France
Face aux juges, 40 heures « à se taper la tête contre les murs » pour Sarkozy
« C’est à se taper la tête contre les murs ». Nicolas Sarkozy, aussi pugnace qu’agacé, s’est défendu pendant plus de 40 heures début octobre face aux soupçons de financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007, sans convaincre les juges qui l’ont une quatrième fois mis en examen.
Trois fois, en quatre jours d’audition-fleuve, selon les éléments dont a eu connaissance l’AFP et également dévoilés par Le Parisien, Le Point ou Mediapart, l’ancien chef de l’Etat lance cette expression révélatrice de son désarroi face à ce dossier « qui (lui) détruit la vie depuis 7 années ».
Pour la première fois depuis mars 2018 et une première mise en examen pour « recel de détournement de fonds publics », « corruption passive » et « financement illégal de campagne électorale », M. Sarkozy acceptait de répondre in extenso aux questions des juges d’instruction Aude Buresi et Marc Sommerer.
Les juges l’ont convoqué afin de le mettre en examen pour une nouvelle infraction: « association de malfaiteurs », soit la « participation à un groupement formé ou une entente établie en vue de la préparation, caractérisée par un ou plusieurs faits matériels, d’un ou plusieurs délits punis de dix ans d’emprisonnement ».
Un dossier « consolidé » ?
La qualification, lourde de sens dans son intitulé, est inédite pour un président de la République. Elle est aussi plus facile à poursuivre jusqu’à un éventuel procès, puisqu’elle n’exige d’eux que la démonstration d' »actes préparatoires » de Nicolas Sarkozy, en l’occurrence « avoir laissé » en conscience ses lieutenants s’impliquer dans le pacte corruptif soupçonné.
« Une consolidation » du dossier, selon un bon connaisseur de celui-ci.
Les deux juges financiers avaient ouvert la voie à cette nouvelle qualification pénale en mettant en examen du même chef l’ancien collaborateur de M. Sarkozy, Thierry Gaubert, le 31 janvier.
Les investigations, ouvertes après la publication par Mediapart en 2012, dans l’entre-deux tours de la présidentielle, d’un document censé prouver que la campagne victorieuse de Nicolas Sarkozy cinq ans plus tôt avait été financée par le régime de Mouammar Kadhafi, ont été validées le 24 septembre par la cour d’appel de Paris. Celle-ci a rejeté une série de recours en nullité formulées par le camp Sarkozy.
Après huit ans d’enquête, les magistrats s’interrogent sur un possible « pacte de corruption »: M. Sarkozy a-t-il « laissé ses plus proches collaborateurs et soutiens politiques, sur lesquels il avait autorité et qui agissaient en son nom, à savoir Claude Guéant et Brice Hortefeux, et des intermédiaires officieux, Ziad Takieddine et Alexandre Djouhri, agir afin d’obtenir ou tenter d’obtenir des soutiens financiers en vue du financement de sa campagne électorale 2007 », à raison de plusieurs millions d’euros?
En échange, le camp Sarkozy a-t-il mis en avant des « contreparties diplomatiques », telles que le retour de la Libye sur la scène internationale; « économiques » avec des contrats et un engagement sur le nucléaire; et « juridiques » avec une « promesse de levée du mandat d’arrêt d’Abdallah al-Senoussi », ex-chef des services secrets de Mouammar Kadhafi, condamné en France par contumace à la prison à vie pour l’attentat du DC-10 d’UTA en 1989 qui avait fait 170 morts?
Face aux juges et à « l’inanité totale de ces accusations », Nicolas Sarkozy passe par plusieurs états: l’incompréhension, l’injustice, l’exaspération.
Sa lecture du dossier est que Ziad Takieddine, intermédiaire sulfureux central dans ce dossier, aurait abusé « des fonds libyens pour les détourner à son profit », tout en prétendant qu’ils étaient destinés à la campagne du futur chef de l’Etat.
A l’approche de la chute du régime kadhafiste face à une révolte populaire et l’intervention de la coalition emmenée par Washington, Paris et Londres en 2011, les Libyens auraient tenté le tout pour le tout en menaçant Nicolas Sarkozy avec de « fausses » accusations.
