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Covid: face à la mort, une société nue

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Une funèbre litanie égrenée chaque soir, une déferlante d’images de malades intubés, de cercueils… Avec la pandémie de Covid, la mort s’est brutalement rappelée au souvenir d’une société habituée à la cacher et a bousculé les liens entre vivants et défunts.

Des experts interrogés tentent de comprendre ce qui se joue en coulisses de cette tragédie moderne.

Une épidémie sans mémoire ?

La pandémie interroge notre rapport à la mort de façon inédite et nous manquons de points de repères. Pour l’historienne Isabelle Séguy, le coronavirus a révélé une « forme d’oubli »: « Sous l’Ancien régime, les épidémies se succédaient suffisamment rapidement pour que les gens en gardent la mémoire. Puis il y a eu des générations et des générations sans épidémies ».

La grippe espagnole en 1918? « Les gens revenaient de quatre années de guerre et de barbarie, elle n’a pas provoqué de sentiment de peur comme l’avait fait la peste », observe cette spécialiste des épidémies.

La grippe de Hong Kong de 1968-1970? (30.000 morts) « En France, Pompidou n’avait même pas éprouvé le besoin de prendre la parole à la télévision! », se souvient Antoine Garapon, magistrat associé à l’institut « Covid Ad Memoriam », qui planche sur l’impact sociétal de la pandémie. « On était dans un tout autre rapport au temps, on était encore dans les Trente Glorieuses ».

Et le Sida? Le VIH s’attaquait à des jeunes, contrairement au SARS-CoV2. « Aujourd’hui, nous avons une représentation de la mort au grand âge, que le Covid amplifie. De ce point de vue, il bouleverse moins le rapport à la mort ordinaire », note la sociologue Gaëlle Clavandier, auteur de « La mort collective ».

Le déni jusqu’au paroxysme

« Cette pandémie est venue nous rappeler que nous étions tous vulnérables », analyse Sadek Beloucif, chef de service en anesthésie-réanimation à l’hôpital Avicenne de Bobigny. C’est nouveau, car « la mort a été progressivement évacuée de nos sociétés », poursuit le médecin, également associé aux travaux de Covid Ad Memoriam. « Quand j’étais petit, dans les années 1960, je voyais souvent de grandes tentures noires sur les immeubles en signe de deuil ».

Avant le Covid, notre société avait « basculé dans le rêve transhumaniste qui promettait de +tuer la mort+ », appuie le philosophe Eric Chevet, auteur de « La mort aujourd’hui ». S’en est suivi un « effacement progressif des symboles et rituels », qu’il nomme « déni symbolique ».

Tentés d’oublier la mort naturelle, nous n’étions donc pas préparés au pire, et rendus « hyper sensibles au tragique ». Lors de la première vague, le déni a été « poussé jusqu’au paroxysme avec l’impossibilité de participer aux cérémonies funéraires, ou d’accompagner les personnes en fin de vie », ajoute le philosophe.

La souffrance été d’autant plus vive que les proches n’ont pu accéder à l’hôpital, devenu aujourd’hui le principal lieu de décès, relève le sociologue Arnaud Esquerré.

La sidération

« Tout à coup, on a parlé que de ça », témoigne François Chauchot, psychiatre à l’hôpital Saint-Anne. Le virus a littéralement « envahi notre champ psychique et nos échanges. C’est la première fois qu’on parle autant de maladie, qu’on voit des images de malades intubés », remarque ce spécialiste du trouble panique.

Ce « raz-de-marée » sur la pathologie a provoqué chez ses patients « une sidération, une angoisse brute peu exprimable autrement que par +j’ai peur de mourir+, d’une maladie d’autant plus redoutée qu’on étouffe, et qui donne l’impression d’une infestation ».

« On ne pouvait plus penser autrement qu’en termes de risque de mourir, créant une impossibilité psychique de réfléchir, justement, à la mort », regrette-t-il. « Avancer que le coronavirus tuait essentiellement des personnes âgées n’était pas audible. Et c’était culpabilisant de se sentir responsable de la mort de son voisin ».

