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Au procès de l’Hyper Cacher, la « haine » des juifs et l’impossible pardon des familles

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« Pourquoi cette méchanceté gratuite, cette haine? » Au procès de l’attentat contre l’Hyper Cacher, les proches des victimes, tuées « sauvagement » parce que juives, ont exprimé mardi aux assises de Paris leur « colère » et leur « peur de l’avenir ».

Rester ou partir? Cinq ans et demi après la prise d’otages d’Amédy Coulibaly au magasin casher de la porte de Vincennes, qui a fait quatre morts, proches et survivants font le même constat: « c’est difficile d’être juif en France », même si « la France soutient les juifs ».

Certains sont restés en France, malgré la « peur » qui les tiraille au quotidien. D’autres sont partis vivre en Israël, jugé « plus sûr ». Seule une partie d’entre est venue témoigner devant la cour d’assises spéciale.

Valérie Braham, veuve de Philippe Braham, un client du magasin tué par Coulibaly après avoir donné son patronyme, en fait partie. J’avais « besoin de parler de mon mari », un homme « très droit » et « respectueux », explique-t-elle.

« Je suis devenue veuve à 39 ans et j’ai peur qu’il m’arrive malheur », poursuit en sanglots cette mère de trois jeunes enfants. « Je ne sais pas ce que je vais leur raconter plus tard. Ils savent que c’est un méchant qui a tué papa, mais ils ne comprennent pas pourquoi: papa c’était le plus gentil du monde », raconte Mme Braham, silhouette svelte et longs cheveux noirs.

Ce vendredi 9 janvier 2015, Coulibaly a abattu en un quart d’heure un employé de 20 ans, Yohan Cohen, et trois clients du magasin casher, Philippe Braham, Michel Saada et Yoav Hattab, venus faire des courses pour Shabbat.

Ils « ont été assassinés, tellement sauvagement, seulement parce qu’ils étaient juifs, et c’est inexcusable », témoigne l’ex-caissière du magasin, Zarie Sibony. Partie vivre en Israël après l’attaque, elle tenait à témoigner car « il est hors de question que les gens nous oublient ».

Ce départ pour Israël, Michel Saada s’y préparait début 2015, et il devait être « définitif » en dépit d’un « amour viscéral » pour la France, confie sa soeur. « Il disait +on ne peut plus rester en France quand on est juif+ et cette phrase elle revient sans cesse », ajoute-t-elle d’une voix très faible.

« Fier d’être républicain », Michel Saada était aussi « très lucide sur la menace antisémite » en France et en Europe, souligne sa soeur cadette, qui a expliqué à la cour avoir longuement hésité à se constituer partie civile après cette « épreuve » qui a « fracassé » sa famille « en mille morceaux ».

Pas de « pardon »

Pendant les « quatre heures et quatre minutes » de la sanglante prise d’otages, Amédy Coulibaly a affirmé agir « en équipe » avec les frères Saïd et Chérif Kouachi, auteurs de l’attentat perpétré deux jours plus tôt contre Charlie Hebdo, et comptait « mourir en martyr ».

Il a également dit agir au nom du groupe Etat islamique, évoqué les « guerres » menées par la France « contre le califat » ou encore la Palestine.

« Alors oui, il y a des conflits entre pays, mais moi je n’y suis pour rien, mon mari n’y était pour rien! Moi, je suis en colère et je ne pardonnerai jamais », lâche Valérie Braham.

Pas de « pardon » non plus pour Eric Cohen, le père du jeune Yohan, première victime d’Amédy Coulibaly lors de la prise d’otages.

« C’est pas possible d’enlever la vie à un enfant de 20 ans! Pourquoi cette méchanceté gratuite, pourquoi cette haine du juif? », s’emporte M. Cohen, se refusant à regarder les accusés, répartis dans les box vitrés.

Ces derniers sont jugés pour leur soutien logistique présumé aux auteurs des attentats, qui ont fait au total 17 morts. Certains d’entre eux connaissaient Coulibaly, qu’ils avaient côtoyé en prison ou dans sa ville natale de Grigny, dans l’Essonne.