L’ex-chef de l’Etat, avocat de profession, pose régulièrement des questions aux magistrats: « Vous n’avez ni les preuves de l’arrivée, ni les preuves de la sortie concernant l’argent. Où est l’argent alors? »
Ses accusateurs libyens « avaient tout le temps s’ils voulaient me descendre » pour fournir des « preuves » et des « faits matériels », avance Nicolas Sarkozy, implorant qu’on lui en oppose « enfin ».
En sept ans de travail, les magistrats ont pourtant réuni une somme d’indices: témoignages de dignitaires libyens, notes des services secrets de Tripoli, accusations de M. Takieddine…
Constamment, les magistrats, dont deux procureurs du Parquet national financier (PNF), s’interrogent sur le niveau de connaissance de M. Sarkozy quant aux activités de Ziad Takieddine et Alexandre Djouhri en Libye, et surtout sur les liens étroits que chacun entretient avec Claude Guéant et Brice Hortefeux.
« Où est l’argent ? »
La ligne de défense du l’ancien président est qu’il n’était pas tenu « informé » de ces liens.
Les magistrats s’étonnent: « Claude Guéant n’agit qu’au bénéfice d’une personne. A savoir vous. Il ne tire personnellement aucun bénéfice de cette relation avec Ziad Takieddine ».
Évoquant d’abord sa « confiance » envers son ancien lieutenant, Nicolas Sarkozy en vient, au fur et à mesure des documents qui lui sont soumis, à s’étonner des rapports « incompréhensibles » entre MM. Guéant et Takieddine.
Le premier était suffisamment « crédule pour se faire rouler dans la farine pendant des années » par le second? « Il faut bien le croire hélas », répond M. Sarkozy.
Et l’ex-président de se défendre face aux « erreurs » ou au « manque de discernement » de Claude Guéant: « cela ne fait pas de moi un corrompu ».
« Socrate a dit +connais-toi toi-même+, Kierkegaard a répondu +heureusement, on ne peut pas+. C’est encore plus vrai pour ceux qui nous entourent, ceux qu’on aime et qui peuvent parfois nous décevoir », philosophe-t-il.
Au quatrième et dernier jour, alors que les juges s’apprêtent à le mettre en examen une quatrième fois, M. Sarkozy perd son calme face au feu roulant de questions: « Par moments, je deviens fou, je ne sais pas quoi faire, je ne sais plus quoi faire ».
Lorsque sa nouvelle mise en examen est devenue publique, l’ex-locataire de l’Élysée reprend la parole publiquement: « Je finirai par prouver ma parfaite innocence. J’y mettrai toute la détermination et l’énergie dont je suis capable. L’injustice ne gagnera pas ».
France
Brigitte Macron femme transgenre: deux femmes condamnées pour diffamation
Deux femmes, ayant diffusé une rumeur transphobe à l’encontre de Brigitte Macron, ont été condamnées pour diffamation. Elles doivent verser 8 000 euros de dommages et intérêts à la Première dame et 5 000 euros à son frère.
Deux femmes ont été condamnées par le tribunal correctionnel de Paris pour avoir propagé une infox virale selon laquelle Brigitte Macron serait une femme transgenre. Elles doivent payer une amende de 500 euros avec sursis ainsi qu’un total de 8 000 euros de dommages et intérêts à Brigitte Macron, et 5 000 euros à son frère, Jean-Michel Trogneux.
Ce verdict fait suite à la diffusion d’une longue « interview » sur YouTube en 2021, où l’une des femmes, Amandine Roy, autoproclamée « médium », interrogeait Natacha Rey, une prétendue journaliste autodidacte. Ensemble, elles relayaient cette théorie conspirationniste, basée sur la fausse idée que Brigitte Macron n’aurait jamais existé, et que son frère aurait pris son identité après un changement de sexe.