La peur a généré des mécanismes de défense, comme la recherche d’un coupable, ajoute le juriste Antoine Garapon, qui se dit « frappé par la vague de judiciarisation » survenue au printemps (procès contre le gouvernement, des médecins, des employeurs…). Il y voit le signe d’une société en « panique morale », qui attend de la justice qu’elle « confère un sens à la mort, parce qu’elle ne peut vivre sans un système d’interprétation du mal ».

La lassitude et l’espoir

Pourquoi la « grande faucheuse » fait-elle moins la Une en cette deuxième vague? « Avec le temps, nous nous sommes habitués aux chiffres de la mortalité parce qu’ils restent abstraits. La mathématisation fait écran », analyse Eric Chevet.

Ces chiffres ne sont « pas incarnés, il y a peu de visages associés, comme ça peut être le cas avec les attentats », remarque Gaëlle Clavandier. « Dans la plupart des situations de mort de masse –attentats, catastrophes– on est sur une temporalité réduite. Deux vagues successives, c’est inédit ».

La peur est aussi atténuée par les masques, une meilleure connaissance de la maladie et l’horizon d’un vaccin.

Le vocabulaire guerrier des pouvoirs publics a disparu, de même que les applaudissements au balcon. « Le premier confinement a provoqué un extraordinaire élan de solidarité (…). Aujourd’hui, on semble perdus, on n’arrive plus à trouver nos héros », avance Antoine Garapon.

La « fatigue psychique et le sentiment d’impuissance » ont succédé à l’angoisse, dit le Dr Chauchot. A l’image de ces grands-parents qui prennent le risque de voir leurs petits-enfants. « Pendant les années Sida, se rappelle le Dr Beloucif, certains avaient des rapports non protégés, par besoin de normalité ».

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Covid-19 : ce nouveau variant pourrait menacer les fêtes de Noël

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Covid-19 : ce nouveau variant pourrait menacer les fêtes de Noël

L’augmentation des cas relancée par cette nouvelle souche du virus selon les autorités sanitaires.

Un nouveau variant du Covid-19, baptisé JN.1 et appartenant à la même famille que l’Omicron, vient de faire son apparition en France, suscitant des inquiétudes à seulement trois semaines des festivités de Noël. Cette annonce relance l’attention des autorités sanitaires sur la situation épidémiologique du pays, à l’approche de la période festive.

Dans le dernier bulletin d’informations de Santé Publique France, une « poursuite de l’augmentation de la majorité des indicateurs » a été notée. Les prélèvements dans les eaux usées, réalisés dans douze stations à travers le pays, ont révélé une « forte augmentation (+24%) de la détection du SARS-CoV-2 » lors de la semaine du 27 novembre, indiquant ainsi une « circulation active du virus dans l’Hexagone ». De plus, dans les laboratoires, le taux de positivité a grimpé à 27,1%, soit une hausse de 2,8 points par rapport à la semaine précédente.

L’infectiologue Bruno Lina a partagé avec nos confrères son observation selon laquelle « ce lignage est en train de remplacer tous les autres, de façon lente mais durable. On a 50% des virus détectés en France qui appartiennent à ce lignage ». Bien que ce nouveau variant ne soit pas réputé plus dangereux que ses prédécesseurs, il est « très probablement responsable de l’augmentation des cas », a-t-il affirmé.

Cette résurgence du Covid-19 survient en pleine saison des maladies respiratoires, le SARS-CoV-2 se classant désormais comme le deuxième virus le plus détecté en France, devançant le VRS (virus de la bronchiolite) et se plaçant derrière les rhinovirus. Par ailleurs, quatre régions françaises ont récemment basculé en phase pré-épidémique de grippe : la Bourgogne-Franche-Comté, le Centre-Val de Loire, le Grand-Est et la Guyane.

Pour prévenir la propagation du virus avant les fêtes, il est recommandé de réinstaurer les pratiques des gestes barrières, qui sont efficaces non seulement contre le Covid-19, mais également contre d’autres maladies respiratoires. Il est conseillé de porter un masque en cas de symptômes ou en présence de personnes vulnérables, de se laver régulièrement les mains, et d’aérer les espaces clos pendant au moins cinq minutes pour éviter une exposition prolongée au froid.