« Quand vous avez perdu votre fils, c’est très difficile de se contenir », se justifie Eric Cohen, parti lui aussi vivre en Israël après les attentats. Aujourd’hui, il a « peur pour (sa) fille », « revenue en France pour raisons professionnelles ».

Cette « haine », le père de Yoav Hattab, un étudiant tunisien tué à l’âge de 21 ans alors qu’il tentait de s’emparer d’une des armes de Coulibaly, « n’arrive pas à (la) comprendre » lui non plus. A Tunis, le 9 janvier 2015, « la communauté musulmane a pleuré avec moi, ce sont mes frères », rappelle le rabbin Hattab.

Les auditions des proches des victimes de l’attaque se poursuivent mercredi.

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Société

Paris 2024: à 24H de la fête officielle, une « contre-cérémonie » pour les plus pauvres

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Paris 2024: à 24H de la fête officielle, une "contre-cérémonie" pour les plus pauvres

Plusieurs centaines de personnes étaient rassemblées jeudi en fin de journée à Paris, à l’appel de 72 organisations, pour dénoncer les « conséquences sociales » sur « les plus précaires » des Jeux olympiques qui s’ouvrent vendredi soir.

À la veille de l’ouverture officielle des Jeux olympiques de Paris 2024, environ 300 personnes se sont réunies place de la République pour protester contre les effets néfastes de l’événement sur les populations les plus vulnérables. Sous la banderole « JO de l’exclusion: 12.500 personnes expulsées – le revers de la médaille – #nettoyage social », les manifestants, issus de diverses organisations telles que Solidaires, Saccage2024, Attac France et Youth for Climate, ont exprimé leur mécontentement.

Arthur, membre de Saccage2024, a critiqué les JO en déclarant qu’ils ne profitent ni aux habitants ni aux travailleurs, mais uniquement aux promoteurs et sponsors. Nicolas, militant de Greenpeace, a dénoncé l’ignorance des crises écologique et sociale par les organisateurs, pointant du doigt Coca Cola comme étant le plus grand pollueur plastique mondial.

Le syndicat Solidaires a également publié un communiqué fustigeant la surexploitation des travailleurs, l’abus de bénévolat, les menaces contre le droit de grève, la destruction de l’environnement et la perte de logements, obligeant les personnes sans-abri à se déplacer.

Les associations présentes ont également souligné l’augmentation des démantèlements de campements illégaux peuplés majoritairement de migrants autour de Paris à l’approche des Jeux. Ginevra Caterino, coordinatrice de Watizat, a alerté sur l’impact négatif de ces expulsions sur la santé mentale des personnes concernées.

Le collectif Le Revers de la médaille a dénoncé un « sprint final du nettoyage social » avant la cérémonie d’ouverture des Jeux, prévue vendredi après-midi. Yann Manzi, fondateur d’Utopia 56, a réclamé que les fonds dépensés pour des projets comme le nettoyage de la Seine soient redirigés vers l’hébergement des plus vulnérables.

En parallèle, des manifestations sur la place de la République ont également abordé des questions politiques, avec des slogans contre la complicité de Macron avec Israël et des contre-manifestations dénonçant l’antisémitisme.

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EDF : Record de bénéfice net à 7 milliards d’euros, une hausse de 21% au premier semestre

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EDF : Record de bénéfice net à 7 milliards d'euros, une hausse de 21% au premier semestre

EDF a amélioré son bénéfice net de 21% à 7 milliards d’euros au premier semestre, fort du redressement de la production nucléaire et hydraulique, mais s’attend à ce que la baisse des prix de l’électricité sur les marchés pèse sur ses résultats à la fin de l’année.

EDF a enregistré une hausse record de 21% de son bénéfice net, atteignant 7 milliards d’euros au premier semestre. Cette performance est attribuée à l’augmentation de la production nucléaire et hydraulique, signe des efforts importants des équipes d’EDF pour restaurer une production électrique élevée, selon le PDG Luc Rémont.

En France, la production nucléaire a progressé de 19,4 térawattheures (TWh) pour atteindre 177,4 TWh. EDF prévoit que la production nucléaire en 2024 atteindra le haut de la fourchette estimée de 315-345 TWh, et confirme les prévisions pour 2025 et 2026 à 335-365 TWh.

