la famille Pelicot, a réitéré cette nécessité en soulignant que l’absence de l’accusé empêcherait toute déposition de ses clients.
Lundi matin, Pelicot était apparu affaibli à l’audience, se déplaçant difficilement avec l’aide d’une canne et s’appuyant contre la vitre de son box. Son état alarmant n’a fait qu’empirer au cours du week-end, selon son avocate, qui a insisté sur le fait qu’il ne s’agissait en aucun cas d’une manœuvre visant à retarder le procès. « M. Pelicot n’a pas l’intention de fuir ses responsabilités », a affirmé Me Zavarro, réfutant toute tentative de manipulation.
Alors que cette hospitalisation marque un tournant inattendu, les témoignages se poursuivent, notamment celui de Stéphan Gal, enquêteur clé dans ce dossier tentaculaire. Lors de son audition, Gal a corroboré les propos de son collègue, le commissaire Jérémie Bosse Platière, en affirmant que les agresseurs ne pouvaient ignorer l’état inconscient de Gisèle Pelicot au moment des faits. Des milliers de photos et vidéos enregistrées par l’accusé ont été analysées, confirmant le caractère délibéré de ces actes, bien que certains accusés, comme Mathieu D., alias « Gaston », aient plaidé la naïveté en évoquant un prétendu « jeu sexuel ».
Ce procès hors norme, impliquant 51 accusés âgés de 26 à 74 ans, dont 35 reconnaissent les actes tout en niant l’intention criminelle, repose en grande partie sur la question de la manipulation exercée par Dominique Pelicot. Les experts entendus lundi ont souligné la personnalité de l’accusé, décrivant un homme capable de « manipuler les autres à sa guise ». Face à l’ampleur de l’affaire, l’intérêt public ne cesse de croître, attirant un nombre important de journalistes et de spectateurs à Avignon.
Dominique Pelicot, qui a fait le choix de rendre cette affaire publique, souhaite que son histoire serve d’exemple à d’autres victimes de soumission chimique. Le silence pesant qui règne dans la salle lors de la description des faits en témoigne : ce procès, au-delà de sa dimension juridique, a profondément marqué l’opinion publique.
Le procès pourrait donc être suspendu le temps que Dominique Pelicot se rétablisse, mais l’ampleur de l’agenda fixé sur quatre mois laisse la possibilité de rattraper les séquences manquées. Une suspension qui, bien qu’inévitable, souligne l’importance pour la justice d’entendre toutes les parties dans ce procès d’une rare intensité.
Culture
Les descendants de Gustave Eiffel s’opposent au maintien des anneaux olympiques sur la tour Eiffel
Alors que la maire de Paris souhaite conserver les anneaux olympiques sur la tour Eiffel jusqu’aux Jeux de Los Angeles en 2028, les héritiers de Gustave Eiffel réaffirment leur désaccord. Ils proposent un transfert symbolique des anneaux à Los Angeles d’ici fin 2024.
L’installation des anneaux olympiques sur la tour Eiffel, symbole incontournable de Paris, suscite un vif débat entre la municipalité et les descendants de son créateur, Gustave Eiffel. L’Association des descendants de Gustave Eiffel (Adge) s’est à nouveau exprimée, dimanche, en réaffirmant sa ferme opposition à la volonté de la maire Anne Hidalgo de maintenir cette installation jusqu’en 2028, au-delà de l’échéance olympique parisienne de 2024.
Dans un communiqué, les descendants expriment leur satisfaction quant à la présence temporaire des anneaux durant les Jeux, mais insistent sur la nécessité de les retirer dès la fin de l’année olympique. En cause, une « altération substantielle » de l’esthétique et du symbole de la tour Eiffel, qu’ils jugent incompatible avec l’œuvre originelle de leur ancêtre. Selon eux, les anneaux, de par leur taille imposante et leurs couleurs vives, perturbent l’harmonie visuelle de ce monument iconique, modifiant ses formes épurées et symbolisant une rupture avec son histoire.
Cette prise de position s’inscrit dans un contexte de tensions avec la mairie, qui défend de son côté une démarche visant à prolonger l’esprit olympique à travers cette installation. Anne Hidalgo avait réitéré son souhait de voir les anneaux perdurer sur la tour Eiffel jusqu’aux Jeux de Los Angeles en 2028, insistant sur leur potentiel à renforcer le lien entre ces deux événements planétaires. Toutefois, ce projet a provoqué un tollé parmi les défenseurs du patrimoine parisien et les opposants politiques, arguant que la tour, patrimoine universel, ne doit pas devenir le support de symboles événementiels temporaires au-delà de son rôle dans les Jeux de Paris.