L’avocat de Brigitte Macron, Me Jean Ennochi, a souligné l’importance de cette décision, bien qu’il ait qualifié cela de simple application de la loi. Il a rappelé les dommages considérables causés par cette rumeur, qui avait rapidement pris une ampleur internationale. En réponse, la Première dame a décidé de porter plainte en janvier 2022, aboutissant à ce jugement.
La rumeur avait eu un écho mondial, notamment aux États-Unis, où elle avait été relayée dans des cercles d’extrême droite. Ce phénomène s’inscrit dans une tendance inquiétante qui a également visé d’autres figures politiques féminines, telles que Michelle Obama ou Kamala Harris, souvent victimes de fausses informations à caractère transphobe.
France
Le procès de Mazan suspendu suite à l’hospitalisation de l’accusé principal
Dominique Pelicot, accusé clé dans l’affaire des viols de Mazan, a été hospitalisé mardi, perturbant le déroulement du procès. Une suspension de l’audience est désormais envisagée pour permettre à l’accusé d’assister aux débats, cruciaux pour les victimes.
Dominique Pelicot, 71 ans, principal accusé dans l’affaire des viols perpétrés à Mazan, est au cœur d’un procès complexe qui secoue la cour criminelle de Vaucluse. Mardi, alors qu’il devait s’exprimer pour la première fois, son hospitalisation a chamboulé l’audience, laissant planer l’incertitude sur la suite des débats. L’avocate de Pelicot, Me Béatrice Zavarro, a informé la cour que son client, affaibli depuis le début de la semaine, ne pouvait pas se présenter en raison de son état de santé. Ce dernier, souffrant de douleurs intestinales depuis plusieurs jours, a finalement été admis à l’hôpital, soulevant la question d’une éventuelle suspension du procès.
Le président de la cour, Roger Arata, a réagi en ordonnant une expertise médicale de l’accusé, tout en envisageant une suspension temporaire du procès. « Il est essentiel que M. Pelicot soit en mesure d’assister aux débats », a déclaré le magistrat, soulignant l’importance de la présence de l’accusé dans un procès criminel. Cette position a été appuyée par l’ensemble des parties civiles, pour qui il est impensable de continuer sans que Pelicot ne soit en salle. Me Stéphane Babonneau, avocat de la famille Pelicot, a réitéré cette nécessité en soulignant que l’absence de l’accusé empêcherait toute déposition de ses clients.
Lundi matin, Pelicot était apparu affaibli à l’audience, se déplaçant difficilement avec l’aide d’une canne et s’appuyant contre la vitre de son box. Son état alarmant n’a fait qu’empirer au cours du week-end, selon son avocate, qui a insisté sur le fait qu’il ne s’agissait en aucun cas d’une manœuvre visant à retarder le procès. « M. Pelicot n’a pas l’intention de fuir ses responsabilités », a affirmé Me Zavarro, réfutant toute tentative de manipulation.
Alors que cette hospitalisation marque un tournant inattendu, les témoignages se poursuivent, notamment celui de Stéphan Gal, enquêteur clé dans ce dossier tentaculaire. Lors de son audition, Gal a corroboré les propos de son collègue, le commissaire Jérémie Bosse Platière, en affirmant que les agresseurs ne pouvaient ignorer l’état inconscient de Gisèle Pelicot au moment des faits. Des milliers de photos et vidéos enregistrées par l’accusé ont été analysées, confirmant le caractère délibéré de ces actes, bien que certains accusés, comme Mathieu D., alias « Gaston », aient plaidé la naïveté en évoquant un prétendu « jeu sexuel ».
Ce procès hors norme, impliquant 51 accusés âgés de 26 à 74 ans, dont 35 reconnaissent les actes tout en niant l’intention criminelle, repose en grande partie sur la question de la manipulation exercée par Dominique Pelicot. Les experts entendus lundi ont souligné la personnalité de l’accusé, décrivant un homme capable de « manipuler les autres à sa guise ». Face à l’ampleur de l’affaire, l’intérêt public ne cesse de croître, attirant un nombre important de journalistes et de spectateurs à Avignon.