Bruno Lina a également souligné l’importance de la vaccination contre le Covid-19, expliquant que « la vaccination protège à la fois collectivement et individuellement en réduisant le risque d’infection et en atténuant les symptômes en cas d’infection ». Il a ajouté que le vaccin a été adapté pour répondre au variant XBB 1.5, étroitement lié au JN.1, et que les essais ont confirmé son efficacité contre le JN.1 ainsi que contre l’autre variant prédominant, l’EG.5, en décroissance.

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Covid-19 : 72 personnes indemnisées pour des effets secondaires

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Covid-19 : 72 personnes indemnisées pour des effets secondaires

La plupart des indemnisations sont liées à des cas de myocardites et de péricardites post-vaccination, selon un rapport présenté au Sénat.

L’organisme national d’indemnisation des accidents médicaux (Oniam) a déclaré que 72 personnes ont été indemnisées pour les effets secondaires de la vaccination contre le COVID-19, principalement pour des cas de myocardites et de péricardites. Ces informations ont été dévoilées ce mercredi au Sénat, deux ans après le début de la campagne de vaccination.

Au 30 juin, l’Oniam a tranché sur le droit à l’indemnisation dans 241 dossiers de troubles post-vaccination, dont 30% ont abouti à une indemnisation, a expliqué François Toujas, candidat à la présidence de l’Oniam, devant la commission des Affaires sociales du Sénat.

Le nombre total de demandes d’indemnisation amiable pour des problèmes de santé post-vaccination s’élève à 1.020, dont 768 sont toujours en cours d’examen. Ces demandes concernent majoritairement le vaccin Pfizer, suivi des vaccins Moderna, AstraZeneca, et Janssen.

Les demandes d’indemnisation les plus courantes concernent les inflammations du cœur (211 dossiers), les troubles neurologiques (196 dossiers), les AVC/thromboses/embolies pulmonaires (129 dossiers), les troubles articulaires (91 dossiers), les troubles auditifs (67 dossiers) et les troubles dermatologiques (31 dossiers). Selon François Toujas, ces dossiers seront un sujet majeur pour l’Oniam dans les années à venir.

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Le COVID-19 n’est plus une urgence sanitaire mondiale d’après l’OMS

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Le COVID-19 n'est plus une urgence sanitaire mondiale d'après l'OMS

Le patron de l’Organisation mondiale de la Santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a estimé ce vendredi 5 mai que le coronavirus «n’est plus une urgence sanitaire de portée internationale».

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré la fin de l’état d’urgence sanitaire de portée internationale lié au Covid-19, le vendredi 5 mai. Cette annonce met fin à plus de trois ans de niveau maximal d’alerte mondiale face à la menace sanitaire que représentait le virus. Cependant, le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a précisé que le virus n’est pas éradiqué et reste une menace pour la santé publique mondiale.

Dr Tedros a souligné qu’il y a encore des millions de personnes infectées ou réinfectées par le SARS-CoV-2 et que des milliers de personnes en meurent chaque semaine. Il a averti que le virus est là pour durer et qu’il continue de tuer. Même si la levée de l’état d’urgence sanitaire de portée internationale est une étape importante dans la lutte contre le Covid-19, il est important de rester vigilant face à la propagation du virus.

Cette annonce intervient plus de trois ans après que l’OMS ait décrété un état d’urgence sanitaire mondial face à un mystérieux virus apparu en Chine et s’étant rapidement propagé à travers le monde, semant le chaos et faisant des millions de morts. Les gouvernements et les organisations internationales ont travaillé ensemble pour faire face à cette crise sanitaire sans précédent, en développant des vaccins efficaces et en mettant en place des mesures de prévention et de contrôle.

L’OMS a appelé les gouvernements du monde entier à continuer à prendre des mesures pour lutter contre la propagation du virus, notamment en mettant en œuvre des campagnes de vaccination, en renforçant les systèmes de santé et en encourageant la distanciation sociale et le port de masques. Bien que la fin de l’état d’urgence sanitaire mondial soit une étape importante, la lutte contre le Covid-19 continue.

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