Les descendants d’Eiffel vont plus loin en suggérant une alternative à la prolongation des anneaux. Ils proposent que, tout comme la flamme olympique sera transmise à Los Angeles à la fin des Jeux de 2024, la Ville de Paris pourrait symboliquement transférer les anneaux à la cité californienne. Ce geste marquerait, selon eux, la clôture de l’année olympique et préserverait l’intégrité visuelle de la tour Eiffel tout en respectant la continuité symbolique des Jeux.
Soucieux de protéger l’héritage de Gustave Eiffel, les membres de l’Adge rappellent avoir consulté un cabinet juridique afin de défendre leur position. Pour eux, l’accrochage des anneaux ne relève pas seulement d’une question esthétique, mais touche également au symbole que représente la tour, monument synonyme de neutralité et de paix, dénué de toute association directe avec les Jeux olympiques au fil de son histoire.
Ce débat soulève des questions plus larges quant à l’utilisation des monuments historiques dans le cadre d’événements mondiaux. Si certains y voient une opportunité de rayonnement international, d’autres, comme les héritiers d’Eiffel, insistent sur la nécessité de préserver l’intégrité des œuvres architecturales majeures. Le dialogue entre la mairie de Paris et les représentants de Gustave Eiffel reste ouvert, dans l’espoir de trouver un compromis respectant à la fois l’esprit des Jeux et celui de la tour Eiffel, emblème éternel de la capitale française.
France
Paris termine en beauté les Jeux paralympiques avec une soirée électro
Dans une ambiance festive malgré la météo capricieuse, Paris a célébré la fin des Jeux paralympiques 2024 avec une cérémonie marquée par une grande fête musicale au Stade de France. La capitale française, qui a accueilli les athlètes du monde entier, a passé le flambeau à Los Angeles, prochain hôte des Jeux en 2028.
Ce dimanche soir, Paris a mis un point final à un été olympique exceptionnel en accueillant la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques dans un Stade de France vibrant aux sons de la musique électro. Dès 20h30, la fête a commencé, marquée par la symbolique extinction de la vasque olympique, qui a trôné pendant toute la durée des compétitions au cœur des Tuileries. Malheureusement, en raison des intempéries, l’ultime envol de la vasque au-dessus du bassin n’a pu avoir lieu. Toutefois, cela n’a pas gâché l’enthousiasme de la foule, bien décidée à profiter de cette soirée festive.
Transformé en gigantesque piste de danse, le Stade de France a réuni 24 figures emblématiques de la scène électro française, à l’instar de Jean-Michel Jarre, Kavinsky et Kungs, pour un spectacle d’une heure célébrant l’esprit de « Paris est une fête ». Devant 4 400 para-athlètes venus de toutes parts, la musique a résonné, apportant une touche finale aux exploits sportifs qui ont marqué cette quinzaine.
La délégation chinoise a une nouvelle fois confirmé sa domination, terminant en tête du tableau des médailles avec 94 titres, poursuivant ainsi sa série ininterrompue de victoires. Derrière elle, la Grande-Bretagne et les États-Unis ont également brillé. Côté français, l’objectif ambitieux de se hisser dans le top 8 a été atteint avec 19 médailles d’or sur un total de 75. Aurélie Aubert, championne de Boccia, et Tanguy De La Forest, en para-tir sportif, ont eu l’honneur de porter fièrement le drapeau tricolore pour cette dernière parade.
La fin des festivités ne signifie pas pour autant la fin des enjeux. Michael Jeremiasz, chef de mission de la délégation française, a salué l’ampleur des Jeux de Paris, qualifiés de « plus grands Jeux paralympiques de l’histoire ». Avec la participation record de 168 nations et une couverture télévisuelle assurée par 165 chaînes, l’édition 2024 s’inscrit comme un jalon important dans l’histoire des paralympiques. Mais au-delà de l’aspect sportif, les attentes sont fortes concernant l’héritage que ces Jeux laisseront en termes de droits et de visibilité pour les personnes en situation de handicap.
Michael Jeremiasz a souligné que ces Jeux ne devaient pas rester une « parenthèse enchantée ». Le défi est désormais de maintenir cette dynamique pour encourager des avancées concrètes, notamment en matière d’accès à l’emploi et de citoyenneté pour les personnes handicapées. La présidente de la région Île-de-France, Valérie Pécresse, a réaffirmé la nécessité de rendre le métro parisien accessible à tous, un chantier colossal qui doit encore surmonter de nombreux obstacles.
Alors que les regards se tournent vers Los Angeles 2028, la flamme olympique s’éteint sur Paris, laissant derrière elle l’espoir que les progrès amorcés ne faibliront pas, et que la capitale continuera de se transformer pour être toujours plus inclusive.
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