Le groupe a surmonté une année difficile en 2022, marquée par des problèmes de corrosion dans ses centrales et une baisse de production nucléaire, clôturant 2023 avec un bénéfice net de 10 milliards d’euros. En 2022, EDF avait été contraint de vendre de l’électricité à prix réduit à ses concurrents, ce qui l’avait empêché de profiter de la hausse des prix. Cette restriction n’a pas été reconduite en 2023, permettant à EDF de tirer parti des prix élevés de l’électricité.

Cependant, la tendance s’inverse avec une baisse rapide des prix sur les marchés, ce qui devrait affecter négativement la rentabilité d’EDF au second semestre 2024. Le groupe anticipe un recul significatif de l’Ebitda par rapport à l’année précédente, en raison de cette baisse des prix. Luc Rémont a souligné la nécessité pour EDF d’anticiper cette baisse en mettant en œuvre des mesures de transformation et de performance économique pour maintenir une capacité de financement suffisante pour les investissements dans la transition énergétique.

EDF, toujours lourdement endetté à hauteur de 54,2 milliards d’euros, doit gérer des défis industriels et financiers majeurs, nécessitant environ 25 milliards d’euros d’investissements annuels. En plus de la gestion de son parc vieillissant, EDF doit financer la construction de nouveaux réacteurs, l’essor de sa production éolienne et solaire, et a récemment inscrit une provision de 3,3 milliards d’euros pour l’entreposage des combustibles usés.

Le groupe met actuellement la dernière touche aux opérations de démarrage de son réacteur de nouvelle génération EPR à Flamanville, avec une première réaction nucléaire imminente et une connexion au réseau prévue quelques semaines après. EDF mise sur son plan « Ambitions 2035 » pour accompagner les clients dans la réduction de leur empreinte carbone, produire plus d’électricité décarbonée, développer les réseaux et accélérer sur les solutions de flexibilité pour répondre aux besoins du système électrique.

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France

La SNCF victime d’une « attaque massive » sur son réseau, le trafic fortement perturbé

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La SNCF victime d’une "attaque massive" sur son réseau, le trafic fortement perturbé

La circulation des TGV est particulièrement perturbée, notamment à Paris. Cela serait dû à « plusieurs actes de malveillance concomitants », rapporte la SNCF, dont des incendies à proximité des lignes à grande vitesse. Selon le PDG de la SNCF, 800 000 personnes sont affectées par ces sabotages.

À quelques heures de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques, le trafic ferroviaire à Paris connaît de fortes perturbations. La nuit précédente, plusieurs actes de vandalisme ont ciblé les lignes à grande vitesse (LGV) Atlantique, Nord et Est, causant des incendies volontaires et des coupures de câbles. La SNCF a précisé que ses équipes sont déjà mobilisées pour effectuer les réparations nécessaires.

Les perturbations ont principalement touché la gare Montparnasse, où un incendie à Courtalain (Eure-et-Loir) a entraîné des retards sur les trains à destination de Toulouse, Hendaye, Brest et Quimper. Le service vers la Bretagne et le Pays de la Loire est réduit à trois trains par heure et par sens, tandis que l’Aquitaine n’en compte que deux. À la gare du Nord, un train Paris-Lille a été annulé, et les trains Eurostar ont accumulé une heure de retard. La gare de l’Est a également été impactée, avec des retards de 1h30 pour les destinations vers Strasbourg, Nancy et Metz.

Face à ces difficultés, la SNCF a recommandé aux voyageurs de reporter leurs déplacements et a assuré que tous les billets seraient échangeables et remboursables. La ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, a condamné ces actes de sabotage, les qualifiant de « consternants » et soulignant que « jouer contre les Jeux, c’est jouer contre la France ». Le PDG de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, a estimé que 800 000 clients étaient touchés par ces incidents. Gabriel Attal, sur Twitter, a également condamné ces actes et exprimé sa solidarité avec les voyageurs affectés.

Ces actes de malveillance surviennent à un moment critique, perturbant non seulement le trafic ferroviaire, mais aussi l’esprit de célébration et de rassemblement des Jeux olympiques. Les autorités et la SNCF travaillent sans relâche pour rétablir le service normal et assurer la sécurité des voyageurs.

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