Les deux puissances s’affrontent par mots interposés sur le contrôle de cette voie maritime cruciale, tandis que Washington accuse Pékin d’ingérence dans la région.
La rivalité sino-américaine s’est récemment intensifiée autour du canal de Panama, point névralgique du commerce mondial. Lors d’une conférence sur la sécurité en Amérique centrale, le chef du Pentagone a mis en garde contre l’influence grandissante de la Chine dans la zone, qualifiant ses activités de « menaçantes » pour la stabilité régionale. Il a notamment pointé du doigt les investissements chinois dans des infrastructures stratégiques, susceptibles selon lui de servir des objectifs militaires.
Pékin a vivement rejeté ces accusations, dénonçant des propos « infondés et malveillants ». Les autorités chinoises ont réaffirmé leur respect pour la souveraineté panaméenne, niant toute tentative de contrôle sur le canal. L’ambassade de Chine sur place a même accusé Washington de pratiquer un « chantage économique » et de chercher à imposer sa domination dans la région.
L’enjeu dépasse les simples déclarations diplomatiques. Les deux géants sont les principaux utilisateurs de cette voie maritime, qui concentre près de 5 % du trafic mondial. Un contentieux oppose notamment les États-Unis à un groupe hongkongais, détenteur de concessions portuaires aux deux extrémités du canal. Une vente à un consortium américain est en suspens, bloquée par une enquête des régulateurs chinois.
Dans ce contexte, le Panama se retrouve au cœur d’une bataille d’influence. Le gouvernement local a récemment annoncé la fin de sa participation aux « Nouvelles routes de la soie », un programme phare de Pékin, suscitant l’approbation de Washington. Cette décision, perçue comme un alignement sur les positions américaines, a provoqué des manifestations anti-États-Unis dans les rues de la capitale.
Alors que les tensions persistent, la question de la souveraineté sur le canal reste sensible. Les États-Unis, qui en ont transféré la gestion au Panama en 1999, continuent de le considérer comme un intérêt stratégique vital. La Chine, quant à elle, voit dans ces accusations une tentative de limiter son expansion économique en Amérique latine. Le bras de fer diplomatique semble loin de s’apaiser.