Dominique Pelicot, qui a fait le choix de rendre cette affaire publique, souhaite que son histoire serve d’exemple à d’autres victimes de soumission chimique. Le silence pesant qui règne dans la salle lors de la description des faits en témoigne : ce procès, au-delà de sa dimension juridique, a profondément marqué l’opinion publique.
Le procès pourrait donc être suspendu le temps que Dominique Pelicot se rétablisse, mais l’ampleur de l’agenda fixé sur quatre mois laisse la possibilité de rattraper les séquences manquées. Une suspension qui, bien qu’inévitable, souligne l’importance pour la justice d’entendre toutes les parties dans ce procès d’une rare intensité.
Culture
Les descendants de Gustave Eiffel s’opposent au maintien des anneaux olympiques sur la tour Eiffel
Alors que la maire de Paris souhaite conserver les anneaux olympiques sur la tour Eiffel jusqu’aux Jeux de Los Angeles en 2028, les héritiers de Gustave Eiffel réaffirment leur désaccord. Ils proposent un transfert symbolique des anneaux à Los Angeles d’ici fin 2024.
L’installation des anneaux olympiques sur la tour Eiffel, symbole incontournable de Paris, suscite un vif débat entre la municipalité et les descendants de son créateur, Gustave Eiffel. L’Association des descendants de Gustave Eiffel (Adge) s’est à nouveau exprimée, dimanche, en réaffirmant sa ferme opposition à la volonté de la maire Anne Hidalgo de maintenir cette installation jusqu’en 2028, au-delà de l’échéance olympique parisienne de 2024.
Dans un communiqué, les descendants expriment leur satisfaction quant à la présence temporaire des anneaux durant les Jeux, mais insistent sur la nécessité de les retirer dès la fin de l’année olympique. En cause, une « altération substantielle » de l’esthétique et du symbole de la tour Eiffel, qu’ils jugent incompatible avec l’œuvre originelle de leur ancêtre. Selon eux, les anneaux, de par leur taille imposante et leurs couleurs vives, perturbent l’harmonie visuelle de ce monument iconique, modifiant ses formes épurées et symbolisant une rupture avec son histoire.
Cette prise de position s’inscrit dans un contexte de tensions avec la mairie, qui défend de son côté une démarche visant à prolonger l’esprit olympique à travers cette installation. Anne Hidalgo avait réitéré son souhait de voir les anneaux perdurer sur la tour Eiffel jusqu’aux Jeux de Los Angeles en 2028, insistant sur leur potentiel à renforcer le lien entre ces deux événements planétaires. Toutefois, ce projet a provoqué un tollé parmi les défenseurs du patrimoine parisien et les opposants politiques, arguant que la tour, patrimoine universel, ne doit pas devenir le support de symboles événementiels temporaires au-delà de son rôle dans les Jeux de Paris.
Les descendants d’Eiffel vont plus loin en suggérant une alternative à la prolongation des anneaux. Ils proposent que, tout comme la flamme olympique sera transmise à Los Angeles à la fin des Jeux de 2024, la Ville de Paris pourrait symboliquement transférer les anneaux à la cité californienne. Ce geste marquerait, selon eux, la clôture de l’année olympique et préserverait l’intégrité visuelle de la tour Eiffel tout en respectant la continuité symbolique des Jeux.
Soucieux de protéger l’héritage de Gustave Eiffel, les membres de l’Adge rappellent avoir consulté un cabinet juridique afin de défendre leur position. Pour eux, l’accrochage des anneaux ne relève pas seulement d’une question esthétique, mais touche également au symbole que représente la tour, monument synonyme de neutralité et de paix, dénué de toute association directe avec les Jeux olympiques au fil de son histoire.
Ce débat soulève des questions plus larges quant à l’utilisation des monuments historiques dans le cadre d’événements mondiaux. Si certains y voient une opportunité de rayonnement international, d’autres, comme les héritiers d’Eiffel, insistent sur la nécessité de préserver l’intégrité des œuvres architecturales majeures. Le dialogue entre la mairie de Paris et les représentants de Gustave Eiffel reste ouvert, dans l’espoir de trouver un compromis respectant à la fois l’esprit des Jeux et celui de la tour Eiffel, emblème éternel de la capitale française.
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